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Affichage des articles du octobre, 2021

Art pharaonique

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  Découvrant Karnak en 1828, Champollion s'écrie : « Nous ne sommes en Europe que des Lilliputiens. Aucun peuple ancien ni moderne n'a conçu l'art de l'architecture sur une échelle aussi sublime, aussi large, aussi grandiose, que le firent les vieux Egyptiens... Une seule colonne de Karnac est plus monument à elle seule que les quatre façades de la cour du Louvre. » Nulle autre civilisation, en tout cas, n'a laissé autant de merveilles. Nulle autre n'a excellé à ce point dans le colossale comme dans l'infiniment petit. Ce sont les mêmes qui ont réussi à bâtir Karnak et à graver des hiéroglyphes sur de minuscules pierres d'améthyste. Les mêmes qui ont su construire les pyramide et à rendre immortelle cette jeune fille nue dont la statuette d'ivoire, haute de dix centimètres, saisit d'admiration tous les visiteurs du Louvre... L'art égyptien nous bouleverse par sa délicatesse et nous écrase par sa grandeur. S'il ne reste rien des pala

Le proverbe du samedi

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  Mieux vaut le pet d'un chameau que la glorification de Dieu par les poissons. De la prudence de voyager par terre et de ne pas se risquer en mer. Vieux thème qu'on retrouve dans la littérature grecque : loin d'être un élément familier et rassurant, la mer est souvent représentée comme un obstacle dangereux et inquiétant. Autres proverbes : Qui s'est brûlé avec la soupe souffle sur le yaourt (grec) Qui s'est brûlé avec du lait souffle sur le petit lait (persan) Qui s'est brûlé avec du lait souffle sur la crème glacée (turc) Qui a été mordu par un serpent a peur d'une corde (anglais) He who is bitten by a snake fears even the rope. Qui craint le scorpion trouve l'araignée trop grosse (égyptien) Chat échaudé craint l'eau froide (français)

"Art et Liberté" en Egypte

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  Sans titre - Ramsés Younane - 1939 Le mouvement Art et Liberté (1938-1948) fut un moment fondateur de l'émancipation artistique et intellectuelle de l'Egypte moderne. Surgissant sur fond de guerre mondiale, Art et Liberté rejeta le fascisme qui, au-delà de son emprise sur l'Europe, connaissait un essor en Egypte depuis le début des années 1930 et commençait à constituer une sérieuse menace. Sa création fut annoncée le 22 décembre 1938 par une manifestation bilingue arabe-français : Vive l'art dégénéré. « Tout ce que le génie artistique contemporain a donné de meilleur, tout ce que l’artiste moderne a créé de plus libre et de plus humainement valable est insulté, piétiné, proscrit, y lit-on. Nous tenons pour absurdes et justiciables du plus parfait mépris les préjugés religieux, racistes et nationalistes.  » Le manifeste peut être considéré comme une réaction à la croisade fasciste et nazie contre l'avant-garde en Europe. L'on peut aussi y voir une résonance du

Cléopâtre

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  CLEOPATRE – Qui vous dit qu'on ne l'a pas accusée à tort, elle aussi ? Vous déchirez les réputations des femmes et vous appelez ça l'Histoire ! Parce que tous les historiens sont des hommes ! Rien n'est plus facile que de décrire toutes les femmes comme des vendeuses d'amour, des commerçantes de cœurs ! Vous dépouillez chacune de son droit au respect et vous refusez de la considérer comme un être humain possédant un cœur qu'elle sait garder propre. Oui, un cœur qu'elle sait garder pur dans ses profondeurs, grâce auquel elle domine tout ce qui l'entoure, et sur lequel elle veille plus que sur sa vie même, afin de pouvoir l'offrir après, sans rien demander, à celui qu'elle jugera digne de le recevoir. Sans rien demander... oui... sans rien demander... HISTORIEN – Qu'est-ce qu'il te prend... à défendre si chaleureusement Cléopâtre ? CLEOPATRE – Va dormir, espèce d'historien idiot. Tewfiq el Hakim, « Mort ou amour » (Acte II, scèn

Conte du Nil bleu

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  Le marchand et les singes Un marchand ayant acheté des tarbouches pour les vendre au Gadaref, s'endormit en passant dans une forêt. Les singes qui se trouvaient dans le voisinage, vinrent autour de lui, ouvrirent sa caisse et s'emparant de sa marchandise, chacun d'eux se coiffa d'un tarbouche. Le marchand, à son réveil, voyant sa caisse vide, cria au voleur, puis il s'aperçut que tous les singes, coiffés de tarbouches, gambadaient sur les arbres. Il pleure, il crie, il appelle, rien n'y fait. A la fin un homme arrive et lui dit : « Donne-moi ton tarbouche. » Il le prend, il le met sur sa tête, il commence à hocher la tête : tous les singes l'imitent et hochent la tête comme lui. Alors il prend son tarbouche avec la main et le jette par terre. Tous les singes en font autant. Il dit alors au marchand : « Allez, vite, ramasse tes tarbouches ! » et le marchand, après avoir vivement repris sa marchandise, s'en va tout content. En fait, cet homme renco

Conte populaire de l'Egypte ancienne

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  Le monument qui nous a conservé ce curieux récit est une stèle découverte par Champollion dans le temple de Khonsou à Thèbes, enlevée en 1846 par Prisse d’Avenue et donnée par lui à la Bibliothèque Nationale de Paris. LA FILLE DU PRINCE DE BAKHTAN ET L’ESPRIT POSSESSEUR Et il arriva en l’an XV, le 22 du mois de Payni, comme Sa Majesté était à Thèbes la forte, la reine des cités, occupé à faire ce pourquoi il plaît à son père Amonrâ, maître de Karnak, en sa belle fête de Thèbes méridionale, le séjour favori où le dieu est depuis la création, voici qu’on vint dire à Sa Majesté : « Il y a là un messager du prince de Bakhtan, qui vient avec beaucoup de cadeaux pour l’épouse royale ». Amené devant Sa Majesté avec ses cadeaux, il dit en saluant Sa Majesté : « Gloire à toi, Soleil des peuples étrangers, toi par qui nous vivons », et, quand il eut dit son adoration devant Sa Majesté, il se reprit à parler à Sa Majesté : « Je viens à toi, Sire, mon maître, au sujet de Bintrashît, la sœur

El Teneen

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  Syrie El Teneen (en arabe pour 'le dragon) est un artiste de rue qui a vraiment pris de l'importance pendant la révolution égyptienne de 2011. Ses pochoirs ont été considérés par beaucoup comme des icônes de la révolution du 25 janvier. Une grande partie de son travail a été de courte durée, comme dans les premiers jours, il a été retiré dès qu'il est apparu, en particulier une image de Moubarak avec le mot «laisser» en dessous. Bien que n'étant peut-être pas aussi décoratif que les autres artistes du genre, les œuvres d'El Teneen sont pointues et fidèles à un message clair. Si vous avez la chance de rencontrer son travail dans les rues du Caire, vous êtes sûr de comprendre que l'iconographie du discours s'est manifestée comme de l'art dans la rue. Lybie

Arméniens en Egypte

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  Le grand moment de la communauté arménienne d’Egypte commence avec la modernisation du pays au XIXème siècle par le Vice Roi Mehmet Ali. Celui-ci s’appuie grandement sur un homme arménien, Nubar Nubarian. Il devient le premier Premier Ministre d’Egypte, et est le premier chrétien à obtenir le titre de pacha. Aujourd’hui encore, il existe de nombreuses rues Nubar Pacha en Egypte. Dans sa perspective de modernisation, Mehmet Ali fait également appel à de nombreux étrangers, parmi lesquels plusieurs arméniens ottomans répondent à l’appel. Ils participent avec les autres communautés au dynamisme de l’Egypte du XIXème siècle. Après Nubar, plus aucun Arménien n'occupera une place au gouvernement. Les persécutions survenues en Turquie provoquent deux vagues d'émigration, en 1894-1896 et en 1915. Cette arrivée en Egypte de milliers de réfugiés conduit à développer fortement les structures communautaires : associations de bienfaisance, écoles, clubs sportifs, journaux... Au Caire e

Le proverbe du samedi

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  Bashshâr Ben Burd Il est aveugle et il guide celui qui a une bonne vue. Ce proverbe est le début d'un vers que composa Bashshâr Ben Burd (696-783), poète aveugle. Un jour, un passant lui demanda où se trouvait une maison qu'il cherchait. Bashshâr lui indiqua parfaitement l'emplacement. L'homme revint au bout d'un moment disant qu'il ne la trouvait pas et lui demanda de l'y conduire. L'ayant conduit, il composa son vers qui se termine ainsi : « et il se perdit celui que les aveugles ne guidèrent pas ». Bashshâr Ben Burd est un poète satirique. Il vit un jour le calife al-Mahdi Ben al-Mansour, soûl et le critiqua. Il fut arrêté et reçut soixante-dix coups de fouet. Il avait quatre-vingt sept ans et il en mourut. Son œuvre est presque totalement perdue. On trouva un de ses manuscrits en 1934 à Haydarabad.

Joyce Mansour

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  Joyce Mansour et André Breton en 1960 PERICOLO SPORGESI Vous ne connaissez pas mon visage de nuit Mes yeux tels des chevaux fous d'espace Ma bouche bariolée de sang inconnu Ma peau Mes doigts poteaux indicateurs perlés de plaisir Guideront vos cils vers mes oreilles mes omoplates Vers la campagne couverte de ma chair Les gradins de mes côtes se resserrent à l'idée Que votre voix pourrait remplir ma gorge Que vos yeux pourraient sourire Vous ne connaissez pas la pâleur de mes épaules La nuit Quand les flammes hallucinantes des cauchemars réclament le silence Et que les murs mous de la réalité s'étreignent Vous ne savez pas que les parfums de mes journées meurent sur ma langue Quand viennent les malins aux couteaux flottants Que seul reste mon amour hautain Quand je m'enfonce dans la boue de la nuit

TewfiK El Hakim

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  Ce dont j'étais totalement convaincu, et le suis toujours, c'est l'idée que la seule responsabilité de l'intellectuel libre est vis-à-vis de lui-même. Il n'est responsable ni devant un parti politique ni devant un dirigeant. Voici un autre extrait de la pièce " Mort ou amour " CLEOPATRE – Je te le répète, je ne veux pas que ailles là-bas. Je ne veux pas. L'HISTORIEN – Tu m'as dit, il n'y a pas si longtemps, que tu ne comprends pas mes sentiments. CLEOPATRE – C'est vrai. L'HISTORIEN – Moi non plus, tu me permets ? Je ne comprends pas les tiens. Quel est le vrai motif qui te pousse à m'empêcher d'aller là-bas cette nuit ? CLEOPATRE – Je te l'ai dit, le motif ! Je ne veux pas que tu vois là-bas cette nuit des choses qui te pousseraient à me mépriser ! L'HISTORIEN – Ce motif ne me persuade pas... Je t'ai déjà vue avant parmi des ivrognes et tu ne t'en inquiétais pas. CLEOPATRE – (comme se parlant à elle-même) Aujo

Le Nil

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  L'eau était l'objet des préoccupations constantes des habitants de la vallée du Nil. Sur les premières listes royales que nous possédons, en regard du fait essentiel de l'année est inscrite la hauteur de la crue du Nil cette année-là, hauteur dont dépendait la vie de tout le pays. Il est possible que l'impôt ait été calculé en fonction de cette crue. L'action de la géographie ne se borne pas là, on peut dire que la civilisation égyptienne a la hantise de l'eau. L'eau est l'offrande type que l'on fait aux défunts. Dans ces curieuses lettres que les vivant adressent parfois aux morts, on menace ceux-ci, s'ils n'obéissent pas aux injonctions qu'on leur fait, de ne plus « leur verser l'eau » tellement l'eau est considérée comme l'élément vital indispensables. C'est ainsi encore que dans un texte géographique, les différents pays sont distingués suivant que les habitants y boivent de l'eau du Nil, de l'eau de puits, d

Geb

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  Geb  est le dieu de la Terre dans la mythologie égyptienne qui fait partie de la grande Ennéade d'Héliopolis. Il est le fils de Shou (dieu de l'air) et de Tefnout (déesse de l'eau), mais aussi le frère et l'époux de Nout (la déesse du ciel). Geb et Nout furent si proches que rien ne pouvait s'interposer entre eux. Ils s'accouplaient en secret, mais désapprouvant cette union, le Dieu Ré ordonne à son fils de les séparer.  Shou envoie Nout dans les hauteurs célestes, laissant Geb à terre. Cet extrait de papyrus illustre ce passage. En haut, Nout représente le ciel. En bas, Geb évoque la terre. Entre les deux corps nus, Shou et Tefnout sont assis dans une barque; ils viennent de séparer Nout, le ciel, de Geb, la terre (Musée du Louvre) Mais grâce à un stratagème de Nout ils réussirent à s'unir et enfantèrent Osiris, Seth, Isis et Nephtys. Une symbolique veut que Geb et Nout s'unissaient dans le secret de la nuit pour être séparés par Shou au matin. Dieu

L'aragoz, le guignol égyptien

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  L’aragoz, c’est l’histoire du bonhomme égyptien, telle est la conclusion de ce pittoresque spectacle de marionnettes à gant joué par une troupe d’étudiantes. Trois projecteurs émettent une lumière intense pour vaincre l’obscurité et un roulement de tambour retentit dans la salle où l’on peut voir, au milieu, le castelet ou le kiosque où se joue le théâtre de marionnettes. Cinq aragoz apparaissent sur scène et chacun possède un trait de caractère qui le représente : le sarcastique, le méchant, le vilain, le bon et l’arrogant. Derrière les coulisses, 7 jeunes filles se tiennent à genoux dans un espace qui ne dépasse pas 1,2 m. Malgré leur allure conservatrice, ces jeunes étudiantes ont fait montre d’audace et ont fait preuve de talent et de compétence lors du spectacle de l’aragoz. Leur professeur, se tenant devant elles durant la répétition, leur apprend comment prêter la voix et faire mouvoir avec la main une marionnette, afin de transmettre aux spectateurs des émotions alors que la

L'âne en Egypte

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  Selon une statistique invérifiable, l'Egypte compterait six millions d'ânes, un pour dix habitants. Alors que l'âne du Delta est noir et robuste, son cousin de Haute-Egypte, blanc ou grison, plus élancé, peut atteindre jusqu'à 1m20 de hauteur. L'âne sauvage était présent dans la vallée du Nil depuis l'époque paléolithique. L'âne domestique, lui, apparaît autour de 3600 avant J.C. Rarement monté, il sert à transporter les produits les plus divers et remplit des tâches qui seront plus tard dévolues aux chameaux. Sa grande utilité ne l'empêche pas d'être considéré comme impur, et même mauvais, surtout s'il a le poil roux. Assimilé au dieu Seth, l'assassin d'Osiris, il est volontiers sacrifié pour conjurer le mal. Dans certains hiéroglyphes de la Basse Epoque, ce malheureux animal n'est représenté qu'avec un couteau fiché dans le corps. Jusqu'à l'invention de la bicyclette et de l'automobile, l'âne est le seul mo

Les aventures de Jouha

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  Jouha est un personnage légendaire de la littérature arabe mais, en fait, de manière plus large de tout le Proche et Moyen-Orient, ainsi que du Maghreb. Chez les Persans et les Turcs, c'est un mollah qui s'appelle respectivement Molla Nasreddin et Nasreddin Hoja. L'origine de ce type de personnage serait sans doute grecque. Ce type, à la fois débonnaire, naïf, malin et retors, cristallise autour de ses bonnes histoires tout l'humour populaire transmis et vivifié par la tradition orale tout au long des siècles. Jouha acheta trois pommes et rentra chez lui. Il coupa l'une d'elles et y trouva un ver ; puis il coupa la deuxième et y trouva encore un ver. Alors il éteignit la bougie et mangea la troisième dans l'obscurité.

Joyce Mansour

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  Chant arabe L’œil bascule dans la nuit au moment du trépas O la blanche fulgurante folie des ailes qu'on ne connaît pas Ouatées de silence elles frôlent le bras sur l'oreiller Et ouvrent l’œil rond à la nuit de l'impalpable Le froid tisseur de tubéreuses trépigne sur ma pupille Je vois glisser la tenture mobile de l'horizon qui rutile et qui s'agite Telle une peau frémissante sur un corps qui se dérobe La houle feutrée de mon abdomen se fige de peur démente J'éternue mais je ne bouge pas Et l’œil qui cloître mes rêves qui nage et qui clignote L’œil envahit mes nuits La nuit la nuit l'orage L’œil éblouissant aux floraisons étranges L’œil malade d'images Rapaces (1960)

Tawfik al-Hakim

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  Tawfiq al-Hakim  né  Tawfiq Ismaël al-Hakim  ( arabe  :  توفيق الحكيم ) le  9   octobre   1898  dans la banlieue d'Alexandrie, et mort le 26 juillet 1987 au Caire,  est un écrivain, dramaturge, essayiste et homme de lettres égyptien. Il est l'un des pionniers du roman et de l'écriture théâtrale arabe et un des grands noms dans l'histoire de la littérature arabe moderne. Ses œuvres théâtrales furent très variées puisqu'il prendra comme source d'inspiration tantôt l'Égypte pharaonique, la Grèce antique, ou la religion musulmane. Il a écrit dans le théâtre de variété, le théâtre de boulevard, ou encore le théâtre de l'absurde. Il a été l'instaurateur d'un courant littéraire théâtral qu'il appellera « le théâtre mental ». MORT OU AMOUR (acte I, scène 2) L'HISTORIEN – Certains collègues prétendaient que Cléopâtre n'a pas connu l'amour. Mes recherches portaient sur ce point : est-ce que l'Etat chez Cléopâtre passait avant

La pierre de Rosette

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  Un officier français de Bonaparte avait découvert dans le delta du Nil un bloc de basalte noir, gravé d'un texte écrit en trois écritures différentes. Le monde savant s'y était immédiatement intéressé en raison de son importance. En effet des trois écritures employées, l'une, le grec, était connue : elle révéla un décret de Ptolémée V Epiphane. Des deux autres, l'une était constituée par des signes figurés identiques à ceux qui l'on pouvait voir sur les monuments égyptiens qui subsistaient encore, c'était l'écriture hiéroglyphique, l'autre enfin d'un aspect très différent, non sans analogie avec l'arabe, devait être le démotique, l'écriture cursive employée dans les documents populaires. Pendant des années, les meilleurs esprits de l'époque échouèrent devant ce problème en apparence facile d'une simple traduction. Il faut dire que la pierre n'était pas intacte et qu'il manquait des fragments importants. C'est alors qu

Conte populaire de l'Egypte ancienne

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  Voici un extrait d'un conte égyptien, qui en dit long sur les relations avec l'Ethiopie... Le dernier feuillet de ce conte porte une date de l’an XV d’un roi dont le nom n’a jamais été écrit, mais qui ne peut être que l’un des Ptolémées. Deux manuscrits au moins en existent dont les fragments se trouvent actuellement au Musée d u Caire. Le premier a été découvert et publié par Mariette,  Les Papyrus du Musée de Boulaq , en 1874. L’HISTOIRE VÉRIDIQUE DE SATNI KHÂMOÎS ET DE SON FILS SÉNOSIRIS Il advint, un jour que Pharaon Ousimarès était assis en la cour d’audience du palais de Pharaon à Memphis, tandis que l’assemblée des princes, des chefs militaires, des principaux de l’Égypte, se tenait debout devant lui, chacun à son rang dans la cour, on vint dire à Sa Majesté : « Voici le discours que fait une peste d’Éthiopien, à savoir, qu’il apporte sur lui une lettre scellée ». Sitôt qu’on l’eut rapporté devant Pharaon, voici qu’on amena l’homme dans la cour. Il salua di

Hossam Dirar

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  Hossam Dirar est un homme aux multiples talents. Utilisant la peinture, la photographie, la vidéo, l'installation et la conception graphique, il n'est pas un homme à pigeonner. Ses portraits de sa plus récente exposition, 'Awaiting' (avril 2014) à la Albareh Art Gallery, s'inscrivent dans la tradition égyptienne du portrait d'une manière qui remet en question toutes les hypothèses précédentes. Les femmes représentées ne s'assoient pas passivement, mais regardent le spectateur, séduisant et stimulant; ce sont clairement des femmes avec des histoires. En revanche, il utilise la vidéo dans sa pièce, «de 11h00 à 11h03», comme un moyen de documentation, afin de démontrer le large éventail d'activités qui se déroulent à travers le Caire dans un moment donné, un an après la Révolution égyptienne. Hossam Dirar est un artiste expérimenté dont les peintures ont été présentées dans des expositions individuelles et collectives à l'échelle internationale. Avec

Albert Cossery

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  Il eut soudain l'intuition d'un regard posé sur lui. Il ouvrit les yeux et constata qu'il ne s'était pas trompé. Quelqu'un l'observait avec insistance, quelqu'un dont la figure à elle seule était un présage de malheur. L'homme borgne était assis près de la portière, presque en face de lui, et l'épiait sournoisement. Ce qui troubla surtout El Kordi, c'était qu'il se sentait fixé par l'œil crevé du type. Comme si l'œil sain demeurait neutre et faisait même preuve d'une certaine indulgence à son égard. L'homme borgne, implacablement, férocement, continuait à poser sur lui le regard hallucinant de son œil unique. Mais El Kordi, lui, ne voyait que l'œil crevé, de sorte que leurs regards ne se croisaient jamais. Cette situation scabreuse dura un long moment. El Kordi se demandait ce que lui voulait le type, et s'il ne l'avait pas déjà vu auparavant. (…) Le tramway s'arrêta à une station, repartit, et soudain on

Le proverbe du samedi

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  Le gouvernement est sage . (proverbe irakien) Ce proverbe viendrait d'un conte : le gouverneur d'une ville recevait force plaintes de la part des habitants sans jamais les satisfaire. Les habitants furieux s'en plaignirent au Calife. Celui-ci ayant assez de leurs récriminations, destitua le gouverneur et pour se venger de la population nomma à sa place son domestique. Le nouveau gouverneur, analphabète, recevait chaque plaignant, écoutait sa requête et lui disait : « Le gouvernement est sage, il étudiera ta demande et tu recevras une réponse » ; il faisait alors appel à son secrétaire et lui disait de faire semblant d'examiner les réclamations. Le quémandeur partait satisfait, car il avait été rassuré par la phrase « Le gouvernement est sage ». Quand le Calife s'inquiéta de savoir pourquoi les plaintes avaient cessé, le nouveau gouverneur lui expliqua sa méthode et le Calife fut stupéfait de sa sagesse : l'art de faire des promesses et de ne jamais les teni

Amour 1960

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  Je me souviens... Un imperméable vert... Pourquoi avait-elle revêtu cet imper alors qu'il ne pleuvait pas ? Pourquoi ce vert qui me sortait par les trous de nez ? Et pourquoi ces longues marches dans toutes les rues de la ville qui me fatiguaient ? En fait non, j'étais jeune alors et j'aurais pu continuer encore longtemps à arpenter le bitume. Ce qui me fatiguait, c'était le jeu interminable des questions et des réponses sur la vie, la scolarité, les parents et les grands-parents, les frères et les sœurs. Sur l'avenir aussi. Elle voulait surtout savoir si je préférais Sylvie Vartan ou Françoise Hardy. Parfois, alors qu'elle me demandait si je n'avais pas aussi des oncles, nous passions devant un hôtel. Les pas se faisaient moins rapides, mais les yeux révulsés, elle me disait : « Tu ne veux tout de même pas que nous... Surtout dans cet hôtel minable... » Minable, minable, j'avais jeté un œil aux tarifs et ce n'était pas si minable que ça, même pour