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Ricardo Piglia

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Ricardo Piglia est né en 1940 dans la province de Buenos Aires. D'abord auteur de nouvelles avec l'Invasion (1967), il est dès son premier roman, Respiration artificielle, reconnu comme une figure majeure de la littérature argentine contemporaine. Couronnée par de nombreux prix, son œuvre est déjà largement traduite. La Ville absente est paru pour la première fois en français aux éditions Zulma en septembre 2009. Paru à Buenos Aires en 1997, Argent brûlé (Zulma, 2010) a été récompensé par le Prix Planeta. Il a été porté à l'écran en 2001, sous le titre Vies brûlées , par le réalisateur Marcelo Piñeyro. La fillette La mère qui était professeur et qui était même devenue la directrice de l'école, décida de prendre sa retraite pour s'occuper de sa fille qui présentait des signes inquiétants. Les parents ne voulaient pas l'interner. Ils l'emmenèrent deux fois par mois à l'Institut de La Plata et ils suivirent les recommandations du doct...

El Gauchito Gil

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Qui fut le saint païen, el Gauchito Gil ? On sait que Antonio Mamerto Gil Nu ñ ez naquit un 12 août 1847 à Mercedes, dans la province de Corrientes. On dit qu'il aimait les bals et les fêtes, spécialement celle de San Baltazar, qu'il maniait merveilleusement le couteau et que son regard hypnotique était terrible pour ses ennemis et foudroyant pour les femmes. Il fut un ouvrier agricole qui souffrit des horreurs du conflit entre frères lors de la Guerre de la Triple Alliance, et qu'ensuite il s'engagea dans les milices qui luttaient contre les troupes fédérales. La légende raconte que Nandeyara, le dieu guarani, lui apparut en songe et lui dit : « Tu ne peux pas répandre le sang de tes semblables ». Ce qui l'incita à déserter de l'armée. Il commença alors à se faire connaître comme un justicier qui volait les riches pour donner aux pauvres, qui protégeait les plus humbles, qui vengeait les humiliés et soignait les malades. Le peuple veillait sur...

Quino

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Savourés avec le café du matin ou dans l'odeur d'asado du dimanche, les strips et les dessins de Quino étaient souvent aussitôt oubliés après avoir offert un moment de réconfort au lecteur satisfait de les retrouver régulièrement. Cependant on peut postuler que le lecteur expérimentait le sentiment d'avoir repris une œuvre là où il l'avait laissée, comme on reprend le fil d'une conversation. Si cela peut paraître évident pour un comic strip comme Mafalda, il s'agit de démontrer que le phénomène est semblable pour les dessins humoristiques qui, peu à peu, composent une œuvre et dialoguent les uns avec les autres. A travers les emplois de la forme, d'une part, et la dynamique de répétition et de variation, de l'autre, le lecteur peut suivre les mécanismes de construction d'une œuvre qui dépasse son essence fragmentaire tout en la mettant en question. Claire Latxague – Lire Quino, politique et poétique dans le dessin de presse argentin (1954...

Débuter...

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« Il faut continuellement commencer par la fin » Stanislaw Jerzy Lec J'étais apprenti-comédien et j'essayais tout simplement de jouer. Personne ne m'ayant appelé pour un rôle, je jouais mes propres textes dans un registre comique. Comme on dit, je courais le cachet. Un soir dans le Nord, un autre soir en Bretagne, et ainsi de suite. Je rencontrais (ou plutôt je tentais de rencontrer) les directeurs de théâtre ou de Maison de la Culture, ou même de Maison de Jeunes, (ce qu'on appelait alors M.J.C.), de Foyer Léo Lagrange, de ma région. C'était toujours assez pénible. En général, le directeur en question n'avait qu'un but dans la discussion : éviter que je joue dans sa salle. Ou alors à certaines occasions bien précises, hors programmation ou lors d'une soirée pour « artistes locaux ».  Je ne comprenais pas à l'époque cet ostracisme systématique. Il m'aurait semblé normal qu'un directeur de théâtre me soutienne, me dise : « Tu es...

Raúl González Tuñón

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Raúl González Tuñón fut un poète argentin. Correspondant de guerre au Chaco et en Espagne pendant la Guerre civile, il fit partie de l'avant-garde littéraire argentine des années 1920 et voyagea ensuite en Europe. Blues des petits ramoneurs Te souviens-tu des Turcs qui vendaient du tissu de Madras et des mannequins en chiffon qu'on brûlait la nuit de la Saint-Jean ? Te souviens-tu des petits ramoneurs et des nègres qui jouaient du tambour et de moi qui les soirs de pluie derrière les vitres regardais le paysage tombant dans le fossé ? Te souviens-tu du mur du jour escaladé brûlé mordu comme un fruit ? Te souviens-tu de María Celeste ? Bon, aujourd'hui María Celeste est une putain. Te souviens-tu de la boutique fraîche, violette, rose et de sa lanterne verte et tordue ? Te souviens-tu de Juan el Broncero ? Bon, aujourd'hui Juan el Broncero est un voleur. ...

Roberto Juarroz

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Roberto Juarroz nait le 5 octobre 1925 à proximité de Buenos Aires en Argentine, son père est chef de gare, il vit « dans l’atmosphère des trains longue distance, chargés (…) de l'esprit du voyage et de l’aventure (…), dans la nature (terre simple et dénudée, des champs immenses, le silence assourdissant, des arbres, de nombreux oiseaux, les animaux, la pluie, le vent, et sans fin le ciel, la mer, etc.) et la religion (l'église catholique, des prières, des livres de dévotion, les prêtres et les religieuses, l'école religieuse, etc.). J’étais un enfant solitaire entre maladie et famille nombreuse. » À l’adolescence, il découvre, par la lecture, l’écriture poétique. La mort de son père lui fait quitter « l’église et ses paillettes ». Il garde un rapport à la mystique qui se déploie tout au long de son œuvre. Un réseau de regard maintient l'unité du monde l'empêche de tomber. Et bien que je ne sache pas ce qu'il en est des aveugles, mes yeux ...

Patricia Zangaro

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Née à Buenos Aires en 1958, elle a écrit une vingtaine de pièces de théâtre, toutes créées - et publiées pour la plupart - parmi lesquelles Hoy debuta la finada (1988), Pascua Rea (1991), Por un reino (1993), Auto de fe… entre bambalinas (1996), Ultima luna (1998) A propósito de la duda (2000), Las razones del bosque (2002), La Hora Nona (2006) et Una comedia bareback sobre el sida (2006)… Elle a obtenu plusieurs prix. Ses pièces sont traduites en français, anglais et portugais. A propos du doute (d'après les témoignages des mères de la Place de Mai) HOMME – Un moment ! Je ne peux me taire. J'ai quelque chose à dire. Quand le coup d'Etat s'est terminé, je finissais mes classes de gendarme. Je fus intégré à la caserne du Détachement Mobile n°1 de la Place de Mai, dans un escadron qui s'entraînait à lutter contre la guérilla. Nous étions envoyés de temps en temps en dehors de la capitale. C'est ainsi que dans la Brigade Olimpo, ma mission étai...