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La Patagonie rebelle

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La Patagonia rebelde est un film réalisé par Héctor Olivera en 1974 et interprété par Héctor Alterio, Luis Brandoni, Federico Luppi et Pepe Soriano. Il a été écrit par Olivera, Fernando Ayala et Osvaldo Bayer, d'après le livre de Bayer intitulé « Les vengeurs de la Patagonie tragique ». Le 13 juin 1974 le président Juan Domingo Perón signe le décret d’approbation pour que le film puisse être projeté. Après la mort du président, il a été interdit le 12 octobre de la même année par le gouvernement d'Isabel Perón. Jorge Cepernic, gouverneur péroniste de Santa Cruz, a été emprisonné pendant six ans par la dernière dictature civico-militaire de l'Argentine, pour avoir, entre autres, permis que le film soit tourné dans cette province. La plupart des acteurs et des cinéastes ont dû partir en exil. En Argentine, il n'a pu être montré à nouveau qu'en 1984, avec le retour de la démocratie. Le film a remporté l'Ours d'argent au Festival internatio...

Alfonsina Storni

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Cigale par une nuit de lune  De sa tour de guet, la crécelle vocale de la cigale franchit les horizons de l’arbre, pour convoquer tous les grillons à se réunir dans des lits de rosée.  Contre les tanks frais des crapauds, les grillons mobilisent de verts bataillons menés par la criarde capitaine, et voici qu’ils ont encerclé les balcons de la lune.  En perruque de neige et en redingote d’Orion boutonnée, très en bleu dans l’ensemble, avec une main en soufre et l’autre en plâtre,  la lune plie le buste pour saluer et les grillons en guise de baïonnettes lèvent vers leur reine leurs pattes pointues.  Didier Coste (traducteur) : Alfonsina a été traduite trois fois en anglais depuis 1987 (deux petites anthologies, puis « Mascarilla y trébol »), elle a été traduite en italien, mais pas en français, contrairement à Alejandra Pizarnik, à Olga Orozco et à plusieurs créatrices actuelles. Elle fait part...

Eduardo Rovner

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Il y a presque un an, le 21 avril 2019, mourait le grand dramaturge Eduardo Rovner, à l'âge de 76 ans. Voici un extrait de sa pièce « Concert d'anniversaire ». Quatre vieux fanatiques de Beethoven -qui symbolise pour eux la liberté, la paix et la joie, forment un quartette de cordes. Ils se préparent pour un concert à la télévision qu'ils attendent depuis très longtemps. Mais dans l'appartement où ils répètent se trouve la femme d'un des musiciens qui est en train de mourir. Ses lamentations et ses appels à l'aide vont venir interrompre la répétition, énervant chaque fois un peu plus les musiciens... PEDRO – Allons, madame, soyez raisonnable, ne nous faites pas de difficultés, ne compliquez pas les choses. Allez, allez ! (ils l'empoignent et la font sortir) IGNACIO – S'il vous plaît, concentrons-nous... Ne laissons plus personne nous perturber... ESTEBAN – Ce que je vois, c'est que c'est moi qui mets le plus d'émotion. PEDRO –...

Graciela Martínez

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Graciela Martínez est née à Cordoba en 1936. Elle est considérée comme la danseuse la plus importante d'Argentine. Elle travailla également à Paris. Elle fut mariée un temps avec le peintre et sculpteur Antonio Segui. Proche des milieux d'avant-garde, elle s'inspira de la musique pop et elle écrivit en 1968 dans la revue CIELO : Bonne nuit Buenos Aires Les gens sont devenus sérieux. Analysons la proposition. Les  : article, masculin, pluriel gens  : substantif neutre sont devenus  : verbe, mode, etc... sérieux  : adjectif qualificatif, masculin, pluriel Etre sérieux ou devenir sérieux ou se comporter comme des êtres sérieux ou être condamné à être sérieux, ou être en état d'extinction, signifie ou ne signifie pas se promener entre le gris et le marron, manger à heures fixes, mettre un chapeau en certaines occasions, faire la tête la majeure partie du temps, exprimer des idées fixes comme bonjour en se levant, bonne nuit en se coucha...

Emil Cioran, psychologue du couple!

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Dans son livre, « Le Consentement », Vanessa Springora raconte comme elle a été séduite à l'âge de quatorze ans par un écrivain de cinquante ans, Gabriel Matzneff, qui ne cachait pas son attirance physique pour les moins de seize ans, garçons ou filles, et elle dépeint l'emprise que cet homme, a exercée sur elle. Elle évoque aussi Emil Cioran, qu'elle connaissait par l'intermédiaire de Matzneff et on reste confondu par la réponse que lui fit l'écrivain roumain lorsque, à bout de force et de nerfs, elle vint le trouver pour lui demander conseil et réconfort. Emil, je n'en peux plus, finis-je par hoqueter entre deux sanglots. Il dit que je suis folle, et je vais finir par le devenir s'il continue. Ses mensonges, ses disparitions, ces filles qui n'en finissent pas de venir frapper à la porte et même cette chambre d'hôtel où je me sens prisonnière. Je n'ai plus personne à qui parler. Il m'a éloignée de mes amis, de ma famille....

Légende d'Argentine

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La colombe poignardée Tupa, le créateur de l'univers, était obsédé par un rêve : créer un être tout blanc. Il réussit un jour à transformer une très belle jeune fille qui jouait sur une plage de sable doré en colombe. La colombe prit son vol, voyagea longtemps et s'aperçut qu'elle était la seule à porter ce blanc immaculé. Elle se mit alors à gémir longuement. Tupa, qui connaissait tous les bruits appartenant à son royaume, tendit l'oreille. Car il venait d'ouïr un son curieux, jamais entendu. C'était la colombe qui se lamentait sur son sort. Elle en était venue à se trouver monstrueuse, la robe blanche qu'elle portait lui semblait ridicule, tant et si bien qu'elle évitait de se regarder. Elle dépérissait à vue d’œil et, un soir qu'elle ne pouvait plus se tenir sur ses pattes tant elle était triste, elle appela Tupa. Je te conjure, dieu des puissances supérieures, de la foudre et de la pluie, de me donner le plumage du corbeau ou c...

Le coronavirus et la fin du néo-libéralisme

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Le coronavirus et la fin du néo-libéralisme post-moderne Juan Antonio Molina en nueva tribuna (Buenos Aires) Voici le moment où le capitalisme dans sa version néolibérale est réduit à l'absurde, tout comme son support métaphysique. Cette crise du coronavirus remet tout en question. Elle affecte gravement la santé des citoyens, la vie des entreprises, l'avenir des patrons, des travailleurs et surtout des travailleurs précaires et pauvres. Tous dans le même tourbillon, parce que dans les sociétés modernes il y a une « communauté de destin » qui nous lie inextricablement les uns aux autres. Avoir cassé ce lien, même émotionnellement, en répandant la peur de l'autre, l'individualisme radical, le manque de solidarité sociale, le « sauve qui peut » que nous impose le néolibéralisme nous rend aujourd'hui plus fragiles. C'est le fruit de cette perverse hégémonie culturelle qui fait que nous nous affrontons au lieu de nous unir pour affronter un ennemie commun ...