Amjad Nasser


 Ma mère a une façon de gémir qui rend la mort semblable à une piqûre d'aiguille. Viens, mère, sors de sous la pierre et de la terre, de tes herbes guérisseuses ensevelies avec toi dans la tombe, et lamente-toi sur ceux qui sont allongés et démembrés, le vent des ténèbres sifflant dans leur trachée, attendant les corbillards chargés d'autres morts. Viens et chante-leur la chanson que tu chantais à mon père, afin qu'il revienne de sa longue marche nocturne.


Prés de moi, j'ai entendu quelqu'un dire :

Regardez

Ceci est ma gorge

Elle me permettait de chanter et d'appeler mon petit frère d'un ton facétieux

Il riait et en redemandait.

A quoi va-t-elle me servir maintenant qu'on me l'a ôtée et vidée des rires et des chansons ? Ils l'ont jetée entre les arbres, un oiseau l'a ramassée et me l'a rapportée. Je ne sais même pas si c'est la mienne, car rien ne la distingue sinon ce conduit où une chanson a coulé et abrité un dieu devant lequel les monstres s'agenouillent, entraînant d'autres chansons comme un exercice de bouffonnerie sur toutes les lèvres.


Le Royaume d'Adam

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