Souks

 


Quand on parle du grand souk du Caire, on parle de Khân al-Khalili, le bazar aux merveilles... pour touristes. Du moins dans les ruelles allées principales. Car dès que vous vous aventurez un tant soit peu dans les allées parallèles, les échoppes et petits ateliers du quotidien reprennent vite leurs droits, avec selon le coin où l'on se situe, de la quincaillerie, des légumes, de la viande de mouton ou des tissus, parfois dans des ruelles, parfois dans des passages couverts. Si vous vous égarez, les Cairotes se feront un plaisir de vous indiquer votre chemin ou du moins l'endroit le plus proche où attraper un taxi.

Mais Khân al-Khalili ce n'est pas seulement un dédale de boutiques et de petites fabriques. C'est aussi, au cœur du Caire islamique, un concentré de mosquées, de mausolées, de madrasas, de palais et de demeures remarquables, parfois fraîchement restaurés (l'Unesco a beaucoup investit ces dernières années) ou dans un état de délabrement plus ou moins avancé. 

Le quartier du khan fut négligé pendant la période ottomane, mais reprit vie sous Mohammed Ali Pacha (1805-1848). Au début du XXème siècle, des personnalités égyptiennes fréquentaient les cafés du khan lorsqu'ils étaient encore étudiants. Dans ses écrits, en Saad Zaghloul (1860-1927)a évoqué ses souvenirs du khan à l'époque où il étudiait à al-Azhar.


Aujourd'hui, le marché a été modernisé de manière significative, cependant, des portions permettent encore d'observer le style architectural originel mamelouk, faites de grandes arcades et de plafonds voûtés. De nombreux cafés et restaurants constellent le marché, dans lesquels il est agréable de faire une pause. El Fishawy est le café le plus ancien du Caire, décoré de grands miroirs et de mobilier ancien. À l'époque, il était régulièrement fréquenté par les intellectuels égyptiens, notamment par Naguib Mahfouz, écrivain qui reçut le prix Nobel de littérature. Un restaurant haut de gamme, dans le quartier, porte son nom.


C’est Khan El-Khalili, dont les guides de toutes couleurs vantent « les productions typiquement orientales », « la foule bigarrée » et « les odeurs épicées et entêtantes ». Eh bien non !les pierres précieuses du Khan sont fausses, archifausses comme ces pièces pharaoniques ou romaines qu’on vous a montrées avec mystère dans les arrière-magasins, ses colliers d’ambre sont en plastique et ceux de lapis-lazulis déteignent sur les robes. Ses parfums sont artificiels et viennent tous, sans exception, de France. Les petits marteleurs de plateaux de cuivre à frises de sphinx ou de chameaux, les fabricants de coffrets à cigarettes soi-disant marquetés de nacre, sont hâves et figurent parmi les travailleurs les plus exploités du pays. Enfin, le Khan empeste l’urine fermentée et l’écorce d’orange pourrie. »  Jean-Pierre Péroncel-Hugoz, « Le Caire : la douceur chaotique », Géo magazine 7, 1979





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