Les écrivains jordaniens entre activisme et division


 En Jordanie, le marché de l'édition est modeste comparé à ses puissants voisins que sont l'Egypte, avec ses 60 millions d'habitants, et le Liban qui rayonne sur toute la région. A la différence de ce dernier, l'édition jordanienne ne publie guère que pour le marché local. Les auteurs jordaniens ayant une notoriété dépassant leurs frontières publieront eux-mêmes plus facilement à Beyrouth, et l'on trouvera sur le marché jordanien nombre d'ouvrages édités à Beyrouth ou au Caire. Inversement, les ouvrages publiés à Amman ne sortent guère des frontières, et rares sont les auteurs non jordaniens publiés en Jordanie. Les limites à la liberté d'expression dans les années 60 et 70 ont en outre rétrécit encore un peu plus ce marché. Le statut de l'écrivain est d'autant plus fragile. La question de sa définition est aussi plus complexe encore que celle du journaliste, du fait de l'absence de véritable statut social et professionnel. La Ligue des écrivains jordaniens (Râbitat al-kuttâb) reconnaît comme " écrivain " (kâtib) toute personne qui pratique l'écriture dans les domaines de la poésie, de la fiction, du théâtre, de la critique littéraire, de la traduction littéraire, ou de l'essai. Malgré ses efforts, la Ligue n'a jamais obtenu de reconnaissance officielle comme " syndicat professionnel ", au même titre que les autres syndicats. Dans le cas des écrivains, la question ne se pose pas dans les mêmes termes que pour les journalistes, à plus forte raison que pour les autres professions: aucun écrivain ne vit uniquement de sa plume. Les écrivains sont souvent en même temps journalistes, titulaires ou pigistes, enseignants, artistes, ou ont des emplois techniques ou administratifs dans divers organismes culturels, privés ou publics. Certains sont membres de divers syndicats professionnels, comme journalistes, universitaires, médecins, ou avocats .... On ne peut donc guère parler d'intérêts professionnels au sens strict, communs à l'ensemble des écrivains

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