Caracasseries

De l'individu au malfrat « Il y a eu un vol. 11h23 - On appréhende un individu. » Pour l'instant, il n'a encore rien fait, mais il est déjà un individu. On peut tout supposer. Un individu, ça ne peut être que louche. « 13h14 - L'homme arrêté ce matin a été mise hors de cause. » De ce fait, il devient plus humain. « 17h25 – La police est à la recherche d'une personne qui pourrait avoir été une autre victime du voleur. » Si on a été volé, on n'est plus un homme, mais une personne. La police est censée protéger les biens et les personnes. Mais elle n'y arrive pas toujours, ou elle n'y arrive toujours pas. « 19h22 – Nous avons désormais le portrait-robot du suspect. » Le suspect, c'est encore une autre catégorie. Lui, il va falloir qu'il s'explique sérieusement. L'individu, on l'interroge un peu pour dire de parler, mais le suspect, faut pas qu'il nous raconte des histoires. Surtout s'il a un casier. Et s'

Exposition immersive Voici une nouvelle tendance : l'exposition immersive. Dans une ancienne fonderie, l 'Atelier des Lumières du nom du premier lieu culturel parisien consacré à l’art numérique, présente un parcours immersif autour des représentants majeurs de la scène artistique viennoise, dont Gustav Klimt fait figure de proue. 140 vidéoprojecteurs laser tapissent l’espace d’images, 1 500 m2 sur 10 mètres de haut se métamorphosent au son spatialisé de Beethoven, Strauss, ou Wagner. C’est selon le président de Culturespaces, la société de néo-son et lumière qui a développé le projet, « la plus grosse installation multimédia fixe au monde ». Dans un premier temps, on est subjugué par la technique. Il s'agit bien d'immersion effectivement. Les peintures coulent sur nous, sur le sol, au plafond, sur tous les murs. Et l'animation qui en est faite est franchement remarquable. Bien sûr, les dessins de Klimt s'y prêtent à merveille et on reste confondu par

Accident de quête Quand j'étais enfant, il y avait deux corvées pour le seul dimanche matin. Il n'y avait pas à discuter : la messe à 9 heures et le tennis à 10 heures. Par la suite, enfin libéré de ces obligations, si je n'ai jamais remis les pieds dans une église, j'ai apprécié le maniement de la raquette. Mais, à l'époque, peut-être parce que cet exercice m'était imposé, je priais Dieu à la messe de 9 heures pour qu'il nous dispense du tennis de 10 heures par une bonne pluie. Certains dimanches un peu plus dimanches que d'autres, il fallait même aller communier. Mais pour cela, il fallait s'être confessé la veille et surtout n'avoir rien avalé de solide au petit-déjeuner. Le petit Jésus pouvait tomber sur du liquide, mais jamais sur du solide. Il y a des règles quand même. Le seul souvenir que j'ai de ces matins glauques, c'est le froid qui régnait pendant l'office. J'avais l'impression que des murs décorés d

Le bel Antonio Bien sûr, dès que l'on parle du « Bel Antonio », on pense immédiatement au film de Mauro Bolognini (avec Pasolini comme scénariste) et réalisé en 1960 avec Marcello Mastroianni, Claudia Cardinale, Pierre Brasseur. C'est vrai que le film est remarquable. Mais il faudrait aussi et surtout relire le roman de Vitaliano Brancati, écrit en 1949. L'action se déroule à Catane durant toute la période qui couvre l'arrivée de Mussolini au pouvoir jusqu'à sa fin lamentable. Et l'auteur multiplie les interrogations politiques sur le socialisme, le communisme, et évidemment le fascisme. Un jeune homme, beau comme un dieu, fait s'évanouir toutes les jeunes filles autour de lui. Quand je prêche, dit le prêtre, et que votre fils est assis au fond de l'église, les femmes se démanchent le cou pour le regarder, lui... C'est un scandale. Mais savez-vous que sur vingt jeunes filles de bonne famille qui se confessent à moi, dix... ou

LE VIEUX ECRIVAIT ENCORE DES POESIES Le vieux écrivait encore des poésies c'est dire s'il était vieux il les écrivait avec un crayon et une gomme c'est dire s'il était ridicule il les recopiait dans un cahier à spirales c'est dire s'il était gâteux il les relisait le soir à voix haute c'est dire s'il était un peu fou ; On essayait bien de le raisonner : un vieux, ça n'écrit pas des poèmes, voyons ! Et si on les écrit malgré tout pas avec un crayon et une gomme ! Et surtout pas de cahier à spirales, enfin ! Et puis on ne les dit pas à voix haute : que vont penser les voisins ? Chez les voisins justement une mouche avait cessé de voler en l'écoutant, une souris s'était arrêtée de grignoter et l'enfant retira son casque hifi. Ce que disait la cloison était bouleversant. Ainsi ce que l'homme ne peut faire entendre un mur nous le fait écouter.

Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède En1877 était paru « Le tour de France par deux enfants » de G. Bruno. Et c'est en 1907 que Selma Lagerlöf, après avoir reçu une commande de l'Association Nationale des Enseignants, publie « Le merveilleux voyage de Nils Holgersson à travers la Suède ». Mais si les intentions sont les mêmes, la comparaison s'arrête là. En effet, à l'inverse de l'ouvrage français qui n'a plus qu'un intérêt historiographique, le livre de Selma Lagerlöf est un grand livre. C'est vraiment de la littérature intelligente et complexe à la fois. On le donne à lire... Enfin disons qu'auparavant on le donnait à lire aux enfants, mais il est si riche que n'importe qui peut aujourd'hui encore en faire son profit. Le survol de la Suède sur le dos d'une oie est un prétexte pour explorer les mythes et légendes du pays, plus encore que d'en recenser les sites géographiques. S'inspirant des histoi

MAIS POURQUOI LA POESIE... Mais pourquoi la poésie ou même la poèsie... nous laisse-t-elle aussi... si démunis, si affaiblis, si... quelques vers ou pas même et c'est tout un poème ou poéme ou poême ou pôême... mal fichu, sans effets spéciaux sans feux artificiaux sans moments cruciaux... Juste une étincelle qui éteint celle de la grosse ficelle pour jeter son crachat comme celui des chats que jadis au grenier on percha. Tout le monde écrit un art poétique mais qui sait écrire le poème artistique qui est si rare dans les statistiques ? Alors quand on en tient un qui a résisté aux Huns et aux autres importuns, il faut le mettre dans sa poche comme on vole une brioche pour faire comme Gavroche. Et après c'est une affaire entre moi et le planétaire entre Dieu et son contraire.

Ironie uchronique Les Amérindiens sont arrivés en 1491, alors qu'un certain Christophe Colomb projetait un voyage dans l'autre sens pour l'année suivante. Pas de chance. Ils débarquèrent d'abord en Angleterre et la cour avec ses courtisans habillés de chaudes laines les amusèrent beaucoup. Comme ils étaient arrivés de nuit, personne ne les avait repérés. Un ancêtre de nos policeman voulut bien les contrôler, mais comme il n'y avait rien d'agressif dans leur comportement, il les laissa passer. Dans ce premier temps, que nous qualifierons d'observation, les Européens qui se faisaient beaucoup la guerre confraternellement, n'avaient pas d'intentions belliqueuses face à cette vingtaine d'individus dont on ne comprenait ni la langue, ni les mœurs, ni les visées. Visiblement, ils n'étaient pas dangereux, et cela distrayait la population. Il fallut pourtant les nourrir et les vêtir, car l'hiver britannique est rigoureux, mais cela ne gr

Polyamour Autour d’une table de café. LUI – Ah, quelle nuit magnifique ! C'était torride... ELLE - Ouais, torride, on peut dire... LUI – C'était même fusionnel, non ? ELLE – Ah oui, on peut dire. LUI – C'était la première fois qu'on se... Et c'était comme si on l'avait déjà fait... ELLE – Une impression de déjà vu ? LUI – Ah non, pas du tout ! Je faisais référence à notre connivence sexuelle immédiate. ELLE – Oui, ça n'a pas traîné. A peine, je fermais ma porte que tu étais déjà à poil, le sexe au garde à vous. LUI – C'était juste pour te montrer... ELLE – Et puis, tu as enchaîné les positions avec une virtuosité et une souplesse d'artiste circassien. LUI – C'est vrai qu'on n'a pas trop abusé des préliminaires... ELLE – Ce n'est pas grave. Pour moi, les préliminaires ne sont pas éliminatoires. Franchement, c'était trop bon. Tu m'as donné un plaisir intense, sans retenue, sans limite...