Confession
Yeneta rentrait à la maison vers dix heures, sauf le dimanche et les jours de funérailles. Sur le chemin du retour, nombre de croyants s'inclinaient devant lui pour bien montrer qu'ils étaient d'humble extraction. Le prêtre les bénissait et les autorisait à baiser le crucifix qu'il tenait fièrement dans sa main droite. Comme tant d'autres prêtres avant lui, il portait dans l'autre main une chira -de longues lanières de crin de cheval liées et montées sur un manche en bois orné-, qu'il agitait périodiquement sur ses épaules pour dissuader les mouches de profaner son immaculée et auguste personne. (…) A voix basse, Yeneta marmonna quelques platitudes divines avant de faire savoir que les confessions allaient commencer. Un homme d'allure respectable stationné près de la porte fut le premier à se délester du poids de ses fautes. Hésitant, il se racla la gorge et se pencha vers Yeneta dans le vain espoir de préserver un semblant de vie privée, puis il décl