conte de Corée

 



Les deux éventails

Jadis dans la province de Chungchong, il y avait un vieillard et une vieillarde. Ils étaient tristes parce que très pauvres.

Un jour que le vieux était allé s'occuper de son four à charbon de bois, il trouva des éventails, un rouge et un bleu. Le visage en sueur, il s'évante machinalement avec le rouge.

« Oh ! Étrange ! » fait le vieux ahuri : chaque fois qu'il s'évente, son nez s'allonge. Voilà le vieux baba, le nez long comme le bras ! Puis, il s'évente avec l'éventail bleu. Fait tout aussi étrange : le nez raccourcit peu à peu, redevient comme avant.

Il court voir sa femme et lui dit :

- « Ma chérie, je pars au loin, avec ces éventails, je reviendrai riche ! Attends-moi. »

S'introduisant dans une famille riche, il joue de son éventail devant le chef de famille qui bientôt voit son nez s'allonger considérablement. Il le laisse s'inquiéter quelques jours et revient, déguisé en médecin. Il explique qu'il a déjà soigné ce genre de maladie, mais qu'il n'a pas le temps en ce moment. La famille lui donne beaucoup d'argent pour qu'il finisse par accepter de soigner le vieil homme.

Enfin le vieillard se laisse attendrir, reste chez le riche au nez allongé dix jours. Pour donner le change, il verse l'eau d'une fiole sur le nez, tout en l'éventant de l'éventail bleu. Le résultat est positif, le nez est redevenu normal. Le médecin a gagné ses vingt mille lyang. Il va ainsi de village en village et fait fortune. Puis un jour il se dit :

- « Si l'on agitait sans cesse l'éventail rouge, de combien grandirait le nez? » Et d'agir aussi vite.

Alors, son nez grandit infiniment vers le ciel, arrive chez l'Empereur de jade, qui est assis sur les nuages où est sa demeure et qui s'étonne.

- « Un objet étrange vient de surgir ; attachez-le à la colonne qui soutient ma maison ! » dit l'Empereur de jade.

Le vieillard sent que son nez est bloqué, il s'évente aussitôt avec l'éventail bleu. Mais à mesure que son nez raccourcit, c'est lui qui s'élève vers le ciel, puisque le bout de son nez est accroché là-haut. Il finit par arriver devant l'Empereur qui ordonne :

- « Je ne veux plus voir ce vilain nez ! »

Le nez est relâché. Le vieux retombe sur terre. Mort.


 

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