Articles

Affichage des articles du mars, 2022

"Plumes" de Omar El Zohairy

Image
  Dans son premier long métrage, Grand prix de la Semaine de la critique à Cannes 2021, le réalisateur égyptien raconte l’émancipation d’une mère quand son mari se transforme en poule. Rencontre avec un cinéaste prometteur, à la fantaisie mordante. Omar El Zohairy a grandi dans les années 1990, au rythme d’un événement quotidien et fondateur : chaque midi, il courait aussi vite qu’il le pouvait dans les rues poussiéreuses du Caire pour ne jamais rien rater du téléfilm égyptien diffusé sur l’une des chaînes nationales, du générique jusqu’aux crédits qu’il scrutait dans le détail.  « J’ai su très tôt que je voulais faire partie de ce monde. Petit, déjà, je dessinais et peignais tout ce que je lisais ou apprenais à l’école… Exactement comme on le fait au cinéma pour expliquer visuellement et mettre en scène une histoire ! »  Après deux courts métrages,  Breathe Out  et  La Suite de l’inauguration des toilettes publiques au kilomètre 375,  son premier long métrage,  Plumes,  primé lors

Zaynab

Image
   Muhammad Hussein Haykal Encyclopédie Universalis Zainab est considéré comme le premier roman moderne égyptien. Cette publication de 1913 critique le sujet encore débattu du mariage arrangé. Muhammad Hussein Haykal l'a écrite lorsqu'il se trouvait à Paris. Alors que s'achève l'adolescence de Zainab et que s'éveille sa féminité, elle est engagée de force dans un mariage avec Hassan. Malgré sa bonne nature, Ibrahim est le seul homme qui capture vraiment le coeur de Zainab. Mais en raison de règles sociales strictes, leur temps ensemble est limité et leur passion n'est jamais exprimée aux regards. Hamid, le cousin de Zainab tombe également sous le charme irrésistible de Zainab. Cependant, son mariage à Hassan et son amour envers Ibrahim la rendent inaccessible.  Zaynab a exercé une profonde influence sur la littérature arabe, ce qui s'explique par le fait qu'il s'agit là du premier roman qui mette au premier plan le thème de l'existence paysanne.

Le blog va s'interrompre une semaine

Image
 Je serai donc en Turquie à Izmir, invité dans le cadre du Printemps des Poètes. JOURNÉE POÉSİE FRANCO-TURQUE – Institut Français de Turquie (ifturquie.org) Samedi 26 mars 2022 Dans le cadre du Printemps des Poètes 2022, dont la thématique est “ l’éphémère ”,  l’Institut français de Turquie à Izmir vous invite à participer à un atelier d’écriture poétique, suivi d’une soirée de poésie franco-turque. L’atelier d’écriture poétique sera animé par les poètes  Benoît Vitse  et  Deniz Dağdelen  et s’adresse aux francophones amateurs de poésie à partir du niveau B1.  Pour participer, vous devez vous inscrire au préalable . En fin d’après-midi, retrouvez les poètes à la médiathèque pour des échanges autour de la poésie, ponctuées de lectures croisées de poèmes en français et en turc ayant pour objet « l’éphémère ».   Programme De 14h00 à 16h00  : atelier d’écriture poétique (inscription obligatoire) De 18h30 à 20h00  : lecture de poésie franco-turque et échanges Evénement en présentiel, places

Etranges nouvelles d'Egypte

Image
  La malédiction du scarabée d’albâtre Il plongea ses deux grosses pattes dans ses poches, et comme un enfant qui jette des osselets pour jouer, Joseph le copte balança sur la table deux grosses poignées de petits scarabées en albâtre de toutes les couleurs. Ces petites pierres sculptées, pas plus grosses que l’ongle du pouce, gigotaient sur la table comme des pions animés sur un plateau de jeu d’échecs. Et Joseph riait tant et plus. Il hurlait comme un dément à l’heure de la soupe. — Vole, petit scarabée, vole !!! criait-il en agitant ses bras dans toutes les directions. Les petites pièces d’albâtre bougeaient de plus en plus vite jusqu’à ce qu’une nuée de scarabées ne prenne vie et ne s’envole. C’est alors que Joseph plongea dans une sorte de transe étrange, produisant des mouvements saccadés. Puis, ses vêtements se déchirèrent en lambeaux et sa peau noircissait à vue d’œil. Elle noircissait et semblait durcir. Oui. Une carapace se formait sur Joseph. Et de ses bras, habituellem

Amr Diab

Image
  Amr Diab est né le 11/10/1961 à Port Said. Abdelbasset Diad, le père de Amr Diab travaillait autrefois au ministère égyptien de la marine. Il encourageait Amr Diab à chanter comme lui et à aimer l'art. A l'âge très tôt de 6 ans, Amr Diab a chanté pour la première fois sur scène une chanson appelée « Biladi, Biladi » et il a reçu comme récompense une guitare. Poursuivant cette passion forte dès le jeune âge, Amr Diab s'inscrit jusqu'à les années 86 dans l'académie de Musique au Caire. La chanson « Habibi » en Anglais, permet à Amr Diab de connaître la renommée dans plusieurs pays étrangers tels: la France, le Chili, l'Argentine, et plusieurs d'autres. En l'année 1999, Amr Diab fait duo avec le jeune artiste Rai Cheb Khamed. Et cette chanson enregistrée confirme sa grande place en Amérique. Et dernièrement, Amr Diab a sortis plusieurs albums totalement différents avec un nouveau style de rap, de techno.

Le crocodile du Nil

Image
  Inutile de guetter le saurien endormi au soleil, sur une rive du fleuve : il a disparu depuis belle lurette. Chassé, repoussé toujours plus au sud, il ne fait même plus le bonheur des preneurs d'images en Nubie. Les derniers crocodiles se rencontrent dans le lac Nasser, où personne n'habite, à part quelques pêcheurs qui entretiennent avec eux des rapports de bon voisinage. Jusqu'à une époque récente, les Nubiens le tuaient pour commercialiser sa peau, manger sa viande – surtout la queue très appréciée- ou extraire des glandes de sa mâchoire une matière dont ils tiraient des parfums. Les anciens Egyptiens le considéraient tantôt comme un être malfaisant, tantôt comme un dieu. Pour le capturer, selon Hérodote, on accrochait un morceau de porc à un hameçon et on attirait le crocodile en faisant crier le porcelet. Une fois pris et hissé sur la berge, il était aveuglé avec de la boue... Dans la région du lac Moeris (Fayoum), les crocodiles étaient tenus pour sacrés. Ne surgis

Mohamed Abu Zaïd

Image
  J'ai peur, Alice Je pose ma main sur mon front en visière Et observe du haut la vie qui a abandonné ma main Et s'est éloignée en courant Je cherche un gamin qui marchait ici devant moi Avant de disparaître Je prenais soin de lui avec les couleurs de mes yeux Je le cherchais dans le livre jauni J'encerclais son âme Avec les lignes ternes de ma main.

Deena Mohamed

Image
  Deena Mohamed est une designer, illustratrice et artiste de bande dessinée égyptienne. Elle est également artiste indépendante et a participé à plusieurs projets et ateliers internationaux. Elle a commencé la bande dessinée à dix-huit ans en publiant en ligne un webcomic intitulé  Qahera , sur une super-héroïne égyptienne visiblement musulmane. Ayant obtenu un franc succès,  Qaher a a figuré dans de nombreux médias locaux et internationaux tels que la BBC et Foreign Policy et a reçu un prix pour la meilleure série de bande dessinée numérique au Cairo Comix Festival. Son premier roman graphique,  Shubeik Lubeik a déjà remporté le prix du meilleur roman graphique et le grand prix du Cairo Comix Festival. Elle travaille actuellement sur le deuxième volume de la trilogie  Shubeik Lubeik . Elle a été accueillie dans le cadre du programme de résidence développé avec l’Institut français autour de la bande dessinée dans le monde arabe. Notons aussi ce très bon documentaire sur Arte sur q

Conte d'Egypte

Image
  Ils étaient trois Ils étaient trois cheikhs ; deux étaient aveugles et un n'y voyait goutte. Celui qui n'y voyait goutte trouva trois sous ; deux étaient lisses et un ne pouvait être dépensé. Celui qui ne pouvait être dépensé acheta trois moutons ; deux n'avaient que des os et un n'avait pas de viande. Celui qui n'avait pas de viande remplit bien trois marmites ; deux étaient vides et une ne contenait rien. Celle qui ne contenait rien nourrit trois hommes ; deux étaient déjà rassasiés et un ne pouvait rien manger. Celui qui ne pouvait rien manger alla nourrir ses trois bêtes ; deux n'avaient pas encore été achetées et une n'avait jamais existé. Il rencontra un voleur en train de forcer trois portes ; deux étaient déjà ouvertes et une n'avait jamais été fermée. Il cria trois fois ; deux cris étaient muets et un n'était pas audible. Le voleur lui donna trois coups ; deux ne partirent jamais et un ne l'atteignit pas. Voilà !

Etranges nouvelles d'Egypte

Image
  La felouque L’image n’était pas très nette, mais en forçant davantage, les yeux plissés face au soleil éblouissant, je pus vaguement distinguer la silhouette d’un vieil homme assis devant une felouque. Ça fait un moment que t’es là, tu sais, gamin ! La main en visière pour couper les rayons du soleil qui m’empêchaient d’y voir clair, je vis que le vieux repeignait délicatement les lettres du patronyme de son bateau. A new life . Une belle felouque à la coque blanche décorée d’un liseré bleu sur le dessus, et flanquée de mâts zébrés de jaune et de vert, une felouque traditionnelle en somme. Vous savez ce que je fais là ? demandai-je au vieux à tout hasard. C’est la meilleure celle-là, ricana-t-il en restant concentré sur ce qu’il faisait. Si je savais pourquoi moi-même je suis là, ici-bas, crois-tu que je passerais ma vie à repeindre indéfiniment ce rafiot, gamin ? Comment ça ? demandai-je. Je ne comprends pas. Il prit une grande respiration, une de celle

Carel Fabritius

Image
  Autoportrait de Carel Fabritius Il est né il y quatre siècles : un certain Carel Fabritius, artiste hollandais né en 1622 à Middenbeemster, ayant rapidement pris goût à la peinture grâce à son père, lui-même amateur. À seulement 20 ans, il rejoint l’atelier du grand Rembrandt (1606–1669) à Amsterdam, le temps d’une année. Suffisamment longtemps pour devenir son élève le plus talentueux. Puis, rapidement, il s’éloigne des clairs-obscurs de son maître pour se rapprocher d’une palette plus lumineuse, souvent comparée à celle du peintre hollandais Johannes Vermeer (1632–1675), sur lequel il aurait exercé une grande influence. C’est ainsi que Carel Fabritius est considéré comme le pont reliant le génie baroque de Rembrandt et celui, plus intime mais aussi énigmatique, de Vermeer. Et pourtant que reste-t-il de lui ? Quasiment rien. Et tout cela à cause de cette funeste matinée du 12 octobre 1654.  À 10 heures 15 du matin, ce jour-là, alors qu’il travaille au portrait du sacristain Simo

Les Musiciens du Nil

Image
  La troupe des Musiciens du Nil a été à l’origine constituée par le gouvernement égyptien, à une époque où la mise en valeur des cultures populaires participait de l’édification d’une conscience nationale et de l’encadrement étatique des populations jusqu’alors fidèles au pouvoir local. Elle est remarquée au festival de Chateauvallon, près de Toulon, en 1975. Originaires de la région de Louxor et des villages avoisinants, portant d’épaisses  gallabiya- s  sombres, majestueusement enturbannés de blanc, Les Musiciens du Nil exportent les musiques rurales de Haute-Egypte dans le monde entier depuis maintenant une trentaine d’années. Issus de véritables castes de musiciens professionnels affiliés à des clans tziganes tels les Mataqil, Balhawanât, Djamassi, venus s’établir en Egypte dès le XIe siècle, ils animent les mariages, les cérémonies de toute sorte et des festivités à caractère sacré dont la plus importante est celle qui célèbre la naissance du Prophète, le  mawlid al-Nabî. Le

Albert Cossery

Image
  Un matin pendant que les enfants jouaient, la silhouette imposante d'un gendarme boucha l'entrée de la venelle. C'était un gendarme galonné, aux moustaches superbes, et qui par surcroît savait lire. Il est vrai que cette dernière particularité ne servit qu'à le rendre furieux. Car, arrêté devant l'endroit où était la plaque -évidemment il cherchait le nom de la venelle-, son regard rencontra la légende inscrite en lettres rouges et qui spécifiait que la rue était à vendre. Ce gendarme, qui n'était pas spécialement apte à comprendre l'humour, chercha quelqu'un à tuer tout de suite, et ne trouvant personne, s'attaqua aux enfants. Il leur intima l'ordre de cesser leurs jeux et de répondre aux questions. Mais les enfants répondirent par des quolibets et s'éparpillèrent, restant à bonne distance du gendarme. Celui-ci, ne sachant que faire, déambula le long de la venelle. Il s'arrêtait partout, inspectait les lieux, pénétrait dans les cours.

Ida Kar

Image
  Le 8 avril 1908 Naissance d'Ida Kar, photographe russe , célèbre pour avoir photographié des artistes, des écrivains et des politiciens. De parents arméniens, elle a étudié à Alexandrie en  Egypte  jusqu'à ce qu'ils s'installent à Paris en 1928. Elle y rencontre Heinrich Heidersberger, un jeune peintre surréaliste allemand, ce qui conduit Ida à expérimenter pour la première fois la photographie. À son retour en Égypte, elle a commencé son travail d'assistant de photographie et a épousé Edmond Belali, avec qui elle a créé un studio photo qui exposait des œuvres surréalistes. Cependant, le poète et artiste Victor Musgrave, un officier anglais de la RAF qui faisait partie de ses collaborateurs, a changé la vie d'Ida. Une famille bohème Kar et Musgrave se sont mariés en 1944, donc un an plus tard, ils ont déménagé à Londres, où Ida a commencé comme photographe de théâtre, mais a également créé un nouveau studio. C'est ainsi  la famille Kar-Musgrave

Mohammed Abu Zaïd

Image
  Ce que je ne veux pas dire Je ne suis pas né avec, dans la bouche, une cuillère en or Ou en fer Je ne suis pas né avec la moindre cuillère dans la bouche Car, mes frères, je n'ai pas de bouche Et ce que vous entendez maintenant N'est que le gémissement des arbres cachés Du froid et de la pluie Que le hurlement des ténèbres dans ma gorge Que le ronronnement du chat qui dort sous mes pieds Depuis trente-et-un ans.

Mawlana

Image
  Après le succès et la controverse de la série «El Gamaâ» (Le mouvement) sur le parcours du créateur des Frères musulmans, Hassan El Bana, voilà qu'un nouveau film est en train de créer la polémique en Egypte et même dans certains pays arabes. En effet le film «Mawlana» (Mon seigneur), adapté d'un roman du célèbre journaliste Ibrahim Aïssa, raconte l'histoire d'un prédicateur de télévision populaire qui lutte pour réconcilier ses principes religieux avec les pressions des politiciens et des services de renseignements, ainsi que les tentations humaines ordinaires. A travers le protagoniste, un érudit musulman d'El Azhar, le Centre centenaire d'apprentissage islamique du Caire, le film met à nu l'interaction complexe et troublante entre l'Etat, l'établissement religieux, les médias et l'extrémisme en Egypte. Même si le film est un succès au box-office égyptien, il a néanmoins provoqué une réaction des dirigeants musulmans sunnites, dont certains a

Nephtys, la soeur d'Isis

Image
  Nephtys Isis sarcophage bois peint Basse Epoque Musee du Louvre Nephtys, Nebt-Het ou Neb-Hout qui signifie "La dame (ou maîtresse) du château", est une déesse de la mythologie égyptienne. Elle est la déesse protectrice des morts en veillant sur le sarcophage, déesse funéraire aux côtés de Hâpi, avec qui elle est associée pour protéger le vase canope contenant les poumons du défunt. Elle est représentée comme une femme coiffée de deux hiéroglyphes servant à écrire son nom. Son sanctuaire principal se trouve à Héliopolis où elle fait partie de la grande Ennéade. Elle est vénérée aussi, à l'époque gréco-romaine, à Kom Mer (ou Kômir, Haute-Égypte), associée à Anoukis (Anqet en égyptien). Dans le temple d'Edfou, une fête, « Le cœur de Nephtys se réjouit » était célébrée le 28e jour du mois Pharmouti de la saison Peret. Elle est la fille de Geb et de Nout, sœur d'Isis, d'Osiris et de Seth dont elle est également l’épouse. Avec Isis, qu’elle aida à reconstituer le

Au Bar des Artisans

Image
  Tout dans le café était franchement sinistre. La pluie du dehors donnait à chaque client qui entrait l'aspect d'une boule de linge à peine essoré. Le patron regardait avec une mine consternée les traces laissées sur le parquet. Ginette, donnez donc un coup dans l'entrée. On patauge. Et, arrivée en soupirant de la cuisine, une grande fille aux cheveux oxygénés donnait nonchalamment un coup de serpillière sur le carrelage décoloré, fendu à certains endroits et usé par les ans. Cinq minutes plus tard, on pataugeait de nouveau, d'autant que les parapluies alignés sur le mur rendaient l'eau qu'ils avaient absorbée. Dis donc Bébert, qu'esse t'en penses toi? D'la guerre ? Ben ouais, t'écoute les nouvelles ? C'matin, à la radio, ils ont dit kekchose, mais j'étais en route à mouliner le café. Rien compris. Ben, mon vieux, c'est la guerre. C'est tout. Carrément ? Ouais, avec les tanks et tout le bazar.