Culture pop en Egypte
En adaptant «Dhāt », ce roman déjà populaire, pour en faire un feuilleton télévisé, Naʿūm réussit à poser tous les débats qui agitent les femmes égyptiennes aujourd'hui.
Ainsi Dhāt décide de ne pas faire exciser ses filles, en dépit de l’insistance de sa mère. Le treizième épisode présente un dialogue tendu entre les deux femmes, puis entre Dhāt et son amie Samīa,
qui dépeint brillamment le dilemme moral auquel ces femmes sont confrontées à propos de la clitoridectomie.C’est le premier jour de ramadan et Fawziyya, la mère de Dhāt commence par lui dire que Du‘à, qui va avoir dix ans, doit être excisée avant qu’il ne soit trop tard. Désireuse d’épargner à sa fille le traumatisme qu’elle a subi, Dhāt prie sa mère de s’occuper de ses affaires.
Cette dernière, se sentant accusée d’avoir été une mauvaise mère, part en claquant la porte et en renvoyant la même accusation à Dhāt. Le lendemain, elle rapporte leur dispute à Samīa ;
Samīa : – Allons, elle n’a que toi.
Dhāt : – Oui, mais du moment qu’elle s’est mis ça en tête,elle ne va pas me laisser tranquille.
S. : – Ma pauvre ! Tu n’as qu’à faire la sourde oreille.
Dh. : – Oui, mais des fois je me dis que j’aurais dû l’écouter.
S. : – Quoi, l’écouter ? Tu te rends compte de ce que tu dis ? Parce que tu es contente de notre situation ? C’est ce truc qui rend le mariage insipide et sans saveur.
Dh. : – Tu as raison, je le sais bien, mais je suis perdue, c’est pour ça que j’ai voulu t’en parler, je me disais que tu serais peut-être d’un autre avis.
S. : – Manquerait plus que ça ! Laisse tes filles telles que le Seigneur les a créées.
C’est dans cette période de bouleversements que Naʿūm adapte stratégiquement un personnage féminin issu du canon littéraire pour porter la question féminine dans le débat public. En s’identifiant avec Dhāt et en sympathisant avec son combat, les téléspectateurs réfléchissent sur la manière dont la société (mal)traite le corps féminin au nom de la religion et de la pudeur, sur la lutte que doivent mener les mères pour protéger leurs enfants du fondamentalisme religieux, de la corruption et de la brutalité policière.
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