Sorcier de Jim Harrison On entre dans ce roman comme par effraction. Ou plutôt on voit une porte entrouverte derrière laquelle il se passe des choses suspectes, surprenantes, intrigantes. On ne peut s'empêcher de pousser la porte pour y comprendre quelque chose. Johnny, qui se fait appeler Sorcier, commence par mourir au premier chapitre. Une vraie mort, mais heureusement il se dédouble. Ainsi finalement ce n'est que son double qui est mort. Ensuite, il visite régulièrement ses rêves, ses fantasmes, ses visions. Diana est la femme patiente et courageuse, qui travaille pour deux. Mais si nous entrons chez ce ménage cocasse, on constate qu'ils font l'amour, qu'ils baisent bien. Et quand ils ont fini, ils mangent. La nourriture et le sexe, un point c'est tout pour le moment. Il tira lentement sur le jean de Diana, la retourna, l'inclina sur une ottomane de cuir et se mit à sabrer comme un fou. Puis il l'allongea sur le dos et lui
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Affichage des articles du octobre, 2018
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Les temps sont durs Le quartier semblait désert. Je m'aventurai dans ces petites ruelles. Apparemment, je n'étais ni suivi, ni observé. La boutique était toujours fermée, mais en frappant un certain nombre de coups (sept pour les initiés), elle pouvait s'ouvrir. Le vieux avait reconnu mes pas sur le pavé et il m'accueillit avant même que je ne toque à la porte. Il vérifia tout de même que personne ne m'avait vu entrer. Les temps sont durs, jeune homme, vous savez. C'est gentil de m'appeler jeune homme, mais... Je m'adresse toujours ainsi à ma clientèle masculine. Sinon, je dis : Mademoiselle. Que voulez-vous, un commerçant reste un commerçant et tout son art commence par la flatterie du client. Est-ce qu'on peut parler ? demandais-je à voix basse. Venez par ici. Il m'introduisit alors dans une pièce plus petite qui lui servait aussi de cuisine et de chambre à coucher. Il mit en marche un petit appareil et l'
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Croire ou conduire... C'était à Iasi il y a quelques jours. J'étais dans un taxi qui devait me conduire au Théâtre National. Le chauffeur parlait au téléphone en tenant son portable de la main gauche. Il semblait avoir une certaine habitude de cette pratique et il conduisait presque aussi bien que lorsqu'il ne téléphonait pas. Seulement en passant devant ce qu'on appelle en français la cathédrale métropolitaine, il fit un signe de croix comme il en a l'habitude. Ainsi le portable dans une main, le signe de croix dans l'autre, il quittait le volant des deux mains et il fit une embardée en voulant éviter une voiture en sens inverse. Et le chapelet qu'il avait accroché à son rétroviseur s'est fracassé sur le pare-brise. Alors le problème qui se pose est le suivant. En cas d'accident, aurait-il été condamné pour le portable ou pour le signe de croix ? Bien sûr, il est interdit de téléphoner pendant qu'on conduit un
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Il y a toujours un enfant Dans la nuit d'un bombardement, il y a toujours un enfant tout déchiré aux genoux les cheveux blancs de plâtre Sous l’œil fixe de la famine il y a toujours un enfant le ventre rond comme un ballon les jambes fines comme des ficelles En plein naufrage et chavirage il y a toujours un enfant orange dans son gilet de sauvetage tremblant de soif dans l'eau de mer Après secousses et tsunamis il y a toujours un enfant nu un gros sac sur la tête et un plus petit dans les bras Dans le désordre des villes il y a toujours un enfant en loques tendant la main au nom de tous les dieux Où l'usine vomit ses fumées il y a toujours un enfant au travail et interdit d'école esclave sérieux comme un pape Et puisqu'il faut prendre du plaisir il y a toujours un enfant en bas résille qui joue au gendarme et au violeur Pourtant dans mes souvenirs
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Pas de nouvelles, mauvaises nouvelles Chaque fois qu'il partait pour s'installer dans un coin tranquille pour écrire, ses proches lui disaient toujours : « Donne-nous de tes nouvelles ». Et lui, il écrivait une nouvelle, inspiré qu'il était par le cadre rupestre ou agraire qui l'environnait. Souvent cela avait la forme d'un conte philosophique et poétique à la fois. Il se mettait au travail dès l'aube et son imagination faisait le reste. Il était question d'un hibou métaphorique qui entrait en transes et nous faisait assister à un sabbat dans la plus grande tradition occulte. Ou alors, il se mettait lui-même en scène dans une jolie histoire de pasteur d'ours attaqués par une bande d'agnelles affamées. Oui, il y avait toujours ce brin de folie qui faisait qu'on ne devait logiquement quitter la lecture sans en connaître le dénouement. Mais il était si perfectionniste qu'il lui fallait une semaine de travail pour une nouvelle de quelq
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Dumitru Crudu est né le 9 novembre 1967 à Flutura, un village du centre de la république soviétique de Moldavie, aujourd’hui République de Moldavie. Il a étudié le journalisme dans la capitale moldave Chişinău et la capitale géorgienne Tbilissi et a obtenu un diplôme des universités roumaines de Braşov et Sibiu. En 1994, il a fait ses débuts avec la publication simultanée de deux recueils de poèmes: Falsul Dimitrie (Le faux Dimitri) et E închis vă rugăm nu insistaţi (Fermé, n’insistez pas). Nous venons de jouer sa pièce « L'élection d'Alexandre Sutto » en Roumanie et en République Moldave. Il a fait paraître un nouveau recueil de poèmes « Cinci poeme din Rotterdam » dont voici le début. Canards de Rotterdam poème de Dumitru Crudu A Rotterdam j'ai vu deux canards qui se dandinaient sur la falaise et je les ai suivis. de cette falaise jusqu'au pont, du pont où sifflait le métro, avec lequel j'étais venu moi aussi une
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Ranimons l'irritation de Breton Lorsqu'en 1985, il m'est venu l'idée un peu désinvolte de monter un spectacle intitulé « La Mariée mise à nu par ses célibataires, même » d'après le Grand Verre de Marcel Duchamp, l'excitation était à son comble. Ce fut un succès, notamment au festival d'Avignon où l'on refusait du monde même en jouant à minuit. Et nous avons joué cette pièce pendant trois ans. Elle fut traduite aussi pour la Suède et le Brésil. Mais le souvenir que j'en ai gardé vient d'une représentation au festival de Coye-la-Forêt dans l'Oise. Le public était enthousiaste comme partout ailleurs, mais étaient venus ce soir-là, de Paris, Madame Duchamp et les gardiens du temple surréaliste, notamment Elisa Breton et Jean-Jacques Lebel. Madame Duchamp fut très amusée par le spectacle . Mais les autres faisaient une tête de six pieds de long, refusant de me serrer la main et se maintenant à une distance suffisante pour ne pas être e
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Le tournage est dans trois heures Elle se dégagea des draps poisseux ; il la détaillait et réfléchissait à la meilleure façon de poser la question fatale : Alors heureuse ? (non, c'était trop cliché) Moi, j'ai pris mon pied, et toi ? (non plus, et puis je n'aime pas cette expression) Franchement ça t'a plu ? (Ben oui, mais vraiment banal) Il me semble bien qu'à un moment, tu as eu un orgasme, non ? (En tout cas, c'était très bien imité) En tout cas, tu es un bon coup (mais ce n'est pas un peu vulgaire?) Enfin il se décida pour la formulation suivante : Toi, au lit, il ne faut pas t'en raconter ! Elle le regarda d'un air un peu navré tout en s'essuyant l'entrejambe. Enfin, je veux dire, au lit, tu tiens tes promesses. Moi ? Oui, toi, bien sûr. Au lit, tu es une vraie... Attention à ce que tu vas dire ! Une vraie diablesse. Mais, en même temps, tu as ce regard triste et langoureux, cett
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En revenant de Roumanie (et de République Moldave) Revenir, revenir... Dix ans après... L'impression que la ville de Iași jouait à cache-cache avec moi. Des rues que je reconnaissais au premier regard et qui semblaient avoir gardé fidèlement le même aspect pour que je puisse avoir le sentiment que tout y était préservé pour moi et mes souvenirs. Et juste à côté des endroits où je me retrouvais dans une ville étrangère jamais visitée. Rien d'hostile, mais une indifférence totale et des oiseaux qui chantent le refrain de Pierre Vassiliu : Qu'est-ce qu'il fait, qu'est-ce qu'il a, qui c'est celui-là ? Complètement toqué, ce mec-là, complètement gaga Il a une drôle de tête ce type-là Qu'est-ce qu'il fait, qu'est-ce qu'il a ? Et puis, tout de même, une ville qui attire des milliers de spectateurs pour un festival de Littérature et de Traduction, au point que le Théâtre National é