Mensonges et désinformation



Dans le dernier numéro du Monde Diplomatique, un article intitulé « Portraits de missionnaires médiatiques » nous présente un certain nombre de désinformateurs qui sévissent dans les médias européens et qui trompent systématiquement leur public sur ce qu'il se passe réellement en Amérique latine. Extraits :

Chargé des pages Amérique latine au Financial Times jusqu'en mai 2019, et ancien employé de la Banque mondiale, John Paul Rathbone aime prendre ses lecteurs à contre-pied. Alors que le monde s'inquiète de l'élection d'un ancien militaire d'extrême droite, M. Jair Bolsonaro, à la tête du Brésil, le journaliste suggère qu'on regarde dans la mauvaise direction. Le « véritable tremblement de terre », « semblable au Brexit et à l'élection de Trump », s'est produit plus au nord, en juillet 2018, lors de l'élection de M. Andrés Manuel Lopez Obrador (AMLO), le président social-démocrate mexicain (31 mai 2019). Souligner que M. Bolsonaro affiche sa nostalgie pour la dictature qui dirigea le Brésil de 1964 à 1985 ne doit pas conduire à oublier qu'AMLO représente la véritable « menace pour la démocratie libérale » en Amérique latine. Si le Mexicain affiche une allure inoffensive, ses allocutions publiques trahissent des « traits autocratiques caractéristiques de nombreux populistes latino-américains » : « une obsession pour l'histoire », une tendance à invoquer la « volonté populaire » et... une « détestation du néolibéralisme ».
Car pour Rathbone, le monde se divise en deux catégories : ceux qui sont convaincus des vertus du marché, et ceux qui menacent la démocratie.

Le journaliste du Financial Times célèbre donc en 2015 l'arrivée de l'homme d'affaires Mauricio Macri à la présidence de l'Argentine. Lorsque la tempête financière commence à chahuter Buenos Aires, il tente de rassurer : « En deux ans et demi, le gouvernement a avancé à pas de géant pour restaurer la confiance des marchés »(12-13 mai 2018). Rathbone en est convaincu, le néolibéralisme ne rencontre aucune difficulté qu'une dose supplémentaire de néolibéralisme ne puisse régler. Il existe donc « une explication simple » aux difficultés de Macri : « Il a voulu éviter de répéter les thérapies de choc du passé. » Autrement il s'est montré trop mou. Trois mois plus tard, Rathbone peine à cacher son amertume. En dépit des efforts de Buenos Aires, la crise est consommée. « Un gouvernement favorable au secteur privé, doté d'un cabinet technocratique que les dirigeants du monde entier souhaitent soutenir, et pourtant, l'Argentine continue à souffrir de profonds accès de panique » (31 août 2018). « Mais quelle erreur le président Macri a-t-il commise ? », interroge-t-il. Avant d'avancer « une réponse possible : un déficit de communication ».

(par Anne-Dominique Correa et Renaud Lambert)



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