Théâtre coréen


 Pak Cho-yôl est né en 1950 en Corée du Nord. Il écrit aussi pour la radio et la télévision. Sa pièce « Les ongles de pieds de O Chang-gun » a été créée en 1974, mais interdite sous la dictature sud-coréenne pendant 13 ans et montée seulement en 1988.


notes de mise en scène

Dans cette pièce, ce qui tient le plus d'importance est imaginaire des contes de fées. Le soleil sourit, les arbres marchent et les vaches éprouvent de l'affection pour les hommes.


PROLOGUE – UN CHAMP DE POMMES DE TERRE


O CHANG-GUN – C'te sacrée bête traîne encore derrière. Eh ! Môk-soe ! Dépêche-toi !

Provenant de la coulisse, le son d'une cloche. Entrée de Môk-soe. Elle est tout à fait réaliste, à une exception près, elle marche sur ses pattes de derrière. Autour de son cou, elle porte une cloche et un joug qui est attaché à une charrue. Elle tient un fouet qu'elle tend respectueusement à son maître.

O CHANG-GUN – Faisant semblant de la frapper. Hé toi, tu deviens empotée ! Commençons tranquillement par c'champ de patates. Allez, allons-y, Môk-soe... C'est ça ! Maintenant, un peu plus vite. Qui t'a dit de t'arrêter ? Ben vrai, tu entends le taureau de chez Kkot-bun ? Ben, c'est vrai qu'il est grand temps de te trouver un taureau. Quelle paire de fesses ! Seulement, on ne peut pas faire cela lundi prochain, c'est le jour de la mort du père. Ce serait pas convenable de faire ça, c'jour-là.

MOK-SOE – Meuh, meuuuh (le rythme de son meuglement sonne comme voulant dire : « Qu'est-ce qui est si inconvenant ? »

O CHANG-GUN - « Qu'est-ce qui est si inconvenant ? » Eh ben, toi t'es bien une bête pour parler comme ça.

MOK-SOE – Meuh, meuh, meuh ! (« Pas d'insultes maintenant. »)

On entend le bruit d'avions de guerre.

O CHANG-GUN – Têtes de con ! Et ils volent juste au-dessus de notr'village ! Un d'ces jours, ils finiront bien par nous bombarder par erreur et alors... Bang, bang ! Faites attention, têtes de con... !

MOK-SOE – Meuuuh ! Meuuuh ! (Môk-soe beugle avec esprit : « Faites attention, têtes de con... ! »

Entrée de la mère de O Chang-gun, portant sur la tête un panier.

LA MERE – Faut pas dire des gros mots contre le Ciel.

O CHANG-GUN – C'était pas contre le Ciel, contr'des avions.

LA MERE – Un vieux qui vit dans la montagne s'est mis à jurer contre un avion. Le pilote l'a entendu, et il est descendu par une corde pour battre le vieux comme un fou, et il est remonté.

O CHANG-GUN – C'est qui qu'a raconté ça ?

LA MERE – Le vieux colporteur de sel, et c'est vrai parce qu'il est de la belle famille du colporteur.



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