Les Aïnous

Des origines incertaines

Il y a vingt mille ans, lorsque le niveau de la mer faisait d’Hokkaido une terre encore accessible à pied depuis la Russie et le reste du Japon, des nomades y auraient migré depuis la Sibérie et depuis l’île principale de Honshu. Bien plus tard, pendant l’ère Meiji (1868-1912), lorsque le gouvernement impérial acheva de coloniser Hokkaido, les Aïnous - qui étaient alors environ 80 000 -, priés de devenir de «vrais Japonais», subirent une campagne dite d’«harmonisation culturelle», privés successivement de leurs piercings et tatouages traditionnels, puis de pêche et de chasse. Assignés à des travaux forcés, ils souffrirent du froid et de la famine. Et en 1875, à la suite du traité de Saint-Pétersbourg, les communautés furent déplacées.

Environ 1500 d’entre eux choisirent de s’établir en Russie, et les autres, au Japon. Réduits à cultiver de mauvaises terres, ces derniers achevèrent de sombrer dans la pauvreté. A partir de 1937, les enfants n’eurent plus le droit de parler avant tout l’ainou-go, leur langue ancestrale, à l’école. Citoyens de seconde zone, contraints d’oublier leur culture, les Aïnous, reconnus en tant que peuple premier par les Nations unies en 1992, estiment n’avoir jamais été acceptés par leur propre pays.

Une lente reconnaissance officielle

Lors du dernier recensement à Hokkaido, il y a quinze ans, ils étaient environ 24000 dans l’île à oser se déclarer aïnous. Selon les estimations de leur communauté, ils seraient entre 50 000 et 100 000 dans tout le Japon aujourd’hui, que rien ne distingue plus des autres Japonais dans leur apparence, leurs vêtements et leurs activités. Mais une partie d’entre eux cherchent à renouer avec leurs racines et à effacer la honte d’être un Aïnou («humain» en ainou-go) parmi les wajin (les Japonais non Aïnous). Et au cours des dernières décennies, grâce à l’engagement de plusieurs personnages clés de leur communauté, ils ont avancé sur la voie de la reconnaissance officielle.


Pour vivre, les Aïnous d’Akanko vendent des sculptures aux touristes. Un art qui, hier, était une compétence requise pour les hommes avant qu’ils puissent se marier. A la mort de son père, il y a quatre ans, Kengo a d’ailleurs quitté l’agriculture pour reprendre le magasin familial. Dans un kissaten (café traditionnel japonais) à deux pas de la boutique en question, Akira Toko, 77 ans, perpétue quant à lui la cuisine aïnoue, des recettes à base de pommes de terre, de saumon, de potiron, mais aussi de sansai, ces plantes sauvages poussant dans la montagne. Aux murs, des photos de famille en kimonos ornés de motifs aïnous traditionnels. Sur le comptoir, des centaines de sculptures d’animaux en format miniature.





 

Commentaires

Posts les plus consultés de ce blog

Yakoi Kusama

K-pop

Kwak Hyi-hwan