le baise-main


 Faut dire que je lui avais rendu un sacré service. Elle n'avait pas de place pour le concert de Beyoncé et j'en avais deux, du coup que ma copine n'avait pas pu venir, rapport à ce que ses parents faisaient la gueule parce que nous fricotions ensemble. Ouais, moi, je lui ai dit, encore une coup comme ça, et je te largue. Comme elle s'est mise à chialer, je me suis radoucis : encore un coup ou deux comme ça, et je te plaque.

Mais la femme du concert, elle voulait être reconnaissable, enfin reconnaissante, je veux dire. Elle m'invite à une collection chez elle. Une collection de quoi, que j'lui dis. Pas une collection, une collation. Ah, une collation. Une collation de quoi ? De ce que vous voudrez. Soit elle prononçait mal le mot collection, soit je ne connaissais pas le mot collation. Bref, rendez-vous à 15h et elle me file son adresse. J'y serai à l'heure pétante que je lui réponds et elle est partie en souriant.

Son appart, ce n'est pas le grand luxe, mais quand même, il y a ce qui faut. J'ai attendu un peu dans un petit salon avec des cadres sur tous les murs ; j'ai zieuté un peu les crobards. J'en vois même une avec ine fille à poil. Dans un salon, ça fait tache, mais bon...

Elle est entrée dans une robe qui faisait du bruit quand elle marchait. Comme un bruissement d'abeilles. Je veux lui serrer la pogne et elle me dit : est-ce que vous pratiquez le baise-main ? Je réfléchis un peu et je me dis c'est quoi encore ce truc-là ? Je commence à comprendre où qu'elle veut en venir et je réponds oui. Vous pouvez me montrer ? Vous montrer ! Eh bien oui, si vous savez le faire. Bien sûr que je sais le faire. C'est pas compliqué. Alors montrez-moi. Ici ? Bien sûr, ici, qu'est-ce qui vous gêne ? J'avais déjà fait ça avec des copains, mais là j'étais un peu intimidé, dans un salon... C'est quand même très... intime. Mais non, pas tant que ça. Vous êtes sûre que c'est ça que vous voulez ? Puisque je vous le demande. Alors comme elle insistait, j'ai descendu d'un coup pantalon et slip, et j'ai commencé à me palucher. Je ne voyais pas comment m'y prendre autrement... Baiser ma main, c'est bien ce qu'elle me demande, non ?

Alors, pour vous, c'est ce qu'on appelle un baise-main ? Remarquez que ça répond à une certaine logique, mais je vous en prie : n'allez pas jusqu'au terme de votre démonstration.

Je me suis rhabillé et on a pris la « collation », c'est juste un peu d'eau chaude avec des herbes, ça n'a pas de goût, mais les gâteaux qui vont avec, c'est pas dégueu, peut-être un peu secs. On cause, on cause, et elle me dit d'un coup : Orlando, vous permettez que je vous appelle Orlando ? Oui, pourquoi pas. Moi, ce sera Noémie. Si je réunissais quelques connaissances, seriez-vous partant pour un baise-main ? C'est que je ne vois pas trop l'intérêt de la chose. Mais si nous vous aidions à mener jusqu'à son terme votre prestation ? Je sais ce qu'il y a de frustrant d'être interrompu dans ce genre d'activité. Franchement, avec tout le respect... Laissez donc le respect ! Tout à l'heure, j'étais vraiment gêné, vous savez. Vous m'avez dit pourtant qu'avec vos camarades... Ouais, mais c'est pas pareil. Là, s'il y a du beau monde, vous vous rendez compte ? Sans compter que vos tapis sont classieux, et je ne voudrais pas... Ne vous inquiétez pas. Ecoutez, on dit : mercredi prochain même heure, ça vous convient ? J'ai accepté, alors cochon qui s'en dédit.

Mardi soir, j'ai dit à ma copine de ne pas venir. Demain, j'ai un baise-main. Un baise quoi ? T'occupes. Une collation, si tu préfères. Tu vas te coller à qui ? Mais tu comprends rien, demande à ta mère et fous-moi la paix pour ce soir. Elle me dit : encore un coup comme ça et je te largue.

Le mercredi, j'avais tout propre, enfin pas la chemise puisque ça servait à rien qu'elle soit propre la chemise. J'arrive tout pimpant, et je suis introduit cette fois dans un grand salon. Noémie était là, entourée de cinq femmes ou filles, je ne saurais dire. Toutes froufroutantes et pas très vieilles. On fait les présentations. Ca sentait bon le lilas, ou un truc comme ça. Aux murs, encore des cadres des femmes nues et même des hommes. C'est pas la pudeur qui les étouffe, enfin... Puis toutes ces dames s'assoient en cercle autour de moi. On annonce le baise-main. Je commence à déballer le matériel. Et je m'astique dans le plus grand recueillement. Quand on fait ça entre garçons, ça rigole pas mal, mais là, un silence de mort lente. Mon membre se raidit, rougit, tressaute un peu. Mais, je sais pas si c'est l'atmosphère un peu lourde ou tous ces regards assez lourdingues, mais je n'arrive pas à la finition. Je me concentre, je ferme les yeux. Quand je les rouvre, elles ont toutes leurs culottes à leurs pieds. Il ne m'en fallait pas plus. J'explose en poussant des petits cris animaliers et ma semence inonde un plastique transparent parce que finalement Noémie avait protégé son tapis ; c'est vraiment une femme d'intérieur. Des applaudissement éclatent de partout. On me procure serviettes chaudes et eau tiède. Et tout le monde est ravi. On va pouvoir collationner. Mais si je pouvais avoir une petite bière...

Le soir, ma copine vient me voir, l'air chiffonné. Elle dit rien, rode dans tout l'appart, puis elle me dit : ma mère m'a dit ce qu'était un baise-main. Bon, et alors ? Tu peux m'en faire un ? Ah, écoute, je suis crevé, là. C'est si fatigant que ça un baise-main ? En tout cas, on ne peut pas en faire deux en suivant, coup sur coup si tu préfères. Alors reviens demain si tu veux. Je suis sûre que tu ne sais même pas que lors d'un baise-main, on ne met pas les lèvres. Evidemment, espèce d'idiote, si on met les lèvres, c'est une pipe !

Elle a claqué la porte et elle n'est jamais revenue. Je t'avais prévenu, qu'elle me dit. Va comprendre. Un jour, je vais chez le coiffeur et en attendant mon tour, je feuillette ce qu'il y avait sur la table basse. Image du monde, que ça s'appelle et je vois que Macron se retrouve à Londres avec Camelia, la femme du roi. Et la photo raconte qu'il lui fait un baise-main ! Ben merde alors ! Le coiffeur me dit que c'est un geste qui consiste à baiser la main de la femme avec infiniment de respect et d'élégance, en l'effleurant à peine avec les lèvres.

Le mercredi suivant, vénère d'avoir été berné et d'avoir perdu ma copine, je fonce chez Noémie à l'heure dite. Le grand salon et une dizaine de demoiselles étaient là avec la maîtresse de maison. Je leur fais à toutes un baise-main réglementaire, respectueux et élégant, ce qui jette un froid. Noémie me prend à part. Je vous assure, cher Orlando, que nous n'avons pas voulu nous moquer de vous. Je comprends votre ressentiment, mais franchement nous serions heureuses, si malgré tout, vous vouliez bien... Vous savez, certaines sont venues de loin... D'accord, d'accord, seulement je veux voir toutes les culottes aux chevilles dès le début. Noémie explique la situation aux autres et après conversations et tergiversations, je vois neuf femmes assises et neuf culottes baissées. Moi, je veux vérifier si certaines n'ont pas un autre cache-sexe sur elles. Et j'ai pu voir ainsi quelques jolis foufounes bien taillées. Evidemment l'une avait triché ; je lui ai fait enlever un string en rougissant devant tout le parterre. Quand tout fut en ordre, j'ai fait glisser le zip de ma brayette et j'ai sorti mon engin. Puis je me suis levé en foutant un grand coup de pied au plastique qui a volé jusqu'à la fenêtre. Et j'ai pissé sur le tapis. Comme avant de venir j'avais bu quelques bières puisque la maison n'en fournit pas, j'ai inondé un tapis au moins persan ou carrément chinois et mon jet est même remonté jusqu'à quelques dessins de femmes dépoilées. Noémie et ses invitées ont voulu intervenir, mais entravées dans leurs lingeries, elles ne sont pas arrivées à temps. Avant de partir, je les voyais se tortiller pour enlever une culotte coincée dans des hauts-talons. Un vrai baise-con.

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