Jours tranquilles à Jérusalem
"Jours tranquilles à Jérusalem" suit la chronique de la mise en scène du spectacle "Des Roses et du Jasmin" d’Adel Hakim au Théâtre National Palestinien à Jérusalem. Une vision du conflit israélo-palestinien ouverte, hors du discours idéologique, partisan ou médiatique, avec simplement des paroles d’artistes palestiniens en travail.
- C Quand les colons ont débarqué dans notre village … Ils étaient tous armés avec des fusils d’assaut gros calibre, ils étaient protégés par des centaines de soldats, ils nous ont dit : « A partir d’aujourd’hui, vos champs sont nos champs, vos moutons sont nos moutons, vos poules sont nos poules, et vos oliviers sont nos oliviers, si jamais vous essayez de récupérer un mouton, une poule ou une olive, on vous flingue… si jamais vous foutez les pieds dans votre champ, on vous transforme en passoire, si jamais vous creusez un puits, on vous troue la peau, la nappe phréatique nous appartient, et si vous approchez de nos maisons, on rase votre village »… On avait un voisin, un vieux monsieur, il est sorti cueillir des orties sur le champ qui lui appartenait… Les colons lui ont arraché ses vêtements puis ils l’ont obligé à rentrer à poil au village… devant les enfants… On ne l’a ressorti que vingt ans plus tard pour l’emmener au cimetière…
- E Mon père était étudiant en Allemagne. Après la guerre des six jours, Israël a annexé la Cisjordanie et l’armée a donné des pièces d’identité aux palestiniens qui étaient sur place. Mon père est rentré à Ramallah, il a rencontré ma mère. Elle avait ses papiers, lui, non… Il l’a l’épousée. Il pensait qu’une fois marié il allait avoir ses papiers. Il s’est rendu au bureau de l’armée et là on lui a dit que le mariage ne suffisait pas et qu’il fallait un enfant. Mes parents se sont mis tout de suite à la tâche, ils ont eu une fille… Une jolie fille… Mon père a pris le bébé pour le montrer aux soldats qui lui ont dit : « Non, pour avoir papiers, une fille, ça compte pas, il faut un garçon ». Mes parents se sont remis tout de suite à la tâche, ils ont eu une fille, puis deux, puis trois, puis quatre, puis cinq ; à chaque fois les soldats disaient à mon père qu’une fille ça comptait pas… A la fin, mes parents ont fini par avoir un garçon…Mais les soldats avaient fini par arrêter mon père pour défaut de papiers… Il est mort en prison un mois avant ma naissance.
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