Lee Seung U
Lee
Seung-U, né à Jangheung en 1959, passe son adolescence à Séoul.
Tenté par la religion, il poursuit des études supérieures au
Collège de théologie Yonsei de Séoul.
Il
commence comme journaliste pour une revue protestante avant de
devenir écrivain à plein temps. Depuis 2001, il enseigne la
littérature coréenne et l'art d'écrire à l'Université de Chosun
en Corée du Sud.
Il
a publié sa première nouvelle, "Portrait d'Erysichton",
inspirée de la tentative d'assassinat du pape Jean-Paul II, en 1981.
Il reçut pour cet ouvrage le prix du Nouvel écrivain, décerné par
la revue mensuelle Littérature coréenne.
Ses
livres suivants se verront à leur tour récompensés par divers
prix, comme le prix littéraire Daesan en 1993 pour son roman
"L'envers de la vie" et le Prix littéraire Dong-in pour
"Le Chant de la terre".
Majeure
et unique dans la littérature coréenne contemporaine, sa voie est
celle de l'intranquillité.
Les gens ne savent pas ce qu'il y a chez eux
Depuis des années, ma sœur prétendait des pas dans sa maison. Nous avions tout envisagé, y compris un séjour en hôpital psychiatrique.
Et puis un jour, elle m'appela d'urgence. J'ai sauté dans un taxi. Un accident était-il survenu ? Dans la voiture, je ne cessais de secouer la tête pour tenter de chasser l'anxiété qui me taraudait.
Le portail était grand ouvert. La porte d'entrée aussi. Dans le salon se trouvaient trois personnes : l'agent immobilier, ma sœur et un inconnu. L'homme avait le visage labouré de rides. C'est l'agent immobilier qui parlait :
Vous vous souvenez, je vous ai parlé de la dame qui a fait construire cette maison. Or cette dame avait un fils. Il a consacré dix années de sa vie à gagner de l'argent pour racheter cette maison ; il a été matelot, ouvrier sur des chantiers à l'étranger, il ne s'est jamais marié pour faire des économies. Cet homme avait quitté la maison alors qu'il était encore jeune. Sa mère l'avait attendu jusqu'aux tout derniers moments de sa vie. Elle était morte sans l'avoir revu. Il dit que sa mère l'attend ici, qu'elle n'a jamais cessé de l'attendre jusqu'à son dernier souffle, et qu'elle l'attend encore même après sa mort. Il ne peut ignorer l'appel maternel... il lui faut racheter cette maison...
J'allais objecter que ce n'était pas si simple, que ma sœur s'était maintenant habituée à cette maison, que son mari travaillait en ce moment à l'autre bout du pays... Cependant, silencieuse jusque là, les yeux plantés sur l'inconnu, ma sœur a fini par ouvrir la bouche :
Vous avez raison, votre mère vous a attendu de son vivant, elle vous attend depuis sa mort, je l'ai entendu souvent marcher, vous êtes le vrai propriétaire de cette maison.
Elle a même esquissé un sourire. Elle semblait toute émue de découvrir la personne qui habitait avec elle chez elle, qui marchait, respirait, parlait. Je lisais dans son regard profond et vide à la fois qu'il y avait une autre personne, là dans la pièce.
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