Conte de Corée

Devenir gouverneur avec un demi grain de riz

Il était une fois un jeune bossu idiot, dans un village reculé, qui voulu se présenter au concours pour être gouverneur. Sa mère lui dit:

  • Quoi, un idiot comme toi ! Un illetré ! Et sans argent comment veux-tu aller jusqu'à Séoul ?

  • Ne t'inquiète pas. En guise d'argent, accordez-moi la moitié d'un grain de riz.

Elle lui donne ce qu'il demande, et il s'en va à pied. Après un bon bout de chemin, la nuit tombe. Il entre dans une auberge.

  • Patron, écoutez-moi. Gardez bien ce demi grain pendant la nuit. Il est précieux.

  • Drôle de bonhomme que vous êtes. Je n'ai jamais vu quiconque me confier la moitié d'un grain de riz !

Le maître accepte toutefois de garder le demi grain. Le lendemain, éclate un événement grave : un rat a mangé le demi grain.

  • Quoi ! Ce grain était pour moi plus précieux que ma vie ! Attrapez-moi ce rat !

Aussitôt on fait le nécessaire. Le bossu se remet en route avec le rat. La nuit suivante, il arrive dans une autre auberge.

  • Ecoutez, patron. Je vous confie ce rat pendant la nuit. Il est précieux.

  • Je n'ai jamais vu quelqu'un voyager avec un rat !

En rigolant, le patron accepte le rat. Le lendemain, événement grave : le chat de l'auberge a mangé le rat.

  • Vous en étiez responsable ! Pour me dédommager, donnez-moi le chat.

Le bossu se remet en route avec le chat. Après une journée de marche, il trouve une auberge.

  • Ecoutez, patron. Je vous confie ce chat pendant la nuit. Il est précieux.

  • Pourquoi s'embarrasse-t-il d'un chat pour aller à la capitale ?

Néanmoins, le maître garde le chat. Le lendemain, un événement grave : pendant la nuit, l'âne de l'auberge a marché sur le chat et l'a tué.

  • Vous en étiez responsable ! Pour me dédommager, s'il a tué mon chat, donnez-moi cet âne.

Après avoir hésité un moment, le patron accepte, et le bossu reprend sa route jusqu'à une prochain auberge.

  • Ecoutez, patron. Je vous confie cet âne pendant la nuit. Il est précieux.

  • Oui ! Ne vous inquiétez pas. Je l'installerai dans l'étable à côté du bœuf.

Un événement grave survient le lendemain : pendant la nuit, l'âne et le bœuf se sont battus. Le bœuf a trucidé l'âne avec ses cornes.

  • Vous en étiez responsable ! Pour me dédommager, s'il a tué mon âne, donnez-moi ce boeuf.

Le patron lui donne son bœuf à grand regret. Le jour suivant, le bossu arrive enfin à Séoul. Il va voir le marchand de bœufs.

  • Ecoutez, patron. Je vous confie ce boeuf pendant la nuit. Il est précieux.

  • Ne vous inquiétez pas. Je peux le garder, même plusieurs jours.

Mais un événement grave se produit le lendemain. Il se trouve que le bœuf a été vendu, par erreur, par le fils du marchand.

  • Vous en étiez responsable ! Si vous ne pouvez pas retrouver ce bœuf, faites de moi ce que vous voulez, car je suis mort sans ce bœuf.

Le bossu pousse des cris épouvantables. Le maquignon ne sait que faire. L'acheteur de ce bœuf était un ministre. Le bossu et le maquignon vont le voir, mais c'est trop tard. On avait abattu le bœuf pour le sacrifier aux ancêtres.

  • Rendez-le moi ! Vite ! Rendez-le moi ! crie le bossu.

Le ministre transpire de gêne sans savoir quoi faire.

  • Bien ! On va arranger ça. J'ai une fille nubile. Ne voulez-vous pas l'épouser plutôt que de réclamer le bœuf ?

  • Bien, c'est bon pour moi.

En fin de compte, le bossu, parti avec la moitié d'un grain de riz, devient d'un seul coup gendre du ministre et gouverneur de Kyönsang. Il rejoint son poste dans la semaine, dit-on.


 

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