Pauline Saba

Zahira fut frappée, cette année encore, par la beauté des bêtes présentées dans les enclos. Les El-Zewhir, de l’Ouest, tenaient leur richesse de l’élevage intensif des chameaux. Chaque nouveau-né était confié aux soins d’une jeune fille qui le soignait comme son propre enfant. Les femmes El-Zewhir y voyait là un bel entraînement à la maternité, et leur tribu, quoique peu peuplée, était la plus prolifique. Leurs chameaux étaient beaux, fiers et robustes. Les jeunes filles brossaient leurs pelages en y consacrant plus de soin qu’à leur propre chevelure, et les paraient de bijoux précieux. Cette tribu était la plus sédentaire du Wadi Rum, et ils étaient aussi les plus pacifiques. Kamil n’avait eu aucune peine à se voir accordée la trêve, quelques années auparavant. Le sage Brahim Bourdeh était un chef ancien et magnanime qui croyait lui-aussi aux vertus de la paix et la transmettait à son clan. On l’appelait le Pacificateur. Les autres tribus toutefois se raillaient des El-Zewhir en disant que les femmes s’accouplaient avec les étalons, et que les adolescentes pubères coupaient les pis des chamelles pour allaiter à leur place. Le désert échaudait les esprits les plus faibles et engendrait bien des élucubrations.

 Edom

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