Plan Condor
Pinochet et Kissinger

Dans le dernier numéro de la revue L'Histoire, on peut lire un excellent dossier sur les dictatures en Amérique Latine. 

La vérité sur le plan Condor
Longtemps le « plan Condor » fut une rumeur, jusqu'à ce qu'en 1992 ne soient découverts, à Asuncion, les documents de la police politique du dictateur paraguayen Alfredo Stroessner. Ces archives de la terreur montrent bien comment les dictatures latino-américaines se sont entendues pour éliminer leurs opposants avec la complicité de la C.I.A.
En 1974, une première opération est réalisée : l'assassinat à Buenos Aires du général chilien légaliste Carlos Prats, ancien ministre de l'Intérieur et de la Défense d'Allende, et de son épouse, par des membres de la police politique chilienne, la Dina. Le « plan Condor » avait surtout pour objectif de traquer les militants qui réussissaient à s'exiler de façon à ce qu'ils n'aient jamais aucun endroit où se réfugier en passant d'un pays à l'autre.
Ainsi, à Buenos Aires, l'usine désaffectée des moteurs automobiles Orletti fut utilisée comme centre de détention clandestin du Condor. Des dizaines d'activistes de toutes nationalités y furent torturés par des agents paraguayens, chiliens, uruguayens, sous le regard du délinquant de droit commun et militant d'extrême-droite Anibal Gordon, responsable du lieu, et avec l'assentiment des plus hautes autorités militaires. Cet atelier est aujourd'hui un musée consacré à la mémoire des victimes.

Atelier des usines Orletti

Les documents récemment déclassifiés montrent, plus largement, que le Département d'Etat des USA était informé et favorable au Condor dès ses prémices. Lors d'un rendez-vous en 1976 avec le secrétaire d'Etat Kissinger, l'amiral Guzzetti, ministre des Affaires Etrangères d'Argentine, s'est entendu dire que le plan condor était une bonne idée pour régler le problème terrorriste. Et Kissinger d'ajouter : « On veut que vous réussissiez. On ne va pas vous embêter. Je ferai ce que je peux. » Au total, le Condor, c'est 500 victimes identifiées.
Quant à l'Eglise, on sait que Videla et Pinochet étaient constamment entourés des plus hauts dignitaires ecclésiastiques qui bénissaient tous leurs forfaits. Le prix Nobel de la paix en 1980, Adolfo Pérez Esquivel, rappelle que l'Eglise catholique argentine n'a jamais répondu à ses appels à l'aide pour retrouver les disparus de la dictature et il dit aussi que, lors de sa rencontre avec le pape Jean-Paul II, ce dernier lui conseilla de ne plus s'intéresser à ces disparus, mais « plutôt aux enfants des pays communistes ».


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