Yun Dae-nyeong
Ce printemps-là, un vieux moine rencontré sur le bateau qui nous emmenait de Tongyeong à Jeju m’avait assuré qu’en prenant de l’âge, il fallait de temps en temps purifier son âme. C’était pour cette raison qu’il traversait la mer, sans destination précise. Je revenais quant à moi de Jinhae où j’avais été admirer les cerisiers en fleur. Quand je lui avais demandé ce qu’il voulait dire par « purifier », il avait tendu le doigt vers le bout rouge de la cigarette qui se consumait dans ma main, à côté d’une bouteille de soju vide. Puis, en souriant avec embarras, il avait ajouté que j’aurais à le faire une fois encore, avant de mourir.
Je ne sais pas si tu t’en rappelleras de suite. La dernière fois que je t’ai vu, c’était pour l’enterrement de ton grand-père. Il y a déjà trente ans de ça, alors on en perd le compte. À l’époque, tu étais collégien et tu portais un uniforme noir et les cheveux coupés à ras. Tu n’as pas versé une larme pour ce grand-père qui te faisait asseoir sur ses genoux, jusqu’à ce que tu sois grandet. Assis sur le maru des hommes, tu avalais ton bol de riz et de soupe avec un air de chèvre hargneuse. Dans mon souvenir, c’est comme ça que je te revois. Dire que tu as la quarantaine ! Le temps est vraiment comme un méchant vieux à la figure toute pleine d’emplâtre !
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