Ch'a Pom-sôk
SAWÔL – Tu crois que c'est une faute d'avoir aimé le même homme?
CHOMLYE – (se retenant de montrer sa douleur) Ce n'est pas une petite faute. En plus, c'est un homme recherché, qu'on a caché jusqu'à maintenant. Ah ! Qu'est-ce qu'on peut faire ? Je n'en sais plus rien. (elle pleure)
SAWÔL – (lançant un regard dur) Si tu ne le sais pas, qui pourrait le savoir ?
CHOMLYE – Quand l'armée nationale viendra cerner cette montagne, ce ne sera qu'une question de temps avant qu'ils le prennent.
SAWÔL – Tu crois ? C'est sûr ?
CHOMLYE – Le bruit court que, pour exterminer les rouges qui sont cachés dans la montagne, on va tout incendier.
SAWÔL – Incendier ?
CHOMLYE – Il paraît que les avions balayent pour chercher ceux qui sont dans les montagnes. Il aurait dû se rendre dès le début, comme je le lui avait conseillé.
SAWÔL – Tu veux dire que c'est de ma faute s'il ne l'a pas fait ?
CHOMLYE – On ne peut pas dire non plus que tu n'y es pour rien.
SAWÔL – C'est maintenant que tu le dis ? Hein ? C'est moi qui l'ai mis dans cette situation ?
CHOMLYE – Oui. A l'époque, si toi, tu avais fermé les yeux, nous aurions pu nous rendre et nous serions partis loin d'ici. Mais toi, tu voulais à tous prix...
SAWÔL – Tais-toi ! Tu en as profité jusqu'au bout et, maintenant tu veux me rendre coupable ? Si toi tu l'aimes, eh bien moi aussi, c'est la même chose. Je suis veuve, tout comme toi. Nous sommes des femmes qui ont vécu deux ans sans mari. Maintenant, à quoi bon nous juger !
CHOMLYE – Mais si on reste comme ça, on va tous mourir.
SAWÔL – Qu'est-ce qu'on peut faire ?
CHOMLYE – Si on fuyait tous les trois ensemble ?
SAWÔL – Et après ?
CHOMLYE – (bouche bée)
SAWÔL – Tu ne veux pas dire que tu veux qu'on vive jusqu'à la fin de nos jour tous les trois ensemble ?
CHOMLYE – Ca c'est... Bien sûr que non. Comment tous les trois...
SAWÔL – Alors, comment on va s'en sortir... Avec ce ventre qui commence à s'arrondir...
L'Incendie dans la montagne (acte IV)
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