Mexico et le Surréalisme

La première et importante exposition surréaliste avait eu lieu à Paris en 1938. Breton ayant déclaré que « le Mexique tendait à être le lieu surréaliste par excellence », il fallait s'organiser pour que Mexico accueille la seconde dès 1940. Elle provoquera un certain émoi chez certains visiteurs, mais la grande majorité du public s'en moquera ou la condamnera.
Luis Mario Schneider dans son livre « Mexico y el surrealismo » (1978) rappelle que la presse fut aussi très sévère avec Breton et ses amis. Beaucoup ne comprennent pas notamment la partie si imposante consacrée au peintre muraliste Diego Rivera. En quoi son travail est-il surréaliste ?
Par la suite, les rapports entre les intellectuels mexicains et les surréalistes français ne se sont pas améliorés, malgré les continuels cris d'enthousiasme de Breton.
A la parution de son livre « Najda », en 1964, voici ce qu'écrivait à Mexico le critique Raul Leiva :
Comme on le sait, Breton a fait un système de cette recherche en soi si louable (du merveilleux au milieu de la nausée du quotidien), infestant ses écrits d'états crépusculaires et médiumniques délirants, et de théories réactionnaires déguisées sous le masque de la révolution. Comme le fascisme avec lequel il a tant de points communs, le surréalisme a fait l'apologie de l'irrationnel et échafaudé ses fugaces succès sur l'exploration du subconscient. Breton est le dernier survivant de ce groupe qu'il essaie en de multiples occasions inutiles de réanimer. Pour cela, chaque fois que nous tentons de nous le représenter, nous le voyons sous les traits de la fameuse réclame pour l'Emulsion de Scott, portant sur ses épaules un poisson immense, le cadavre d'un mouvement dont il rêve éternellement.
Sa « révolution » ne dépasse pas les limites d'une simple mystique de la révolte, d'un art pour l'art qui paradoxalement répugne à être révolutionnaire et aspire à transformer la vie et la condition humaine. Sa grande erreur historique a consisté à tenter une révolution individualiste, éloignée de l'immense moteur du peuple, de la masse. Maintenant, après quasiment quatre décennies de cette aventure verbale, nous pouvons voir qu'il était vraiment stupide de prétendre éliminer le contrôle de la raison dans le monde de l'art : précisément aujourd'hui, les meilleurs esprits font tout le contraire. Ils créent un art, une poésie qui se réalise pleinement dans sa réception chez le lecteur. Et pour cela, il n'y a pas eu besoin d'en rabattre sur la qualité littéraire, bien au contraire.
Que peut nous faire une « révolution » qui ne dépasse pas le cadre borné des élites ?

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