Pak Kyongni


 Pak Kyongni est née en 1926 dans une famille de la classe moyenne à Tōei, en Corée, dans l’Empire du Japon. Son nom de naissance était Pak Geum-i (박금이). Ses parents se sont mariés alors que sa mère avait dix-huit ans et son père, Pak Soo-young (박수영), quatorze ans. La relation entre ses parents ne s’est pas bien passée, ce qui a profondément affecté sa vie. Ses problèmes ont commencé lorsque son père a quitté sa mère immédiatement après sa naissance. Plus tard, elle a dit qu’elle avait à la fois de la sympathie et du mépris pour sa mère, mais de la haine pour son père. Sa réponse a été de s’isoler dans un monde imaginaire centré autour de ses livres.


Tout blanc, tout noir (1956)


Le doyen Chang tourne la tête de droite et de gauche, en appuyant de la main sur le col de sa chemise, comme si sa cravate serrait un peu son cou épais et gras comme celui d'un porc occidental. Sa cravate est trop rouge pour son âge. Ses cheveux grisâtres, comme parsemés de gros sel, sont soigneusement rangés. Bien qu'habillé jeune, il doit avoir largement dépassé la cinquantaine.

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Haesuk se présente pour un poste dans son école. L'attitude calme et décente de cette femme lui donne à penser qu'il est en présence d'une femelle rusée. Il l'examine de la tête aux pieds d'un œil critique. Lorsque ce regard féroce s'arrête à hauteur du ventre de Haesuk, un air de mépris glacé s'inscrit sur le visage du doyen. Sous le regard obscène de celui qui la dévisage sans gêne, Haesuk se sent insultée. La honte qu'elle éprouve à être devant lui, comme déshabillée, se transforme en une colère qui la fait rougir. Ses yeux, qui regardaient le doyen avec réserve, glissent sur ses propres mains, posées sur ses genoux.

  • Le professeur Hyon m'a expliqué votre situation. Mais pour aujourd'hui, rentrez chez vous. Je vous ferai connaître ma décision.

Le doyen s'arrête brusquement de parler. Instinctivement, Haesuk devine que l'affaire a mal tourné. Un profond désespoir l'engourdit un instant. Une douleur insondable l'envahit. Comme pour tenter une dernière supplication, elle regarde furtivement le visage du doyen. Mais le ricanement froid de celui-ci s'épanouit dans ses yeux et à la commissure des lèvres.

Dans une telle ambiance d'irréparable, Haesuk, qui se sent incapable d'en supporter davantage, se lève comme un automate et sort.

Tête baissée, le doyen regarde le professeur Hyon du coin de l'oeil. Puis, l'air agacé, il dit :

  • Cette veuve, il faut la surveiller. Si je ne suis pas aveugle, elle a certainement une liaison.

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