Nakano Shigeharu

Écrivain japonais (Fukui 1902 – Tokyo 1979).

Diplômé de littérature allemande de l'Université de Tokyo en 1927, il publie un roman prolétarien, le Vent des premiers jours du printemps (1928), et devient, en 1931, membre du parti communiste. En 1940, il participe à la création de la revue Roba où il fait paraître des poèmes, des essais et des traductions, dont ses plus beaux poèmes prolétariens, l'Adieu de l'aube et Chant, rassemblés dans ses Poèmes (1945). Il quitta, puis réintégra le parti communiste (1945) avant d'en devenir sénateur (1947-1950). Il est également auteur de plusieurs récits autobiographiques et de critiques (Notes rapides sur l'Art, 1929 ; Notes sur Saito Mokichi, 1942).

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Deux personnes l'accompagnaient, un homme et une femme. C'était un soir de fin janvier ; aussi étaient-ils tous chaudement habillés, emmitouflés dans leurs pardessus. Le faisceau lumineux des phares, déployé en éventail, balayait un pan de paysage : la voiture amorçait un grand virage. S'affaissant, la femme avait murmuré d'une voix brisée : « Il est là... » Ses compagnons savaient, eux aussi, qu'ils passaient devant la Préfecture de police et que là, quelque part, son amant était enfermé, menotté, les bras liés dans le dos, nu dans une salle absolument glaciale, et qu'il se taisait. Ces prisonniers que l'on avait dépouillés de leurs vêtements, il les avait d'une certaine manière trahis, et maintenant qu'il se remémorait cette scène, la brève plainte de la femme le transperçait comme une vrille.

« Ces types-là, je me demande s'ils sont toujours dans les parages. Ceux qui enfonçaient des baguettes incandescentes entre les dents de prisonnierset qui brûlaient les poils du pubis des jeunes filles innocentes, est-ce qu'ils sont encore là? »

Il tenait à revoir cette Préfecture de police, ne serait-ce que de l'extérieur, et à affronter ainsi une fois pour toutes cet antre de reptiles.

Musique militaire