La foi, en avoir ou pas...

On entend parfois dire que la foi transporte les montagnes. C'est Saint-Mathieu qui aurait fait cette découverte. Mais si je me réfère aux tables de la loi que Moïse est allé chercher sur le mont Sinaï, on devrait plutôt dire que la montagne transporte la foi. En tout cas, c'est bien plus courant. On parle aussi de la foi du charbonnier. Fleury de Bellingen, grammairien du XVIIe siècle, explique l'origine de l'expression par l'extrait d'un conte que voici :

« Le Diable un jour demanda à un malheureux charbonnier :
- Que crois-tu ?
Le pauvre hère répondit :
- Toujours je crois ce que l'Église croit.
Le diable insista :
- Mais à quoi l'Église croit-elle ?
L'homme répondit :
- Elle croit ce que je crois.
Le Diable eu beau insister, il n'en tira guère plus et se retira confus devant l'entêtement du charbonnier »

Et Brassens d'ajouter dans sa chanson « Le mécréant » :

« J'voudrais avoir la foi, la foi d'mon charbonnier
Qu'est heureux comme un pape et con comme un panier. »

Et le catholique André Frossart de conclure : « Il semble que la foi du charbonnier soit un peu moins vive depuis la découverte du pétrole. »

Les pays ont chacun une vision particulière de la foi, qui se vérifie par les proverbes :

« Les Albanais placent leur foi dans l'Albanie. » (proverbe albanais)

« On peut très bien prier une sardine, ce n'est qu'une question de foi. » (proverbe japonais)

« La foi du riche est dans son coffre-fort. » (proverbe suédois)

« Le doute gâte la foi comme le sel gâte le miel. » (proverbe algérien)

Ce qui est sûr aussi, c'est que la foi n'est pas systématiquement liée à Dieu. Et cela depuis Magellan : « L'Eglise dit que la Terre est plate. Mais j'ai vu une ombre sur la Lune et j'ai plus foi en l'ombre qu'en l'Eglise. » Et l'humoriste Jerzy Lec insiste : « On peut changer de foi sans changer de Dieu. Et inversement. »

Alors, en cette semaine de Grand Brûlé à Paris, certains se sont étonnés que Dieu ait permis cela, surtout lors de la semaine de Pâques. Cette Notre-Dame en cendre... Cela fait penser à ce village mexicain où les habitants, après les premières secousses d'un tremblement de terre, se sont tous rassemblés dans l'église. Et seule l'église du village s'est écroulée. Dieu a de ces ironies... Enfin, il faut garder la foi puisqu'on a sauvé la couronne d'épines et que Bernard Arnaud, François Pinault et L'Oréal vont reconstruire le reste en cinq ans pour que tout soit propre pour les Jeux Olympiques à Paris en 2024. Il y a pourtant un débat : doit-on reconstruire à l'identique ? Deux théologies s'affrontent. L'une voulant quelque chose de plus moderne et de moins inflammable, genre pyramide du Louvre. L'autre tenant absolument à une reconstruction comme il y a huit siècle, en bois et pour les travaux des serfs taillables et corvéables à merci. Le poids de la tradition... Je ne prendrai pas parti, car comme Jerzy Lec, «peut-être que Dieu a voulu faire de moi un athée. »

Mais il y en a qui ont vraiment la foi du charbonnier et qui continuent de soutenir le PSG. C'est admirable !
 

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