Pauline Saba
Debout, d’une fixité hiératique, il observait avec déférence les bijoux que présentait Zahira. Elle retenait son souffle après avoir ressenti comme un coup dans l’estomac, baissant imperturbablement les yeux, se concentrant sur ses mains graciles tannées par le soleil. Sabah la salua avec respect. Il s’était ce jour-là paré de son plus bel anneau de nez, en métal bleui et poli, comme c’était la coutume coutume au marché. L’ostentation des richesses visait en effet à favoriser les transactions. Il effleura le pectoral en or mais le revêtir, pour un homme sans rang, aurait été prétentieux. Il posa alors sa main sur les différents anneaux que proposait Zahira, et s’attarda sur les plus gros, symboles de puissance et de virilité. Enfin, il en choisit un et demanda l'autorisation de le passer afin d'en mesurer l'effet. Il l'introduisit avec délicatesse dans sa narine gauche et referma la boucle d'un claquement sec, puis se tourna vers Zahira comme en attente d'une appréciation. Elle qui avait observé son geste d'expert détourna sciemment le regard et n'accéda pas à sa requête muette. Sabah retira alors le bijou et le plaça avec délicatesse sur la natte. Il déposa alors son propre anneau avant de s'éloigner de sa démarche puissante. Zahira, interdite, prit délicatement l'offrande, la retourna et la soupesa puis la camoufla dans son madraga. Dès lors, où qu'elle alla, cet anneau bleui l'accompagnait.
Edom
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