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Mille e tre Quand on se demande combien de conquêtes féminines il faut mettre au crédit de Don Juan, on se réfère au livret de Da Ponte pour l'opéra de Mozart, Don Giovanni. Leporello, qui tient la comptabilité, parle de mille trois femmes qu'il répartit sur plusieurs pays. Il est un fait que mille est un chiffre qui a la résonance de l'infini. On parle de mille ennuis, des mille et une nuit... Mais enfin 1003 femmes pour un séducteur dont c'est l'unique passe-temps, ce n'est pas tant que ça. Si on ne lui accordait ne serait-ce qu'une vingtaine d'années d'activité sexuelle, cela fait une cinquantaine de femmes par an. En gros une par semaine. Avec la réputation et le renom de Don Juan, ce ne doit pas être une affaire. Maintenant si l'on considère que 1003 est un chiffre clos, la question intéressante est de savoir ce qu'il en est de la 1004ème femme, celle qui n'a pas cédé au séducteur. DON JUAN – A combien j'e...
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Voyage à Tombouctou de René Caillié Au début du XIXème siècle, il est une cité « interdite », Tombouctou. Elle résonne dans la tête des Européens comme un défi. On promet de grosses sommes d'argent au premier « blanc » qui y pénétrera. Un Anglais se jette dans l'aventure. Il est tué. Un Allemand subira le même sort. Mais voici qu'en 1828 un Français, René Caillié, va réussir. Il se déguisera en musulman, apprenant par cœur des versets du Coran, observant rigoureusement tous les rites, se cachant pour écrire le journal de son voyage. Il sera volé, dépouillé, réduit quasiment à l'esclavage dans certaines contrées, mendiant affamé dans d'autres ; il tombera gravement malade, il perdra ses dents. Mais il atteindra son but. Les épreuves subies lors de son périple vont beaucoup l'affaiblir et il mourra dix ans plus tard. Ce qui est intéressant dans ce récit, ce sont évidemment les descriptions qu'il fait des différentes tribus qui l'accueillent ou l...
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Voler la littérature Etudiant sans trop le sous, il nous est arrivé à l'époque (il y a prescription) de ne pouvoir résister à l'attrait d'un livre un peu trop cher pour nos finances. Nous le chapardions avec une discrétion qui n'avait d'égale que notre vantardise de l'avoir fait. Il y avait alors beaucoup de petites librairies accueillantes et chaleureuses. On s'en voulait parfois de piquer un bouquin tant le libraire nous avait à la bonne. Mais enfin, il faut bien lire... Et puis, tout de même, certaines fois nous en achetions. Tous les magasins ne disposaient pas de système de détection des vols. Je me souviens de la réflexion d'un libraire, constatant qu'un de ses ouvrages avait disparu : « Un livre volé est un livre lu ». Ce qui démontre qu'il avait plus le soucis de la culture générale que de son économie personnelle. Quand une librairie fermait, parfois j'avais un sentiment de culpabilité en me disant que si j'avais payé...
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Le grand Camisares del cloaco L'arène, éclatante de couleurs vives et de musiques violentes, était redevenue le centre de la cité. Et avec les moyens modernes de diffusion, en quelque sorte, le centre du monde. Les spectateurs au soleil ne payaient qu'une modeste participation ; ceux qui étaient à l'ombre profitaient de tous les services offerts et inclus dans le prix du billet. On leur proposait boissons fraîches et repas légers ; des cireurs de chaussures et des masseuses étaient également à leur disposition. Par-dessus le grillage qui séparait les deux publics, les vendeurs à la sauvette pouvaient à la rigueur jeter des cacahuètes aux plus déshérités en échange d'une menue monnaie. Mais c'était la seule concession que l'on faisait aux pauvres qui croulaient sous le soleil. Pour les gens les plus fortunés, il y avait aussi des loges, où se glissaient suavement quelques prostituées. Evidemment tout le monde attendait le spectacle avec la même impati...
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Un quart d'heure de pessimisme par jour   Tiens, voilà encore une route d'où on ne reviendra pas un chemin qui sentait bon l'espoir d'en finir mais on n'en finit jamais le nouveau monde est une nouvelle fois conquis et les conquistadors d'aujourd'hui n'ont plus de frontières pour salir, corrompre, amasser l'or et entasser les humains à chaque fois que brille une petite lumière c'est immédiatement tout un déluge pour l'éteindre un pays, c'est comme on a dit qu'il doit être un point c'est tout un esprit aussi sinon voilà les invectives qui tombent comme des horions : communisssste... Venezzzzzuela... bolche guevara... on asphalte la planète idéologiquement il n'y a plus qu'une route pour la fin du monde et on est obligé de l'emprunter emprunter n'est pas le mot juste car il y aura des péages.
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La vie quotidienne à Rome à l'apogée de l'Empire » de Jérôme Carcopino C'est un ouvrage un peu ancien (1939), mais il reste une référence en la matière. Il y a bien sûr beaucoup de choses que l'on sait ou que l'on croit savoir, mais, s'appuyant sur sa grande connaissance des textes latins, l'auteur nous fait toucher du doigt avec un grand réalisme la vie de cette époque. D'abord il nous explique que vivaient à Rome environs 1 200 000 personnes dont 150 000 indigents que la ville nourrissait tous les mois. Etant donné le nombre de fêtes et de divinité, il y avait quasiment deux jours fériés pour un jour travaillé. Malgré le faste de l'Empire, les conditions de vie étaient pénibles, y compris pour les plus riches. Manque de lumière, un brouhaha infernal toute la journée et même la nuit, et même l'enseignement était très mal dispensé, à quelques exceptions près : Hérode Atticus avait procuré à son fils pour débrouiller plus vite son élève en...
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Ah, ils veulent s'en prendre à la République, eh bien ils vont voir ! Il y avait eu une grande manifestation. Les policiers avaient été bousculés. Il faut dire que les gens étaient assez remontés comme on dit. Ils en avaient assez de subir taxes et impôts à répétition, de ne jamais être écoutés, d'avoir des emplois de plus en plus précaires et une existence de plus en plus difficile. La première manifestation fut assez modérée dans un premier temps. Les slogans fusaient, la colère s'entendait ; en face des cordons de C.R.S. faisaient obstruction. Puis le martellement des semelles a commencé à faire frémir les autorités. Les policiers ont reçu des ordres et les manifestants ont reçu des coups de matraque, des grenades lacrymogènes, des lances à eau et quelques projectiles issus de flasball. Mais ça ne les a pas fait reculer. Certains avaient des masques et du sérum physiologique, des casques de moto et quelques objets défensifs. En résumé, le mécontentement était tel...