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Affichage des articles du août, 2019
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Ahuautle, le caviar mexicain On pense qu'Ahuautle est constitué d'œufs de moscovirus, mais il s'agit de l'œuf axayácatl, un type de punaise d'eau. Son nom vient des mots nahuatl "atl" (eau) et "huautli" (graine de joie ou d'amarante), qui signifie "amarante de l'eau".. Il suffit de regarder ces œufs pour comprendre que la ressemblance avec les grains d’amarante est immense. Bien que la ressemblance avec l'amarante soit sans aucun doute superficielle, l'ahuautle dégage une odeur pénétrante et une saveur unique qu'il est difficile d'oublier.. Selon Gilberto Contreras Rivero, professeur d'écologie à l'École d'études professionnelles d'Iztacala, l'ahuautle est le caviar mexicain par excellence . Il est à noter que certains attribuent ce titre aux escamoles, qui appartiennent, avec les œufs de mosco, à l'ordre des insectes Hyménoptères.. La consommation de ahuautle a commencé pendan
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Felipe Ehrenberg Dessinateur et peintre né au Mexique en 1943, Felipe Ehrenberg fut aussi éditeur, essayiste, professeur et activiste. Il est considéré comme l’un des précurseurs de l'art conceptuel et de la performance dans le Mexique des années 1970, et il a été l’un des cofondateurs de la maison d’édition indépendante Beau Geste Press à laquelle le CAPC de Bordeaux a consacré une exposition du 2 février au 28 mai 2017. Il est mort le 15 mai 2017 à Cuernavaca. Voilà ce qu'écrivit alors son ami l'écrivain Fernando del Paso : J'ai connu Felipe Ehrenberg à Londres, au début des années 70. Il me semblait que c'était vraiment quelqu'un de très intéressant. Il avait alors 29 ans, mais il paraissait beaucoup plus jeune. Il était aussi très charismatique, grand, avec de longs cheveux et une grosse moustache à la Zapata ; il parlait un anglais parfait. C'était un extraordinaire dessinateur, mais il s'intéressait à tout : performances
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Les hiboux poème d'Alberto Blanco Los búhos Detrás de cada nube, de cada monte de cada copa, de cada rama hay búhos en la noche. Se esconden en el humo de las pipas. Se alimentan de malentendidos y estrellas de neón. En la oscuridad se pueden confundir lo mismo con esas cenizas que con sus sombras. Con los faros gemelos de sus ojos recorren parsimoniosamente las aguas de la noche. Y conversan con el viento. Sollozan con la lluvia. Se callan con el sol.  Les hiboux Derrière chaque nuage, chaque monticule chaque cime, chaque branche il y a des hiboux dans la nuit. Ils se cachent dans la fumée du tabac. Ils s'alimentent de malentendus et d'étoiles de néon. Dans l'obscurité on peut les confondre comme ces cendres qu'on confond avec leurs ombres. De leurs yeux, phares jumeaux, ils parcourent parcimonieusement les eaux de la nuit. Et ils conversent avec le vent. Pleurent
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Il y a des profs à qui on peut dire merci Je ne lisais pas. Le troisième trimestre, j'allais rarement en classe. Un des professeurs avait écrit sur mon carnet scolaire : « Déserte quelquefois les cafés pour assister aux cours ». Il faut dire que c'était à Boulogne-sur-Mer et que justement il y a la mer. Nous partions le matin comme pour aller au lycée, dans nos cartables il n'y avait qu'une serviette de bain, et nous nous retrouvions à la plage. Les cabines étaient bien pratiques pour héberger nos amours juvéniles. Et puis il y avait aussi les cafés et leurs flippers, les cafés et les jeux de cartes, les cafés et les discussions. On ne parlait pas de notre avenir ; on n'en imaginait aucun. Mais évidemment notre sujet de prédilection, c'était les filles. Nous étions cependant fort sages, en étant persuadés avoir été fort audacieux après un baiser un peu prolongé. Quand il pleuvait et que la mer était mauvaise, nous allions au cinéma. Mais le plus souvent
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José Revueltas La première eut lieu le 12 mai 1950 au Théâtre Arbeu à Mexico. L'accueil réservé à « La rue de la Solitude » fut en général plutôt enthousiaste. Pour la première fois, une pièce d'un auteur mexicain atteignait les cent représentations. Mais les staliniens, très puissants à l'époque, obligèrent José Revueltas (1914-1976) à suspendre la pièce (et à retirer de la circulation son roman « Les jours terrestres »). Il sera même jeté en prison où il restera deux ans et demi. Toujours militant, José Revueltas n'en a pas pour autant accepté de fermer les yeux sur les crimes staliniens et sur la déformation monstrueuse du socialisme. PIEDAD – C'était à la correctionnelle... Une nuit, quand tout le monde dormait, j'ai découvert deux filles dans les toilettes... Là-bas, ce genre de chose encoure un châtiment sans pitié... Se voyant découvertes, elles m'ont suppliée à genoux, les larmes aux yeux, de ne pas les dénoncer. PARCHES – Ce que tu n
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Mexico et le Surréalisme La première et importante exposition surréaliste avait eu lieu à Paris en 1938. Breton ayant déclaré que « le Mexique tendait à être le lieu surréaliste par excellence », il fallait s'organiser pour que Mexico accueille la seconde dès 1940. Elle provoquera un certain émoi chez certains visiteurs, mais la grande majorité du public s'en moquera ou la condamnera. Luis Mario Schneider dans son livre « Mexico y el surrealismo » (1978) rappelle que la presse fut aussi très sévère avec Breton et ses amis. Beaucoup ne comprennent pas notamment la partie si imposante consacrée au peintre muraliste Diego Rivera. En quoi son travail est-il surréaliste ? Par la suite, les rapports entre les intellectuels mexicains et les surréalistes français ne se sont pas améliorés, malgré les continuels cris d'enthousiasme de Breton. A la parution de son livre « Najda », en 1964, voici ce qu'écrivait à Mexico le critique Raul Leiva : Comme on le
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Conte Nahuatl C'est assez intéressant de comparer deux contes. Un conte Nahuatl, précolombien, avec un conte tiré du Roman de Renart. Les deux conteurs n'ont pu se copier, puisque ces textes datent d'avant 1492. Alors il faut penser que deux civilisations qui n'avaient pas grand-chose en commun, pouvaient imaginer les mêmes récits. Une différence toutefois : dans le conte français, le renard est l'être le plus rusé, et c'est lui qui trompe le loup, alors que dans l'histoire nahuatl, c'est précisément le renard qui est berné par un lièvre. conte Nahuatl Le lièvre dit au renard : « Si nous pouvions attraper les poissons qui sont dans cette mare, nous mangerions très bien. » « C'est facile à dire, répliqua le renard, mais j'ai beau me creuser la tête et je ne vois pas comment on pourrait faire : c'est gelé. » Le lièvre : « Tu vas voir. Moi, avec mes dents et mes griffes, je vais faire un trou dans la glace. Et toi, tu y mettras ta q
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Abraham Ángel Autoportrait Abraham Ángel Card Valdés, né le 7 mars 1905 et mort le 27 octobre 1924, à seulement 19 ans, est un peintre qui a allié le style naïf français au nationalisme post-révolutionnaire de son époque. Il est né dans un village de l'État de Mexico, El Oro, son père était un aventurier écossais qui abandonna très vite la mère de ses enfants. En quête d'une meilleure fortune, la famille s'est installée à Puebla où Abraham Ángel a passé son enfance. À onze ans, il arrive à Mexico avec un de ses frères plus âgé. Il prend pour nom d'artiste son deuxième prénom, son père lui ayant interdit d'employer son patronyme « Card ». À Mexico, Abraham Ángel devint l'élève puis l'amant du peintre Manuel Rodríguez Lozano, mais plus tard, Lozano lui préfère un autre jeune peintre, Julio Castillejos, qu'il prend comme protégé, abandonnant Abraham Ángel. Déprimé, il serait mort d'une overdose de morphine. Ses peinture
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Jorge Macchi Né en 1963 à Buenos Aires (Argentine) Cet artiste argentin essaie de pénétrer la structure secrète de la communication publique. Dans son travail intitulé Victima serial (1999), composé par des photographies, mais aussi par un film, il découpe des mots qu'il trouve dans les publicités et mis ensemble cela devient un tout autre message terriblement menaçant. On sent toute la hargne qu'il ressent à vivre dans cette immonde société publicitaire. Te llegó la hora. Tu última chance se hace polvo. Me río de vos. Sabés que no tenés salida. Tu casa no es más un alivio. No tenés a donde ir. Lo único que te espera es la muerte. Te voy a perseguir hasta dejarte sin aire. Te voy a hacer carne picada. Ya no me basta solamente con verte sufrir En voici un autre : Rage. C'est tout ce que je ressens. Une rage sans limites. Comme un fer rougi en plein cœur. Mais ils vont voir. Je ne sais pas s'ils vont oublier un jour ma rage. Tout est prêt. Ca ne sert à
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Martín Solares N'envoyez pas de fleurs . Ce roman vient de paraître en France, dans une traduction de Christilla Vasserot. C'est un roman noir dans la tradition de Dashiell Hammet, mais avec une noirceur encore plus accentuée... Une ville en perdition dont la population est soumise à la violence sans frein des gangs, publics et privés. Ici, dans le Mexique contemporain, trois groupes de narcotrafiquants se disputent le territoire de La Eternidad, une cité portuaire (imaginaire) donnant sur l'Atlantique, idéalement située pour le trafic de drogue. Les pouvoirs publics (municipalité, police, armée) y sont immergés, complices et acteurs de ce sanglant chaos. Je propose que nous transformions un peu le propos de cette émission. Au lieu de parler des mots qu'on entend le plus dans cette ville, ne serait-il pas intéressant de signaler les mots qu'on y n'entend plus du tout. Le mot éthique, le mot justice. J'ai l'impression que nous les perdons de
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Víctor Hugo Rascón Banda naît en 1948 à Uruáchic. En 1979 il écrit sa première oeuvre de théâtre Voces en el umbral (Voix sur le seuil), texte novateur qui retrace la vie de deux femmes, une allemande et une tarahumara. Los ilegales (Les illégaux), la première de ses pièce créée sur scène, marque le début d'une carrière caractérisé par le succès auprès du public ainsi que par la reconnaissance de la critique et de l'université. Grâce à ses oeuvres de théâtre il reçoit plusieurs prix nationaux et internationaux: Ramón López Velarde 1979, Théâtre Notre Amérique 1981, Juan Ruiz de Alarcón 1993 et Rodolfo Usigli 1993. Récemment la médaille "Xavier Villaurrutia", lui a été remise par la communauté artistique du pays en reconnaissance de son parcours, à l’instigation de l'Institut National des Beaux Arts et du Conseil National pour la Culture et les Arts. Dans Tabasco negro, il plante son décor en plein champ pétrolifère... Il est sept heures du soir. Le bureau
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Alberto Blanco Les azulejos Les miroirs ne chantent plus comme jadis et l'espace n'est rien d'autre qu'une larme courant de nos yeux jusqu'au rêve quand on nous apprend une mauvaise nouvelle... Comme quand monte la tristesse dans une discussion qui n'a pas plus de raison d'être qu'une subite multitude de reflets lorsque le vent change de direction en pleurant un petit bout de réalité. Ce n'est pas la fumée qui nous a fait mal, ni la liqueur, ni la mélancolie... Ce sont les paroles que nous avons prononcées cernés que nous étions par tous ces azulejos qui chantent un blues dans le brouillard.    La maison des Azulejos à Mexico
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Sur deux photos de Lola Alvarez Bravo Lola était la femme de Manuel Alvarez Bravo, peintre salué par Breton et les surréalistes. Pendant leur court mariage, les époux travaillèrent ensemble. Lola avouait même qu'elle avait été le disciple de son mari. Malgré un talent nullement inférieur au sien, elle ne s'est pas fait connaître en dehors du Mexique.  Lola Alvarez Bravo a intitulé deux photos “El sueño de los pobres” (Le rêve des pauvres 1940 et 1949) où se révèle sa conscience sociale et se laisse deviner sa prise de position politique. Ici comme ailleurs elle se range du côté des victimes, des martyrs, des prisonniers, des abandonnés, des solitaires. La plupart de ses victimes sont des femmes. En représentant un petit garçon endormi au centre d'une accumulation sans limites de huaraches, ces sandales des ouvriers et paysans mexicains, la photographe évite de rendre visibles le sujet de son rêve et ses désirs à moins d'identifier ce songe avec les minables
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Réparation du monde Allô, allô. Combien ça coûterait pour réparer le monde ? Il semble bien qu'il faille, qu'il va falloir faire des réparations. Je ne peux pas vous dire comme ça. Vous pouvez me faire un devis ? Combien vous voulez mettre dans les réparations ? Pour moi, ce n'est pas une question d'argent. L'important, c'est que ce soit réparé. Mais je ne sais pas si tout le monde sera d'accord. Tout le monde ne serait pas d'accord pour réparer le monde ? Si, bien sûr, sur le principe... Faudrait déjà arrêter les dégâts. Parce que moi, je ne peux pas faire un devis si les dégradations continuelles continuent. Enfin je veux dire, si ça change tout le temps et pour empirer. On va faire attention, c'est promis. Nous sommes déjà quelques uns très motivés pour ouvrir les yeux des autres. Vous savez ce qu'on dit chez nous ? Après le crépuscule, les vers luisants pensent : nous avons donné la
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Brenda Lozano Brenda Lozano est née à Mexico en 1981. Auteur de narrations et d’essais, elle écrit pour Letras libres et Día siete, entre autres publications. Elle a étudié la littérature latino-américaine à l’Université Iberoamericana. Boursière du programme Jeunes créateurs du Fond national pour la culture et les arts, certains de ses textes ont été publiés dans plusieurs anthologies. (le mari de Casandra vient de mourir subitement) Casandra arrangea la frange sur le front de sa fille avant de lui donner un baiser. Avec cette voix si semblable à la sienne, sa fille lui demanda où était la poupée. Elle n'est plus là, mon amour. Si elle est perdue, maman, nous allons en acheter une autre identique. Ce sera très difficile d'en trouver une identique, mon amour, mais nous pouvons en acheter une qui lui ressemble. Et pourquoi il n'y en a pas deux identiques ? Parce que c'est fait à la main, ma chérie. On ne peut pas en trouver deux identiques, comme il n'y a p