Articles

Affichage des articles du décembre, 2019

Liliana Heker

Image
Liliana Heker est une écrivaine argentine. Elle a écrit et édité des revues littéraires de gauche lors de la « sale guerre » de la violence parrainée par l'État dans les années 1970 et 1980. Elle est également entrée en polémique avec Julio Cortazar à propos de l'exil des écrivains. Dans cette nouvelle, « La fiesta ajena », Liliana Heker parle d'une très jeune fille, Rosaura, qui est invitée à une fête chez des gens aisés chez qui sa mère est femme de ménage. Elle passe un moment merveilleux, dit-elle. Mais à la fin de la soirée, la mère de famille distribue des petits cadeaux aux enfants qui rentrent chez eux : des bracelets pour les filles, des yo-yo pour les garçons. Madame Ines vint avec les deux boites, la bleue et la rouge. Rosaura savait qu'elle allait lui offrir un bracelet, mais elle aurait préféré le yo-yo, parce qu'il faisait des étincelles. C'est alors que Madame Ines se mit à chercher quelque chose. Machinalement Rosaura commença le mouve

José Arcidiacono

Image
Né à Buenos Aires le 5 septembre 1910 et mort dans la même ville en 1982, José Arcidiacono fut un excellent peintre des rues et des quartiers de la capitale. Egalement graveur, il étudia à l'Ecole Nationale des Arts où il devint professeur en 1939. Interprète de l'humble poésie de la ville portuaire, des rues silencieuses, des eaux tranquilles et lumineuses sur lesquelles les barques reposent dans le quartier de Boca. Il fit sa première exposition personnelle en 1939 et à partir de cette date, il fut invité à exposer partout en Argentine, mais également aux Etats-Unis (New York et San Francisco). Il obtint de nombreux prix et récompenses. 

Quino

Image
Quino explique pourquoi il a quitté l'Argentine en 1977 pour l'Espagne : Je suis parti lorsque la situation est devenue invivable. Beaucoup de mes amis avaient disparu et quand je devais me rendre au siège de la revue qui publiait mes dessins, une bombe venait d'y exploser ou on avait mitraillé la façade pendant la nuit. Je fais un métier qui me permet de travailler sur un coin de table, n'importe où. Il aurait été stupide de rester en Argentine. En 1976, au début de la dictature, ma porte a été défoncée à coups de pied. Nous n'étions pas à la maison. Une autre fois, avec des amis nous avions fait des copies d'un dessin de Mafalda qui montrait la matraque d'un policier en l'appelant « le cabosseur d'idéologies ». Le lendemain, la ville est apparue tapissée de dessins de Manolito portant une matraque de policier où il disait : « Tu vois, Mafalda ? Grâce à ça, maintenant on peut marcher librement dans la rue ».

Cacho de Buenos Aires

Image
Le mot « cacho » a différents sens en Amérique Latine. Par exemple, en Uruguay et en Bolivie, il veut dire : un moment. Au Chili, « cacho » est un objet inutile, mais en banlieue de Santiago, c'est aussi un coup de poing. Au Pérou, c'est une expression vulgaire pour désigner deux personnes qui font l'amour. En Argentine, c'est parfois un surnom, comme ici dans ce tango. Pour cette putain d'habitude Pour cette putain d'habitude d'aller en faisant le bon vivant, en faisant celui qui sait tout et celui qui a tout vécu. Celui qui a eu mille amours pleurant sur son oreiller, par cette putain d'habitude finalement je n'ai rien ! Par cette putain d'habitude de toujours éclater de rire pour montrer à tout le monde que jamais je ne pleure. Inventant mille histoires pour éblouir les amis, par cette putain d'habitude tout ce que j'ai pu perdre ! Je suis Cacho de Buenos Aires aucune lumiè

Roberto Juarroz

Image
Le poème respire avec ses mains qui ne prennent pas les choses : qui les respirent comme des poumons de paroles, comme une rauque chair verbale en proie au monde.   Sous ces mains tout acquiert la forme d’un noueux dieu vivant, d’une rencontre de dieux déjà mûrs.   Les mains du poème reconquièrent l’antique pouvoir de toucher les choses avec les choses.   Roberto Juarroz,  Poésie verticale , traduit de l’espagnol par Roger Munier El poema respira por sus manos El poema respira por sus manos, que no toman las cosas: las respiran como pulmones de palabras, como carne verbal ronca de mundo. Debajo de esas manos todo adquiere la forma de un nudoso Dios vivo, de un encuentro de Dioses ya maduros. Las manos del poema reconquistan la antigua reciedumbre de tocar a las cosas con las cosas.

Susana Torres Molina

Image
Dramaturge et metteur en scène de théâtre, elle a créé plus de vingt pièces dont beaucoup ont été traduites en anglais, en portugais, en allemand, en tchèque ou représentées à l'étranger : New York, Washington, Londres, México, Río de Janeiro, Madrid, Montevideo et Portugal. Manifiesto vs manifiesto a reçu plusieurs prix en Argentine et en Espagne. C'est un texte qui est au croisement de trois thématiques : le corps, l'art et la mort.  EDUARDO – Triste époque où les mirages remplacent les rêves. De petits mirages en couleurs. Et la seule chose qui différencie les vivants des zombies, c'est le regard. Le regard est immunisé contre toute tentative de manipulation. Et aucun maquillage n'y pourra rien. Illusion. Désillusion. Illusion. Désillusion. On navigue toujours entre ces deux eaux. Rien n'est jamais fixe, si ce n'est la mort. Est-ce que la mélancolie ne viendrait pas de là ? FEDERICO – Comment c'est ? Comment est la douleur d'un père ?

Hivertical

Image
hivertical Le vent souffre la pluie gaspille le froid grappille le passant casse l'oiseau s'enrôle le gel glousse le soleil discerne rayons en berne la brume obture le mont chôme les terres flânent l'éther flambe le corbeau croit le petit chat dore le pépé bascule Dieu est assoupli.

Pedro Orgambide

Image
Né en 1929 à Buenos Aires, Pedro Orgambide se révéla en 1948 par un recueil de poèmes, puis en 1954 par un essai sur Horacio Quiroga. Il fonda ensuite la revue Gaceta Litereria qu'il anima de 1956 à 1960. Au Mexique où il résida durant dix ans à partir de 1975, il a codirigé la revue Cambio . La dénonciation sociale par l'humour du quotidien argentin, avec souvent une touche de fantastique, est une constante dans ses fictions. Il est mort en 2003. Elle joue du violoncelle dans la rue en terre battue et les gens du village la regardent à peine, car depuis des années elle se produit chaque fin d'après-midi et personne n'a l'idée d'interrompre le concert de la femme de l'Allemand ou dire que c'est une folle qui a sa manie. Non, sauf peut-être si un touriste demande pourquoi il y a une femme qui joue du violoncelle dans la rue en terre battue. Alors, si l'on en éprouve l'envie, on lui raconte l'histoire. Sinon, on tourne les yeux v

Néstor Ponce

Image
Une vache tu seras sous peu ( Una vaca ya pronto serás , 2006) de Néstor PONCE Anne-Claire HUBY (traducteur) Né à La Plata (Argentine) en 1955 et installé en France depuis 1979, Néstor Ponce est professeur en langues et civilisations hispano-américaines à l'université de Rennes-II. Il est en outre l'auteur d'un livre de poésie, Sur (1982), et de fictions : El intérprete (Prix Fondo Nacional de las Artes 1998), Hijos nuestros (2004), Perdidos por ahi (2004), ainsi que d'une dizaine de travaux critiques dont Diagonales del Género (2001) et Crimen, anthologie de la nouvelle noire et policière d'Amérique latine (2005). Néstor Ponce réside en France depuis 1979.   Une vache tu seras sous peu Quand les destins d'un prêtre évangélisateur italien et de Cipriano, un jeune Indien hors du commun se croisent dans le sud de l'Argentine du XIXe siècle, naît un récit qui entrelace espace et temps, brosse un tableau sans complaisance du sort réserv

Elvio Gandolfo

Image
Elvio Gandolfo est né dans la province de Mendoza en 1947, mais peu après sa naissance ses parents déménagèrent à Rosario, qu'il considérera toujours comme sa ville natale. Il dirigea avec son père la revue « El Lagrimal trifurca ». En 1969, il arriva à Montevideo où il se maria ; il y vécut deux ans. Il retourna ensuite à Rosario, où naquit sa fille Laura et il y resta jusqu'en 1976. Il habita de nouveau en Uruguay à Piriapolis, pendant quatre ans. Par la suite, il alterna ses résidences entre Buenos Aires et Montevideo. Il fit des études secondaires et apprit l'anglais et le français. Il publia des poésies, des nouvelles, des romans, des chroniques et des essais (dont un sur Roberto Bola ño ). Vivre à la mine de sel (1990) Il était rare si ce n'est jamais vu que meure un contremaître. Ils étaient quatre et passaient leurs journées à hurler. Pourtant personne ne les détestait. Ils étaient si effrontés et imperturbables qu'on finissait par avoir de la pe

Atahualpa Yupanqui

Image
Atahualpa Yupenki par Martiniano Arce, el fileteador de Buenos Aires https://www.youtube.com/watch?v=ko2cF6BkpD4 P’TITES QUESTIONS À PROPOS DE DIEU Un jour j’ai demandé: Pépère, mais Dieu ousqu’il est? Mon grand-père s’est fait triste, Il ne m’a rien répondu. Mon grand-père est mort dans les champs Sans prières ni confession, Les Indios l’ont enterré au son Des flûtes et des tambours. Alors j’ai demandé: Papa, qu’en sais-tu de Dieu? Mon père s’est fait triste, Il ne m’a rien répondu. Mon père est mort à la fosse Sans docteur ni protection. L’or des patrons a la couleur Du sang du mineur de fond. Mon frère vit sur les montagnes, Il ne sait qu’est-ce qu’est une fleur. Sueur, malaria et serpents, c’est la vie du bûcheron. Et que personne ne lui demande S’il sait où est Dieu : Par de chez lui on n’a jamais vu Un m’sieur tell'ment important. Moi je chante dans la rue Et quand je suis au cachot J’entends la voix du peuple Qui chante mieux que moi. S’il y a une chose sur t

Leopoldo Marechal

Image
Voici un extrait du Cahier Bleu, inclus dans le roman "Adan Buenosayres". Leopoldo Marechal parle de son enfance... Les jours de Maipu sont neufs dans ma mémoire, et cette triste heure du crépuscule, quand notre maison semblait aussi grande que l'univers : domaines connus, visages et voix, objets familiers, tout était dévoré par l'obscurité naissante avant que ne s'allument les douces lampes jaunes ; et si la plaine infinie s'immisçait en nous par les fenêtres ouvertes, un ciel d'une cruelle immensité pesait sur la maison et faisait craquer les toits, à l'heure où naît une longue et savoureuse peur. Alors, il était doux de pleurer dans un recoin, en cachette, en silence, pour que personne ne le remarquât ; bien souvent, surpris et interrogé à propos de mes larmes, je ne suis répondre aux hommes grands et aux femmes fructueuses qui ne riaient et pleuraient que pour des raisons concrètes, et jamais ne comprendraient que l'on pût pleurer gratuit

L.C. Bermeo Gamboa

Image
  Luis Carlos Bermeo Gamboa est un poète colombien (Yumbo, 1985). Il fit ses études de communication et journalisme à l'Université Santiago de Cali. Auteur des recueils Antídotos de ruda (2005) et Libro de pan (2010). Il publie des articles dans différentes revues colombiennes : El Clavo, El Cartel Urbano y Corónica. En 2013 Il a obtenu en Argentine le grand prix pour son essai : Fingir que existe la poesía . Il a écrit aussi une savoureuse « Thèse sur l'échec ». Liste des moyens (pour échouer) Mais le malheur c'est que de tout cela viendra un échec inévitable... » León de Greiff Obtenir une mention pour le Prix Municipal de Poésie et aussitôt offrir le diplôme à sa mère qui a toujours voulu avoir un fils professionnel. Vérifier laquelle des deux mains manquait à Cervantes et chercher cette fille qui fit cette question dans une conférence sur le Quijote où elle laissa les experts sans voix. Trouver parmi les vieilleries de la m

Juan Gelman

Image
Nous n'avons pas su poser les bonnes questions à temps, celles qui dénudent, qui déchirent, qui arrachent de haut en bas les toiles d'araignée du conformisme et de la bonne conscience. Nous n'avons pas su nous regarder dans le miroir de notre véritable réalité argentine. Et si quelque chose nous attire aujourd'hui dans les poèmes de Juan Gelman, c'est bien une attitude, une manière de voir à la fois instinctive et réflective de chercher ce qu'en réalité nous sommes sans les simplifications parfois suicidaires qui nous ont entraînés si loin de nous-mêmes. Julio Cortazar Juan Gelman "Poderes", dans le recueil "Relaciones", de 1973. Comme une herbe comme un enfant comme un oiseau naît la poésie en ces temps au milieu des orgueilleux des tristes des repentis elle naît Peut-elle naître aux pieds des condamnés par le pouvoir aux pieds des torturés des fusillés d'ici et partout? Et aux pieds des trahisons des pe

L'avion noir

Image
"El Avión Negro" écrit par Roberto Cossa, German Rozenmacher, Carlos Somigliana, Ricardo Talesnik, est celui dans lequel Perón se serait trouvé pour son retour. Il apparaît comme un fantasme, un signe d'espoir pour d'autres. Mais très vite, le projet central du caudillo est assez clair : freiner les luttes, trahir les promesses et abandonner le peuple dans un moment décisif.  Par la gauche apparaît l'évêque ; il fait quelques pas dans une attitude méditative et se dirige vers le public. EVEQUE – Où nous conduit la violence, mes frères ? Où nous entraîne ce tourbillon d'incompréhension et d'orgueil ? ( pause ) Par dessus les factions qui divisent le peuple argentin et sur lesquelles je ne veux pas porter de jugement, je crois que si nous tournons les yeux vers le Ciel, nous arriverons à oublier nos rancunes fratricides et nous nous apercevrons de la petitesse et de l'insignifiance des nos bagarres... ( avec un calme absolu, l'évêqu

Roberto Kordon

Image
Né à Buenos Aires en 1915, et mort à Santiago du Chili en 2002, cet homme discret, mais politiquement engagé, a donné à la littérature latino-américaine des œuvres fortes et originales, malheureusement peu connues en France. Il a créé des fictions d'une grande variété, allant du réalisme le plus cru pour décrire les bas-fonds de Buenos Aires, au fantastique et à l'onirique. - Ne sommes-nous pas bien ici, tout seuls ? Elle sourit, imitant sûrement son actrice préférée et Roberto perçut dans ce sourire, comme un éclair lointain mais lumineux, la conduite à suivre. Il continua : - J'avais tellement envie d'être seul avec toi ! Il prit cette fois la voix chaude et artificielle d'un acteur de films argentins. Elle se contenta de tordre la bouche dans une grimace incrédule et se mit à dégrafer sa robe. Les règles du jeu imposaient que l'amour, l'amour grandiloquent des feuilletons radiophoniques, entre avec eux dans la chambre 22. Dans cette chambre, l&
Image
Rodolfo Fogwill Rodolfo Enrique Fogwill (né en 1941 à Buenos Aires, où il meurt le 21 août 2010), qui signe de son seul nom de famille, Fogwill, est un sociologue argentin, nouvelliste, poète et romancier. Dynamiteur devant l'Éternel, proche de César Aira et d'Osvaldo Lamborghini, Fogwill creuse un sillon très personnel en affrontant la réalité de l'Argentine contemporaine. Dans sa besace, une riche variété d'armes explosives centrée sur les jeux de l'écriture, dont le présent recueil de nouvelles offre un éventail : il s'empare avec audace de monuments littéraires tels que L'Aleph ou Orlando et les réinterprète sur fond de drogue, de sexe et de corruption pour le premier, de conflits mondiaux pour le second ; il embobine le lecteur dans Le Long Rire de toutes ces années, le fait participer à la construction du récit. Le succès de sa nouvelle Muchacha punk , qui a reçu le premier prix dans un concours littéraire important en 1980, a marqué le début d'
Image
Mario Sandoval Mario Sandoval extradé dimanche soir vers Buenos Aires L'ex-policier argentin Mario Sandoval va être extradé dimanche soir par la France vers l'Argentine, qui entend le juger pour son implication présumée dans la disparition d'un étudiant en 1976, sous la dictature, a appris l'AFP de sources proche du dossier et aéroportuaire. Après près de huit ans de procédure judiciaire et l'épuisement de ses derniers recours cette semaine, Mario Sandoval doit embarquer dimanche soir sur un vol Air France de Paris à Buenos Aires. Exilé depuis 1985 en France, dont il a obtenu depuis la nationalité, Mario Sandoval avait été arrêté mercredi à son domicile de Nogent-sur-Marne, près de Paris. La chambre de l'instruction de la cour d'appel de Versailles avait autorisé en 2017 l'extradition de Mario Sandoval. La cour de cassation était allé dans le même sens en 2018 . Le conseil d'État, plus haute juridiction administrative française, av
Image
Jorge Luis Borges Inscription sépulcrale Pour le colonel Isodoro Suarez, mon bisaieul Il fit planer sa valeur sur les Andes. Il confronta des montagnes et des armées. L'audace fut l'habitude de son épée. Dans la plaine de Junin il imposa un terme heureux à la bataille et aux lances du Pérou il donna du sang espagnol. Il recensa ses exploits en une prose rigide comme les clairons sonneurs de guerre. Il choisit l'honorable exil. Il est à présent un peu de cendre et de gloire. Traduction de Jean-Pierre Bernès Jorge Luis Borges a explicité ces faits dans « Essai d'autobiographie ». Il s'agit du grand-père maternel de sa mère, le colonel Isidoro Suarez, 1799-1846, qui, en 1824, à l'âge de vingt-quatre ans, conduisit la fameuse charge de la cavalerie péruvienne et colombienne grâce à laquelle la victoire changea de camp à la bataille de Junin, au Pérou. Cette bataille fut l'avant-dernière de la guerre de l'Indépenda