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Affichage des articles du janvier, 2020

Alejandra Pizarnik

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OMBRE DES JOURS A VENIR Demain on me vêtira de cendres à l’aube, on m’emplira la bouche de fleurs. J’apprendrai à dormir dans la mémoire d’un mur, dans la respiration d’un animal qui rêve. Sombras de los días a venir a Ivonne A. Bordelois Mañana me vestirán con cenizas al alba, me llenarán la boca de flores. Aprenderé a dormir en la memoria de un muro, en la respiración de un animal que sueña.

Théâtre

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Jorge Dubatti dans "Alternatives Théâtrales" (ce texte a été écrit en 2019 avant l'arrivée à la présidence d'Alberto Fernandez le 10 décembre 2019) Buenos Aires est considérée comme une des grandes capitales théâtrales du monde hispanique. On y crée chaque année en moyenne 2000 spectacles théâtraux de divers types ; on y compte plus de 250 salles en fonction dans le circuit officiel, indépendant et commercial, auxquelles il faut ajouter environ 400 espaces moins conventionnels. La première décennie du XXI ème siècle fut caractérisée par la crise du néolibéralisme. La période 2001-2015 fut ainsi qualifiée de post-néolibérale. Cependant, l'arrivée au pouvoir du président Mauricio Macri (décembre 2015) permet de parler d'un restauration néolibérale aux composantes idéologiques conservatrices. Depuis 2016, les politiques nationales se caractérisent par la réduction des interventions de l'Etat, la militarisation croissante, l

Erotisme

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Extrait de la préface de « LA VENUS DE PAPEL, anthologie du conte érotique argentin Le nombre d'auteurs argentins qui incluent de l'érotisme dans leurs écrits est beaucoup plus important que l'on pense.Tout au moins, c'est notoire depuis la fin du Xxème siècle. Il reste à établir le point de départ de cette prose érotique argentine, mais ce qui est certain c'est qu'il n'existe pratiquement pas d'auteur de ce siècle qui n'ait, à un moment donné, écrit au moins un passage érotique. La quantité de textes variés sur ce thème est très significative dans toute la littérature du pays. Dans beaucoup de cas, on peut supposer que mêmes les auteurs n'étaient pas conscients de s'adonner à ce genre littéraire. Mais il est tout aussi certain que l'érotisme est présent dans toute notre littérature, si bien qu'on peut se dire que la narration argentine n'est ni trop, ni trop peu érotique. Simplement, notre littérature contient la même

Matilde Sánchez

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Matilde Sánchez est une journaliste, écrivaine et traductrice argentine. À partir de 1982, elle a développé une carrière prolifique dans le domaine du journalisme culturel. Elle a édité le supplément Culture et Nation du journal Clarín, ainsi que Ñ Magazine. Amsterdam, 79 Comme il existe un vert du Nil, un rouge de Sienne, un jaune d'Abyssinie, pour définir la stricte réalité d'une ambiance, il devrait forcément exister un gris de Hollande, un gris mouillé d'ardoise sans une tache de bleu, une compilation de nuages, plutôt qu'une couleur une absence de lumière, un filtre permanent des rayons du soleil, une toile peinte, un ciel irréel qu'on ne voit que par convention dans les tableaux, ou ici précisément et à cette heure.  Les Hollandais sont comme des Allemands qui auraient passé de longs séjours en Angleterre, disait C. Mais ils ont perdu le tempérament insulaire et le goût pour les voyages furtifs. Déjà ils n'ont plus de curiosité pour l'étran

Numa Ayrinhac

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Numa Ayrinhac (1881-1951). Né à Espalion, parti tout jeune en Argentine à Pigüé où ses parents avaient suivi Clément Cabanettes, il reviendra en France à 20 ans pour s'adonner à la peinture mais aussi à la sculpture et à l'architecture pour retourner en Amérique du Sud. Après sa naturalisation, il deviendra le peintre officiel de Juan et Evita Péron. A l'initiative d'Aveyron International, l'exposition au Vieux Palais, la « Cité des Peintres » que fut Espalion au XXe siècle, consacrée à Numa Ayrinhac, propose 29 tableaux, paysages d'Aveyron et de la Pampa, portraits de familles, une reproduction du « Duel chez les Gauchos » et autres documents dont le Vieux Palais qui orne la salle du restaurant espalionnais « l'Eau Vive ». Juan et Evita Peron Numa Ayrinhac et sa statue à  Clément Cabanettes

Jorge Luis Borges

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Boucherie Plus vile qu'un lupanar la boucherie signe la rue comme un affront. Sur le linteau une aveugle tête de bœuf préside le sabbat de chair ostentatoire, et de marbres finals avec la majesté distante d'une idole. traduction de Jean-Pierre Bernès

Luis Alberto Spinetta

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Luis Alberto Spinetta est un chanteur, guitariste et compositeur de rock argentin né le 23 janvier 1950 à Buenos Aires et mort le 8 février 2012 dans la même ville. Considéré comme un des fondateurs du rock argentin, Spinetta est un artiste très original qui se caractérise par ses compositions complexes et profondes, sans but commercial. La musique de Spinetta est différente du rock traditionnel, particulièrement en ce qui concerne l'harmonie. Quant aux paroles, l'influence du surréalisme y est très importante. En 1980 il met en musique un poème du joueur de tennis Guillermo Vilas Niños de las campanas. En 1988, il sort un album intitulé Tester la violencia et un blog a repris ce titre en hommage à Luis Alberto Spinetta et publie des textes souvent dédié à l'homosexualité masculine ou féminine : Nous avons zigzagué dans les rues d'Abasto et nous sommes arrivés à Almagro, puis nous sommes allés jusqu'à Boedo, où l'électricité ne marche qu'à moitié pou

Juan Gelman

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Dibaxu , recueil de poèmes du poète argentin Juan Gelman, écrits durant son exil européen et parus en 1994, fut inspiré par les poèmes écrits en sefardi par Clarisse Nicoïdski, auteure française d’origine yougoslave. J’ai écrit les poèmes de Dibaxu en sefardi, de 1983 à 1985. Je suis d’origine juive, mais non séfarade, et je suppose que ceci a eu à voir avec l’affaire. Je pense cependant que ces poèmes sont surtout le point culminant, ou plutôt l’aboutissement de Citas y Comentarios , deux livres que j’ai composés en plein exil, en 1978 et 1979, et dont les textes dialoguent avec l’espagnol du XVIe siècle. Comme si rechercher le substrat de cet espagnol, qui est aussi substrat du nôtre, avait été pour moi une obsession. Comme si la solitude extrême de l’exil me poussait à chercher des racines dans la langue, les plus profondes et les plus exilées de la langue. Moi non plus je ne me l’explique pas. Où est la clef de ton cœur L’oiseau qui passa est malade À moi, il n

Ricardo Halac

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Né le 13 mai 1935 à Buenos Aires, dans une famille séfardiste d'origines syrienne, libanaise et marocaine, Ricardo Halac est dramaturge et journaliste. Collation II RAUL ( fermant les yeux ) – Le film a dû commencer maintenant. MONA – Très bien ! Entrer dans une salle pour voir un film déjà commencé, ça doit être excitant, non ? RAUL – D'accord... allons voir un film en cours de projection. ( il essaie de se contrôler ) Mais alors, il faut y aller. ( il hésite ) Dans quel cinéma allons-nous ? MONA ( imperturbable) – Peu importe. RAUL – Mona... quand je t'ai parlé au téléphone je t'ai proposé de choisir entre trois film. MONA- On va voir n'importe lequel ! Tu vois qu'avec moi il n'y a pas de problème ? RAUL – N'importe lequel... ? Et c'est à cette heure-ci que tu me le dis ? MONA – Oui ! ( Raul enlève sa veste et la jette avec violence sur le canapé. Mona se met à rire ) Mais Raul, c'est vraiment très simple ! Ecoute, si t

Luisa Valenzuela

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Voyageuse infatigable, longtemps journaliste, Luisa Valenzuela est un auteur de renommée internationale. Elle est née en 1938 à Buenos Aires où elle réside encore aujourd’hui. Fille de l’écrivain Luisa Mercedes Levinson, elle a grandi dans une impressionnante famille littéraire composée des nombreux et illustres amis de sa mère tels qu’Ocampo, Borges, Mallea , ou encore Bioy Casares, ou Ernesto Sabato et bien d’autres encore, dont de nombreux exilés espagnols : ils ont joué le rôle de parrains et l’ont prédestinée peut-être à « entrer en littérature ». Dès l’adolescence, elle écrit pour la presse et travaille en parallèle à la Bibliothèque Nationale de Buenos Aires dirigée, à cette époque par Borges. Mariée très jeune, elle vit en France où elle écrit son premier roman "Hay que sonreir" publié en 1966. Au début des années 70, toujours journaliste puis conférencière et enseignante, elle vit à New York (où elle réalise une étude sur la littérature marginale nord-américaine),

Jaun José Saer

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De nationalité argentine, Juan José Saer vivait en France depuis 1968. Il était enseignant à l’université de Rennes et considéré comme l’un des plus grands écrivains contemporains. Traduite en plusieurs langues, largement publiée en France, son œuvre comprend, entre autres, trois livres de nouvelles, plusieurs recueils de poésie, un essai et dix romans, dont L’Ancêtre , qui a obtenu en 1987 le prix du III e Festival du livre à Nantes. Il est mort à l’âge de 67 ans, à Paris, en juin 2005. Au petit-déjeuner Vu de l'extérieur, c'est un homme âgé, calme et bien mis, habillé simplement, et qui, comme tant d'autres habitants de la ville, prend son petit déjeuner dans un café de Buenos Aires. A l'intérieur, pourtant, chaque matin, durant quelques minutes, à partir d'une association d'idées qui l'obsède depuis des années, il fait le compte dans sa tête de tous les massacres du siècle. Il les comptabilise et, à mesure que de nouveaux se produisent

Fernando Pascual Ayllón

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Peintre, graveur et musicien espagnol, né à Barcelone le 6 janvier 1896 et mort à Buenos Aires le 23 avril 1959. Il s'établit en Argentine en 1911. Il fit ses premières études avec Laforet à Barcelone, pui avec Vicente Tarrega à l'Ecole Supérieure des Beaux-Arts de Buenos Aires. Dès 1915, il participe au Salon National. Il a obtenu de nombreux prix aussi bien en Argentine qu'en Espagne et aux Etats-Unis. Il fut, comme Picasso, bouleversé par le bombardement de Guernica. Bombardeo de Guernica Gare de Buenos Aires

Leopoldo Marechal

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La rédaction d’Adán Buenosayres a débuté à la fin des années 1920, sans doute à Paris. Le roman paraît en Argentine en 1948 et passe à peu près inaperçu. Seul Julio Cortázar est enthousiaste. Le livre septième, sous-titré Voyage à l’obscure ville de Cacodelphie, est une parodie de l’Enfer de Dante où le rôle de Virgile est tenu par un astrologue. L’enfer de Marechal est une spirale hélicoïdale où chaque spire accueille les pécheurs : les luxurieux, les gourmands, les paresseux, etc. Le poète et son guide retrouvent les personnages croisés dans les cinq premiers livres. « Cacodelphie et Calidelphie, me dit-il, ne sont pas des villes mythologiques. Elles existent réellement. […] Ces deux villes sont réunies en une seule. Ou, plus exactement, elles constituent les deux aspects d’une même ville. Et cette Cité, visible seulement aux yeux de l’intellect, est une contrepartie de la Buenos Aires visible » (p.384). En Galice, tu labourais ta terre, tu taillais ta vigne, tu tuais

Copi

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Cachafaz, ça veut dire « canaille ». Cachafaz vit avec sa « copine » Raulito dans la misère au Conventillo dans le quartier des abattoirs de Montevideo. Vivent avec eux dans de minuscules cellules, de multiples familles. On est là dans le monde des bas-fonds de Gorki dont Jean Renoir, avec la complicité de Gabin et Jouvet, nous a lui aussi offert une merveilleuse illustration. Un jour, Cachafaz tue le policier qui est venu l’arrêter pour une misérable histoire de saucisse volée. Après avoir fait un calcul savant sur combien de viande cela ferait par enfant sur combien de jours, la petite communauté décide plutôt que d’enterrer le corps, de le manger. Elle fait subir ensuite le même sort à de nombreux autres policiers. Les diables viennent alors tourmenter les habitants du Conventillo. Ceux-ci délibèrent et décident de se rendre en enfer tous ensemble volontairement, la vie là-bas ne pouvant être pire que celle qu’ils vivent présentement. Satan, choqué, les en empêche car il

Juan Gelman

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Chez cet homme dont on a décimé la famille, qui a vu mourir ou disparaître ses amis les plus chers, nul n'a pu tuer la volonté de dépasser cette somme d'horreurs en un choc en retour affirmatif et créateur de vie nouvelle. Peut-être le plus admirable de sa poésie est-il cette presque inconcevable tendresse là où serait beaucoup plus justifié le paroxysme du refus et de la dénonciation...  -  Julio Cortazar - Je cohabite avec un obscur animal. Ce que je fais de jour, il le mange de nuit. Ce que je fais de nuit, il le mange de jour. La seule chose qu'il ne mange pas c'est ma mémoire. Il s'acharne à palper la moindre de mes erreurs et de mes peurs. Je ne le laisse pas dormir. Je suis son obscur animal. XXIV t'aimer c'est ceci : un mot qui reste à dire / un arbre sans feuille qui donne de l'ombre / « l’idée est plus obscure que la somme d’obscurité qu’il y a dans son berceau/ tait qui a vu avec des yeux cousus l’e

Eduardo Pavlovsky

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Psychanalyste, acteur,et metteur en scène, Eduardo Pavlovsky est l'auteur d'une quinzaine de pièces, toutes montées et publiées en Argentine. Bon nombre d'entre elles ont été traduites et jouées aux Etats-Unis, en Allemagne... En 1960, il fonde le groupe Yenesí pour faire connaître le théâtre d'avant-garde (Ionesco, Beckett, Pinter). Les pièces de théâtre de Pavlovsky sont inspirées du théâtre de l'absurde, mais à la différence de ses auteurs habituels, celles-ci ont lieu dans un contexte socialement et politiquement très marqué. On y retrouve de manière récurrente une réflexion sur la violence institutionnelle: celle des paramilitaires, puis celle des militaires ayant pris le pouvoir dans son pays dès 1976. L'auteur a par ailleurs lui-même échappé à un enlèvement dans son propre appartement en 1978, en fuyant par le toit de sa maison alors que des membres des Forces Armées en avaient forcé la porte d'entrée. S'appuyant sur l'opposition de Mey

Enrique Medina

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Né à Buenos Aires en 1937, Enrique Medina a écrit une vingtaine de romans et recueils de nouvelles. Interné de huit à seize ans en maison de correction, il appartient à cette qualité d’écrivain dont les expériences ont nourri des livres brûlants et corrosifs, portés par l’envie de témoigner de ces années noires et violentes. La rencontre Le repos et la rigolade nous avaient fait beaucoup de bien. On s'est mis en règle avec Dieu et tous ses saints, tout comme il faut, amoureusement... Puis on a allumé la télé et on a pu vérifier qu'on avait rien à apprendre. Voilà pour la première rencontre. Gaie, comme elle. Il y en eut beaucoup d'autres. Toujours meilleures. Même nous, on n'arrivait pas à y croire. J'étais mordu comme jamais. Je suppose qu'elle aussi. C'est pour ça, je suppose qu'elle ne me dit pas qu'elle avait des soucis, jusqu'au jour où je découvris les marques sur les bras. Tout a coïncidé : la découverte qu'elle s&