Poème d'Aimé Césaire
Ethiopie à Alioune Diop et je vis ce conte byzantin publié par les pluies sur les fortes épaules de la montagne dans l'alphabet fantasque de l'eucalyptus et de vrai au nom du baobab et du palmier de mon cœur Sénégal et de mon cœur d'îles je saluai avec pureté l'eucalyptus du fin fond scrupuleux de mon cœur végétal et il y eut les hommes c'étaient dieux chlamyde au vent et bâton en avant descendant d'un Olympe de Nil bleu et les femmes étaient reines reines d'ébène polie prêtées par le miel de la nuit et dévorées d'ivoire Reine de Saba Reine de Saba qu'en dit l'oiseau Simmorg-Anka ? Ethiopie belle comme ton écriture étrange qui avance dans le mystère telle un arbre d'épiphytes chargé parmi l'ardoise du ciel ni prince ni bouche du prince je me présente moi quinze dépouilles viriles trois éléphants dix lions Ce sont plus terribles que lions roux du Harrar vie domptée angoisses et goules de nuit rêves vingt cicatrices et j'ai vu les tr