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Affichage des articles du septembre, 2023

Khaled Haddaji

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 Khaled Haddaji est, avec Oumama Ezzaïer, le principal représentant du Groupe «Texte ». La plupart des compositions poétiques de Khales Haddaji, et particulièrement son poème « Agonie », atteste qu'il n'est désormais plus question d'un discours idéaliste sur l'être nouveau, ou sur le monde en son entier. Ce monde tel que le poète le voit depuis les ruelles et les avenues de la ville, par-delà les murs et les rideaux, est un monde qui s'amenuise, encerclant et enserrant l'homme peu à peu, avant d'exploser en milliers d'éclats. Telle est alors la nouvelle topographie d'une ville au bord de l'agonie. Agonie Ses artères sont ruelles fermées Epuisantes avenues Et combien de rides De sombres rideaux couvrent ses fenêtres Et le sang péniblement coule dans ses veines Ses murs sont près de s'effondrer Ses voix faibles et habitées de sanglots Et ses trottoirs alourdis de plaintes Ses pas sont au bord de la tombe Ses lumières faiblissent

Bechir Khraïef

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  L’écrivain Béchir Khraïef (1917-1983) peut être considéré, sans conteste, comme l’un des fondateurs majeurs du roman tunisien. Et comment oublier sa fameuse nouvelle Khalifa al-Agraa ? (1960, revue Al Fikr (trad. Khemaïs Khayati, «Khalifat le teigneux», revue Europe, spécial «Littérature de Tunisie», n°702, oct.1987). Cette nouvelle fut adaptée au cinéma en 1969 par Hamouda Ben Hlima. Khalifat le teigneux Khalifat trouva un coin ombragé et frais. Là, il y avait une jeune fille vêtue d'une vieille robe, les pieds tendus, la tête enfouie dans les bras et le visage couvert par de longs cheveux. C'était Jalila, la fille du Haj. Par Dieu le grand, d'où es-tu tombé ? Elle rougit comme quelqu'un pris sur le fait, tira sa robe sur ses doux genoux et cacha sa poitrine. Il lui répondit : Je ne savais pas où aller par cette chaleur. Et toi, que fais-tu ici ? Moi aussi, je ne savais où aller. Et où veux-tu aller ? Sa peur dissipée, Jalila sentit le

Abdelkader Ben Cheikh

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  Le roman « Et ma part d'horizon » (1970) d'Abdelkader Bencheikh s'incrit dans le cadre d'un nouveau courant littéraire qui se développe en Tunisie et qu'on appelle à tort ou à raison le 'courant formaliste'. Ce roman décrit les désillusions de l'indépendance à l'échelle d'un village, vraisemblablement le village de Zaghouan, situé à une soixantaine de kilomètres au sud de Tunis. Avec la jeune école 'formaliste', la création littéraire tunisienne prend une dimension politique très précise, notamment dans la lutte avouée ou larvée contre l'idéologie dominante qui impose ses propres normes esthétiques, comme elle impose d'autres normes de divers ordres. Communiqué : nous avons appris de source sûre que des négociations secrètes se déroulent entre colonisateur et colonisé. Mais le combat continue. Pluies de mars Grand moment à vivre Nous nous sentions comme étrangers à la fête Tant nous n'étions pas habitués à la joie

Nouvelle version de la cigale et la fourmi (conte de Tunisie)

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  Le chant de la cigale Un jour, il y a très longtemps, lorsque la saison des moissons arriva, la fourmi commença à glaner des grains de blé et les enfouir dans sa fourmilière pour faire des provisions. Mais bientôt elle remarqua que des oiseaux et des insectes, profitant de son absence, venaient régulièrement lui soustraire son bien. Elle décida alors de faire appel à sa voisine la cigale pour surveiller sa fourmilière et l'avertir au cas où des prédateurs se pointeraient. En contrepartie, elle lui promit de la gratifier d'une bonne part de sa récolte pour service rendu. La cigale accepta et s'attela dès le lendemain à sa tache. Se tenant aux aguets, chaque fois qu'elle voyait des oiseaux survoler la fourmilière, ou des insectes s'en approcher, elle lançait des stridulations aiguës qui les effrayaient et les faisaient fuir. La fourmi, une fois la saison terminée, estima que l'effort de la cigale, tout compte fait, n'était pas assez louable. Elle se ré

Karima Ouerfelli

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  Karima Ouerfelli , artiste dessinatrice portraitiste, est née au sers, une ville située à une trentaine de kilomètres à l’est du Kef. Passionnée depuis son enfance par l’art, elle se dirige après avoir eu son baccalauréat vers l’école des beaux-arts de Tunis où elle a obtenu sa maîtrise en arts plastiques spécialité sculpture. Actuellement, elle vit et travaille à Tunis. Elle a exercé dans différents domaines de métiers (commerce, social, enseignements). Son parcours et ses voyages lui ont permis de découvrir d’autres civilisations et d’avoir un attrait particulier pour les portraits. Son travail s’intéresse à l’Homme avec toute la complexité de sa nature qu’elle représente par des dessins réalistes. Ces portraits pourtant inertes, figés sont vivants, les réceptacles des âmes de ceux qui y sont représentés, l’urne contenant leurs vécus.

Hedi Habbouba

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  Enfant des faubourgs, Habbouba fait ses premières armes dans le milieu de la musique en tant que percussionniste de mezoued avec le duo  Zina et Aziza . Possédant les atouts du métier, un corps de danseur et une voix typique du chant populaire, il se met à son propre compte et enregistre son premier disque en  France  en 1967 avec des reprises de succès du patrimoine tunisien. C'est sa rencontre avec un certain Hachlef, qui dirige en France les éditions Artistes Arabes Associés, ainsi que la sortie de son premier tube,  B'jah allah ya hob asmaâni , qui le propulsent sur la scène de la chanson populaire en Tunisie et parmi les immigrés maghrébins en  Europe . À partir de là, Habbouba passe de la reprise de chansons à la création en s'attachant les services de paroliers comme Khouini et d'autres jeunes poètes. De plus, il participe de la modernisation de la chanson populaire en travaillant sur les paroles, la musique, les formes de représentations et en intégrant le

Yamen Manai

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 Et puis, quelque part, plus haut, soudain les détonnations. Boom ! Boom ! Le tonnerre dans le ciel, et le ciel qui me tombe sur la tête. On sait tous ce qu'est ce bruit, apparu dans nos nuits l'année dernière. Pas de panique, avaient communiqué les autorités après les premières détonnations qui terrorisaient les gentils citoyens dans leur profond sommeil. Pas de panique, ce sont des tirs d'agents municipaux et les voix qui hurlent et supplient sont des jappements de chiens. Ceci est une campagne nationale d'abattage de chiens. On nettoie, pour vous, alors que des poubelles il y en a des rivières et des montagnes, les ordures y en a plein les étages, et la merde y en a du sol au plafond, mais ils ont choisi de titer sur les chiens, c'est comme ça qu'ils ont décidé de nettoyer. Croyez-moi, dans ce pays, ce ne sont pas les chiens qui méritent une balle en plein tronche. Avez-vous déjà vu des hommes courir pour leur vie ? Ben les chiens, c'est pareil, sauf que

Mouvement littéraire Nass

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Le mouvement Nass réunit un groupe de poètes qui ont en partage une formation universitaire similaire, une fréquentation passionnée de la poésie et des visions intellectuelles et esthétiques très proches. Ils éditerond d'ailleurs un manifeste. En voici le premier temps, extrait du recueil de la poétesse Oumama Ezzaïer intitulé Le monde est une gerbe d'imaginaires (2013) , qui résonne comme une déclaration d'insoumission à l'ordre établi : Nous n'entrerons pas dans le moule... Nous n'obéirons pas à la voix du réalisateur au critique qui nous commande et dicte nos pas... Nous ne nous bousculerons pas ici sur la voie étroite... où s'amassent les vautours dans l'attente du prochain cadavre... Nous ne sommes pas des ballons que les vents se renvoient au rythme d'une musique foraine... Nous jouissons en toute légèreté du plaisir le plus simple, licite ou illicite... Des jarres d'huile et de miel de la pièce sud sur laquelle veille notre gr

Ali Douagi

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  Né le 4 janvier 1909 à Tunis et décédé le 27 mai 1949 à Tunis, Ali Douagi est un nouvelliste et homme de théâtre tunisien d'expression arabe. Il est aussi surnommé le « Marginal tunisien ». Connu pour ses satires, il est l'une des figures emblématiques de la bohème et du spleen des intellectuels du groupe Taht Essour. Douagi a été publié dans plusieurs mensuels et hebdomadaires des années 1930 et 1940. Ses écrits sont caractérisés par un réalisme souvent caricatural qui rend compte des mœurs et travers de la société tunisienne de son époque.  Douagi meurt de la tuberculose à l'âge de quarante ans. Le docteur prit le temps d'essuyer ses lunettes, d'allumer une cigarette avant de commencer sont récit : - « J'avais, il y a des années, soigné au dispensaire une femme atteinte d'une certaine maladie secrète et maligne qui exigeait plusieurs mois de piqûres. Elle était d'une grande beauté, si ce n'était que le mal avait gâché sa lèvre inférieur

Mohieddine Khraïef

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  Strophes dédiées à la ville et au vide Debout derrière la porte sentiments et poings liés, l'oeil insomniaque j'attends le retour. L'énergie de mon corps n'est plus que cendre ; à ma chaîne je reste attaché pleurant avec des yeux aux paupières arrachées. O roseau, mon voisin ! et toi, lavande qui parfume ! Des mois sont passés mais le mal fait toujours des ravages parmi les esseulés qui sont comme orphelins. Arides sont mes saisons ma coupe est en sang et ma boisson le vide. Un lien passé fait d'illusions me tient encore attacné au fond. Les oiseaux me fuient car je suis un jardin d'arbres dépourvu ; car je suis un désert. J'ai passé bien des années brûlées par la soif sans yeux pour regarder sans passion pour rêver marchant sans savoir ce qui arrive ou peut arriver. Khayyâm, mon ami ! où donc sera plantée ma tente ? Je voudrais tant dormir après mille ans de dure errance ! Les porteurs de lanterne

Légende de Tunisie

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  L’haleine fétide du lion Il est de coutume de voir les animaux se tenir toujours à distance du lion, sans jamais trop l’approcher, non seulement par peur de sa puissance, mais aussi à cause de l’haleine fétide qu’il dégage chaque fois qu’il respire. Cette mauvaise haleine n’était pourtant pas née avec lui. On raconte que la lionne, très jalouse de voir les femelles tourner autour de lui, décida un jour de le rendre moins séduisant. Elle lui prépara un mets à base de chair de putois et de porc-épic, mélangée aux urines du chacal et du renard. Le tout assaisonné d’herbes aromatisés pour donner du goût. Le lion trouva ce plat savoureux et le mangea avec délectation. Dès le lendemain, son haleine devint fétide. La lionne s’en accommoda tant bien que mal, mais elle fut tout de même satisfaite de voir que son stratagème avait bien réussi. Désormais, tous les animaux, mâles et femelles confondus, se détournaient de son mari et ne supportaient plus de s’en approcher. Elle ne cessa de lui s

Nesrine el Amine

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  Nesrine Elamine de nationalité tunisienne. Diplômée d’un Doctorat en Théories de l’art, et un DEA d’ Arts Plastiques à la Sorbonne Paris.  Assistante universitaire à l’Ecole des Beaux Arts de Nabeul  depuis 2008, artiste plasticienne, écrivaine, directrice artistique d’une galerie d’art et  commissaire d’expositions nationales et internationales (Festival international d’art féministe de Tunis « CHOUFTOUHONNA » au Musée du  théâtre de Tunis et Commissaire de l’exposition du Forum National « Point Virgule » au Musée de le Ville de Tunis (Palais Kheireddine). Elle est Membre de la commission d’acquisition d’œuvres d’art pour le fond National de l’Etat et ensuite Présidente de la même commission.

Khomeiny en 1979

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Khomeiny à Neauphle-le-Château  Installé à Neauphle-le-Château depuis le 8 octobre 1978, Khomeiny quittait la France fin janvier 1979 pour faire un retour qu'il imagine triomphal à Téhéran. On se souvient de tous les joyeux démocrates qui allaient le visiter et l'encourager dans sa résidence de la région parisienne. La dictature du shah d'Iran prenait fin, sous les grèves des ouvriers et des manifestations des étudiants. Mais, comme on l'a vu récemment encore lors de ce qu'on a appelé les « Printemps arabes », on a trouvé un dérivatif à la révolution : l'iman Khomeiny. Car la majorité des Iraniens ne voulaient d'un Etat islamique ; il y avait des athées, des communistes, des libéraux, des gens qui tout simplement voulaient retrouver la liberté. Aussi quatre jours après son arrivée à Téhéran, Khomeiny, que les démocraties occidentales ont adopté et promotionné (car il est plus facile et moins dangereux d'avoir affaire à un homme qu'à un peuple) const

Meïmoun El Tounsi

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  Maurice Meimoun, connu sous le pseudonyme de Meïmoun El Tounsi, né le 21 février 1929 à Tunis et décédé le 18 août 1993 à Tunis, est un musicien et auteur-compositeur tunisien. Issu d'une famille juive, fils du chanteur, compositeur et musicien Mouni Jebali, venu de Libye en 1908 et qui découvrit Chafia Rochdi et Hédi Jouini, il naît dans le quartier de Bab Souika près du mausolée Sidi Mahrez. Maurice Meimoun fait ses débuts en 1952, encouragé par Hédi Jouini, en chantant de la musique libyenne. Il part ensuite à Paris et y joue l'oud et parfois du violon dans un orchestre oriental. . De retour à Tunis en 1957, il entre à l'orchestre de Radio Tunis en tant que violoniste mais se fait vite remarquer en tant que compositeur. Il retourne à Paris en 1962 et y monte son propre orchestre qu'il dirige jusqu'à sa mort ; il participe aussi à de nombreuses émissions télévisées sur FR3 (intitulées Mosaïque), écrit et enregistre de nombreuses musiques. En 1974, il est