Han Kang

Lentement la jeune femme s'est retournée, a marché vers le balcon. Elle a ouvert la porte à glissière et un vent frais s'est engouffré dans l'appartement. Il a vu sa tache mongolique vert clair, les traces de sa propre salive et de son sperme qui y étaient collées comme de la sève. Soudain il a pensé qu'il avait tout vécu, qu'il avait vieilli et qu'il n'aurait pas de regrets, même s'il devait mourir à l'instant même.

La jeune femme a penché par-dessus la balustrade ses seins dorés qui brillaient, écarté largement ses cuisses ornées de pétales orange foncé. On aurait dit qu'elle avait envie de copuler avec les rayons du soleil, avec la brise. On a entendu la sirène d'une ambulance qui se rapprochait, des cris, des clameurs d'enfants, le brouhaha montant de la ruelle. Des pas pressés ont résonné dans l'escalier.

Il aurait pu courir vers le balcon, franchir la balustrade sur laquelle elle s'appuyait et s'envoler. Il aurait chuté sur trois étages avant que son crâne n'éclate. Il aurait pu le faire. C'était la seule solution propre. Mais il est resté planté là, comme s'il s'agissait du premier et du dernier instant de sa vie, à contempler ce corps qui ressemblait à une fleur enflammée, qui s'illuminait en une image plus intense encore que n'importe quelle des scènes qu'il avait tournées la nuit précédente.


dernières lignes de La Végétarienne

 

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