Jours tranquilles à Jérusalem

 - y a une semaine je devais emmener mon fils, Imad à l’école, je tombe sur un check point volant, les soldats ont refusé de me laisser passer… J’ai été voir leur officier, je l’ai supplié de me laisser passer, il a refusé… Mon fils pleurait il voulait pas rater l’école… j’ai insisté… Le soldat s’est énervé… Il s’est mis à hurler en hébreu… je comprenais pas ce qu’il disait… Puis il m’a donné un coup de pied, il nous a poussés, mon fils et moi comme des animaux… Je suis rentrée chez moi… Je n’avais qu’une idée, trouver une ceinture explosive et me faire sauter avec les soldats… je ne pensais qu’à ça… deux jours après mon fils s’est fait renverser par une voiture, il avait la jambe en morceaux… l’ambulance nous a déposés à l’hôpital de Jérusalem… là, Imad a été pris en charge par un médecin israélien…Il avait très mal, il souffrait comme un chien, le médecin l’a pris dans ses bras, il l’a serré contre lui, même moi, j’ai jamais tenu Imad comme ça dans mes bras… On aurait dit que le médecin était sa vraie mère… On était dans un hôpital israélien… Il ne pouvait pas se tromper…Il avait mes papiers sous les yeux... Il savait qu’il avait un enfant arabe dans les bras... A la fin de l’opération le médecin est sorti du bloc… Il a enlevé son masque chirurgical… C’était le soldat qui m’avait donné un coup de pied... Je lui ai posé la question : « mais c’est vous, c’est vous qui étiez au check point volant… C’est vous qui m’avez donné un coup de pied ? »… Le médecin m’a sourit… Il m’a dit : « Oui, madame, c’est moi, mais je n’ai rien à voir avec le soldat qui vous a frappé »…