Western bédouin en Jordanie
Un
western bédouin, plutôt un «eastern», puisque l'histoire de ce
film se déroule sur les lieux de la révolte arabe, sans doute dans
le Hedjaz, entre la future Jordanie et l'actuelle Arabie, en 1916.
Mais ici on est loin de la stratégie, loin du Proche-Orient
compliqué.
C'est
une histoire d'hommes – il n'y a pas une femme dans le
film – qui se croisent, qui voyagent, qui se battent, qui
tentent de survivre dans un univers grandiose et difficile.
Le
film n’est pas politique et la guerre de l’indépendance arabe ne
sert que de cadre lointain à l’histoire. C’est un western qui se
déroule dans les sables jordaniens. Un western avec les codes du
western. Une histoire de meurtre, de bandits. Mais ici, les chevaux
sont remplacés par des dromadaires et l’eau est rare.
Le
héros, Theeb, est un jeune bédouin de 10 ans. Il suit son frère
qui doit amener en 1916 un officier anglais vers une destination
inconnue sur la route de La Mecque. En cours de route, la petite
troupe est attaquée par des bandits. S’en suit un tête-à-tête
entre le jeune homme et un des voleurs, dans une nature grandiose
faite de falaises immenses et de mers de sable, où la violence
apparaît incongrue.
En
arabe, Theeb veut
dire loup (prononcer Theeb à l’anglaise). «Le
loup est un animal très important dans la culture bédouine. Il
s’agit d’une créature ambiguë, à la fois admirée et crainte,
aussi bien amie qu’ennemie»,
explique le réalisateur Naji Abu Nowar, né au Royaume-Uni, qui
signe là son premier long métrage. Avec un tel prénom, le jeune
Theeb doit faire honneur à la volonté de son père… d’où le
sous-titre du film La
naissance d’un chef.
Le
film est une vraie plongée dans le monde bédouin. Les habitants du
désert ont d’ailleurs participé au tournage, comme acteurs, mais
aussi comme habitants des lieux de tournage. «Tous
les membres de l’équipe ont dû prendre connaissance des usages et
des coutumes les plus importants de la culture bédouine», précise
le cinéaste.
C’est
sans doute cette immersion dans le désert auprès des bédouins qui
donne son aspect réaliste au film entièrement tourné en extérieur.
Les 1h40 plongent le spectateur dans la dureté et la poésie de
l’univers désertique.
Derrière
l’Histoire, le western
Le
film offre une sorte de contre-plongée au film de David Lean qui
héroïse la vie de Lawrence. Dans Theeb,
l'Histoire fait son apparition avec l’officier anglais qui ne peut
être qu’un collaborateur de Lawrence et avec les rails du train
qui traverse le désert. Chemin de fer que les bédouins appellent
«âne d’acier». Mais aussi avec le fort Turc qui marque la
présence ottomane. Une attaque de train est aussi
évoquée.
Theeb, c'est
le moment où la petite histoire rencontre la grande.
Commentaires
Enregistrer un commentaire