Shuji Terayama
Shūji Terayama (寺山 修司) (né le 10 décembre 1935 à Hirosaki et mort le 4 mai 1983 à Tokyo) était un poète, écrivain, dramaturge, chroniqueur sportif (spécialisé dans la boxe et le turf), photographe, scénariste et réalisateur japonais.
Durant sa courte vie, il a publié plus de deux cents livres et réalisé environ vingt films (courts et longs métrages confondus).
Ses œuvres, souvent expérimentales et crues, témoignent d'un engagement artistique aux influences multiples, d'Antonin Artaud ou Bertolt Brecht à Federico Fellini et Lautréamont. En Europe et aux États-Unis il est essentiellement connu pour son cinéma, tandis qu'au Japon il est plutôt considéré comme un poète et un dramaturge.
GRAND-MERE – Au fait... aurais-tu quelque chose à me reprocher ?
TSOUKIO – Rien du tout.
GRAND-MERE – Ce chien, tu ne le gardes pas pour me faire enrager ?
TSOUKIO – Pas du tout.
GRAND-MERE – On le dirait pourtant. Jusqu'à présent on a pu vivre en tête à tête, toi et moi, sans la moindre difficulté. Ensemble nous avons affronté tout le village, tant pis si les gens nous ont enviés, pour cette belle entente entre une grand-mere et son petit-fils. On dirait que c'est ça que tu cherches à détruire en gardant cette sale bête.
TSOUKIO – Mais non, ma petite vieille... mais non, je ne cherche rien de pareil, seulement...
GRAND-MERE – Seulement... ?
TSOUKIO – J'éprouvais peu à peu le besoin d'avoir quelqu'un avec qui je pourrais causer.
GRAND-MERE – Quelqu'un avec qui causer ? ! Et moi ? Tu ne peux pas causer avec moi ? Ta mère t'a abandonné ; elle s'est suicidée. Ton père t'a abandonné ; il est parti avec une autre femme. Moi, la grand-mere, je ne suis pas comme eux. Je suis restée, moi, j'ai sacrifié ma vie pour t'élever.
TSOUKIO – Je le sais bien.
GRAND-MERE – Si tu le sais, chasse-moi ce roquet.
TSOUKIO – Il me fait pitié.
GRAND-MERE – Malgré tout ce que je viens de dire, tu refuses de le chasser. Tu continues à le préférer à moi, ce sale cabot ?
TSOUKIO – Lui non plus, il ne sait où aller.
Inugami (Le Chien Dieu) 1969

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