Kim Kwang Kiu

Kim Kwang-kyu 김광규 naît le 7 janvier 1941 à Séoul. Il étudie l’allemand et la littérature allemande à l’Université de Séoul. De 1972 à 1974, il étudie ensuite à Munich en Bavière (Allemagne) et délivre une thèse de doctorat sur Günter Eich. Dans les années 80, il enseigne l’allemand à l’université Hanyang à Séoul et traduit des poèmes allemands en particulier ceux de Bertolt Brecht, Heinrich Heine et Günter Eich. Depuis son retour d’Allemagne, en 1979, il est poète (à 38 ans, il est considéré comme poète tardif), il reçoit de nombreux prix littéraires et ses poèmes sont traduits en allemand, en anglais, en japonais et en espagnol.


« Des poissons bossus

vivent dans le Han

pondent des alevins bossus

qui halètent à bout de souffle

qui ne sortent pas des égouts de Séoul

qui ne rejoignent pas la mer

Un coin impossible à quitter

un coin impossible à rejoindre

est-ce là le pays natal ? »

(Pays natal, p. 35).


« Les matins d’automne

les faisans criaillent

des poules faisanes

à la tête de leurs faisandeaux

descendent de la colline

vers la décharge

picorent

germes de soja et miettes d’anchois »

(extrait de Faisans de Séoul, p. 85).


« Qui ne l’a su

ce que chacun éprouvait

ce que chacun vivait

qui ne l’a su

à l’époque tous

le savaient

faisaient comme si

et ce que

pas un ne pouvait dire

pas un ne pouvait écrire

cela a été transmis avec

notre propre langue

notre propre vocabulaire

qui ne l’a su

alors aujourd’hui

n’en parlez pas à la légère

pensez-y

à l’époque

que faisiez-vous ? »

(À l’époque, p. 109)


« Pouf ! pouf ! le lapin qui bondissait

agonise dans un sous-marin

les panthères plus rapides que les chevreuils

sont en voie de disparition

hier et aujourd’hui

comme d’habitude

la tortue

cric croc ! va encore crapahuter dix mille ans

et qui lui reprochera sa lenteur ? »

(La tortue, p. 191)


« Chemin parsemé de feuilles de chêne

devant le portail du temple

un jeune bonze

sous une bâche de plastique

mange une brochette de pâte de poisson

avale gloutonnement toute la soupe

tel un soldat de retour à la caserne

la froidure arrive tôt dans la montagne

l’hiver ne fait pas peur mais

force et vigueur sont nécessaires

pour pratiquer la méditation »

(Devant le portail du temple, p. 209)


Le pays de la brume

Au pays de la brume

toujours couvert d'une épaisse brume

rien jamais ne se passe


Et si quelque chose se passe

on ne voit rien

à cause de la brume


Quand on vit dans la brume

on s'habitue à la brume

et on n'essaie plus de voir


Au pays de la brume

il ne faut pas tenter de voir

mais d'entendre


On ne peut vivre sans entendre

sans que les oreilles n'allongent


Au pays de la brume

les gens ressemblent à des lapins

avec leurs oreilles de blanche brume.


Voici ce même poème dit en coréen par l'auteur, et traduit en anglais :(5) Vidéo | Facebook


 

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