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Affichage des articles du février, 2020

Alejandra Pizarnik

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PRESENCIA DE SOMBRA Alguien habla. Alguien me dice. Extraordinario silencio el de esta noche. Alguien proyecta su sombra en la pared de mi cuarto. Alguien me mira con mis ojos que no son los míos. Ella escribe como una lámpara que se apaga, ella escribe como una lámpara que se enciende. Camina silenciosa. La noche es una mujer vieja con la cabeza llena de flores. La noche no es la hija preferida de la reina loca. Camina silenciosa hacia la profundidad la hija de los reyes. De demencia la noche, de no tiempo. De memoria la noche, de siempre sombras. PRÉSENCE D’OMBRE   Quelqu’un parle. Quelqu’un me dit. Extraordinaire le silence de cette nuit. Quelqu’un projette son ombre sur le mur de ma chambre. Quelqu’un me regarde avec mes yeux qui ne sont pas les miens. Elle écrit comme une lampe qui s’éteint, elle écrit comme une lampe qui s’allume. Elle marche en silence. La nuit est une vieille femme la tête pleine de fleurs. La nuit n’est p

Roberto Perinelli

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Coronación (Couronnement), pièce écrite par Roberto Perinelli spécialement pour le cycle de Théâtre Ouvert en 1981. Cela se passe dans une maison où Olga, la maîtresse de maison, a donné l'hospitalité à Carmen et à sa fille Lily, le temps d'une inondation. L'eau continue de monter autour de la maison et c'est l'attention d'une barque. Dès le début, l'auteur insiste sur la différence de classes sociales. Carmen est décrite comme une femme de quarante ans, totalement négligée, et se promenant déchaussée, contrairement à Olga qui préserve le cadre raffiné qu'elle a toujours aimé. La rencontre entre ces femmes fait donc apparaître deux univers distincts, ce qui va aboutir à un affrontement. Bien que voisines, les deux femmes se rendent compte de leur différence sociale. CARMEN – Qui nous a obligé à vivre si près de la côte ? Vous, quelqu'un vous a obligé ? OLGA – Non, mais j'aime cet endroit. CARMEN – Si près, j'ai dit ? Mais non,

Andrés L. Caro

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Andrés L. Caro est né en 1898 à Buenos Aires, il a participé avec Borges à la revue PROA en 1924, d'où est extrait ce poème. NUIT Squelettes verdâtres de l'insomnie l'inertie s'étend sur les trottoirs et dans la brume les lanternes captent le silence de leurs axes lumineux. Les coins de rue se lézardent de fatigue la douleur en allant obscurcit son front. Quand tu marches une pauvre chanson joue sur la musique des bouches d'égout. Passera ainsi le vieux chariot de la nuit au parcours rouge et incompréhensible. Là-bas sur les ponts se suicide le monde et une étoile nous tend sa main nue.

Señor Flavio

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Injectés de sang (extrait de "Musique sinistre pour la Noël" de Sr Flavio) Flavio Oscar Cianciarulo a créé divers groupes de musique, il est aussi écrivain et animateur de radio. L'obscurité était telle que je ne pouvais distinguer ni le plancher, le plafond ou les murs. J'avais l'impression de flotter dans une nuit abyssale et terrifiante et cette panique n'avait rien d'agréable, mais au contraire était épouvantable. Je voulus retourner à la porte d'entrée, mais impossible de la retrouver à cause de l'obscurité. Dans cet état d'hésitation qui me torturait, je sentis qu'une fièvre s'emparait de mon corps, et que mes yeux aux paupières lourdes se couvraient de sang. En pleine confusion et effroi, une faible lumière se découvrit sur mon passage et je pus enfin deviner la géographie renversante de l'endroit. Ce n'était pas un appartement ! J'étais au milieu d'une immensité effrayante ! Une falaise abominab

Juan Antonio Ballester Peña

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JUAN ANTONIO BALLESTER PEÑA (1895-1978), peintre, illustrateur, graveur et scénographe fit partie du premier groupe des peintres modernes et s'engagea politiquement dans des publications comme La Protesta , Campana de Palo , Nuestro Tiempo et ensuite dans les livres de Álvaro Yunque , Ulises Petit de Murat y Leopoldo Marechal . Il reçut de nombreuses distinctions et fut nommé à la tête de l'Ecole Nationale de Céramique en 1962. Après sa mort, il fut oublié et son œuvre énorme très rarement exposée. La Pampa Le fils du peintre

Leopoldo Marechal

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Toutefois, je savais que tout bon dragon est destiné à la garde d'une porte interdite ; et je n'ignorais pas davantage que ce dragon était l'animal totémique de Schultze. Indécis, je m'adressai à l'astrologue : Que doit-on faire de cette bestiole ? Si vous n'aviez pas négligé vos lectures classiques, me répondit-il, vous sauriez que, en pareil cas, il faut assoupir profondément le dragon. Inquiet soudain, il chercha autour de lui : Putain ! Jura-t-il. Où ai-je fichu mon arsenal d'hypnotiques ? Vite, il se dirigea vers un angle du vestibule pour en revenir avec une brassée de gros bouquins, prospectus et journaux qu'il posa sur le sol. Là, il choisit les documents qui lui parurent les plus adéquats ; et, se plantant face au dragon, il lui lut quelques fragments tirés, je m'en rendis compte aussitôt, de la littérature nationale. Mais l'animal (reconnaissons-le) sembla supporter très bien ce châtiment et ne ferma qui l&

Eduardo Berti

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Eduardo Berti est né à Buenos Aires en 1964 et vit à Madrid. Traducteur, critique littéraire et éditeur, il est l’auteur, chez Actes Sud, de Madame Wakefield (Babel n° 789), La Vie impossible (2003), Tous les Funes (2005), Rétrospective de Bernabé Lofeudo (2007), L’Ombre du boxeur (2009), L’Inoubliable (2011) et Le Pays imaginé (2013).  " Tous les Funes est, au meilleur des sens, un roman littéraire, et il s'alimente de ses propres sources. Dans la tentative du professeur octogénaire de cataloguer tous les Funes de la fiction en langue espagnole, il y a une reconnaissance de ce qui est commun, d'une vision du monde partagée grâce aux mots, mais aussi de la banalité de tels travaux par ceux qui croient qu'ajouter une histoire de plus aux bibliothèques du monde pourrait nous aider à le comprendre clans toute son immense absurdité. Je parie que vous êtes toujours là, en dépit de votre silence, dit l'aveugle, vous n'êtes pas intéressé par une v

Alfonsina Storni

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Alfonsina Storni est née en 1892 à Sala Capriasca en Suisse et est décédée en 1938 à Mar del Plata en Argentine. Elle vit depuis l’âge de quatre ans en Argentine. Comédienne et auteur, elle publie un premier recueil Écrits pour ne pas mourir... Poétesse du postmodernisme argentin, elle est à la fois institutrice pour enfants attardés, égérie des bibliothèques populaires du Partido Socialista de Buenos Aires, et journaliste sous le pseudonyme de Tao Lao. Dès 1920, elle côtoie Borges, Pirandello, Marinetti et rencontre Federico García Lorca. Parmi ses œuvres, il y a Frente al mar (1919), Un cementerio que mira al mar (1920) et Alta mar (1934). Atteinte d’un cancer en 1938, elle se suicide comme dans ses poèmes. Ce tragique suicide inspira la chanson Alfonsina y el mar, de Ariel Ramírez et Félix Luna, qui est interprétée par de nombreux musiciens et chanteurs de langue espagnole dont notamment Mercedes Sosa, Nana Mouskouri et Miguel Bosé. Les éditions Losada ont réédité à Buenos Aires en

Griselda Gambaro

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Decir Sí , de son titre original, est une pièce courte écrite par Griselda Gambaro en 1978. Elle a été mise en scène au théâtre Tabaris à Buenos Aires lors de la première édition du Teatro Abierto en 1981. La pièce met en scène deux personnages masculins dans un salon de coiffure : Coiffeur et Homme. Le thème principal de la pièce est la relation dominant/dominé et amène à une réflexion sur le statut de victime. Le Coiffeur feuillette une revue en attendant son dernier client de la journée. L’Homme, qui est venu pour se faire couper les cheveux, attend que le Coiffeur s’occupe de lui. Toute l’intrigue de la pièce part de ce paradoxe d’un coiffeur qui se comporte de manière contraire à celle que suppose sa profession. La quasi totalité du volume verbal repose sur le personnage de l’Homme. Sa parole : incontrôlée et souvent absurde, apparaît comme le signe de sa soumission face au silence et à l’indifférence du Coiffeur. Ce dernier réussit à faire ce qu’il veut de l’Homme, un si

Brandán Caraffa

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Alfredo Brandán Caraffa (Córdoba 1898- Buenos Aires 1978)​ fut un romancier et poète argentin, participant au mouvement de l'Ultraïsme. Il fut un fervent défenseur de l'avant-garde dans son pays. Le texte qui suit est un article de la revue PROA (1924). On pourra le rapprocher des textes futuristes italiens et de leur volonté d'exalter l'industrie.  Esthétique vive Les artistes d'aujourd'hui, lorsqu'ils observent les grandes réalisations de l'industrie moderne, ressentent la nostalgie poignante de la vie active. Ces formidables squelettes de fer qui semblent contempler dans la nuit l'ombre des antiques tours de Babel, réalisent pour le créateur tout ce qu'il a pu rêver. L'esthétique court le long de ses nerfs rigides avec l'agilité tranquille de la mesure et du calcul. Dans la fuite des lignes et des angles, la sensation de la chair face au gigantesque coïncide exactement avec l'émotion ressentie devant une œuvre d

Contes - Métamorphoses

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Conte ancien : La légende de l'Hogaraiteg (folklore guarani) La fille de Tubicha se dirigea vers le jeune homme ; en lui tendant le manteau et les colliers, elle souriait innocemment. Jaebé se couvrit du manteau de jaguar et il murmura : Me voici. Et brusquement, il ouvrit les bras et dit à haute voix : Je suis ton époux ! Mais, ô frayeur, ce que vit la malheureuse fille la fit trembler de la tête aux pieds. Au contact de l'air et de la lumière, Jaebé s'était transformé en oiseau. Un bel hornero (passereau) déploya ses ailes. Tous les membres de la tribu étaient muets de terreur. Le cacique n'en croyait pas ses yeux et ils songeait avec tristesse au grand malheur qui le frappait : sa fille allait épouser un oiseau. Le père de Jaebé se lamentait et appelait son fils. Hélas, le jeune garçon avait perdu son apparence d'homme. L'hornero prit son vol et vint se poser sur la tête d'Ipona. La jeune fille tendit les bras, sa tunique tomba

Pelota de Trapo

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Sur son blog, Pelota de Trapo , Alfredo Grande propose une analyse de la situation économique et politique de l'Argentine, qui pourrait être aussi un exemple pour d'autres nations. Paiement facile, croissance difficile Il faut toujours différencier la crise et la catastrophe. Par exemple, en ce moment je suis sans internet et je dois trouver d'autres moyens pour suppléer la wifi défaillante. Quand j'aurais retrouvé du réseau, les choses reviendront à la normale, comme avant. Si, en revanche, c'est l'ordinateur qui est mort, le disque dur se détruit, et c'est une catastrophe. Il faudra reformater un autre disque, mais jamais je ne retrouverai tout ce que j'ai perdu. De la crise, on peut sortir plus fort, car elle est génératrice de dangers et d'opportunités. Même si on n'oubliera pas qu'il y a toujours plus de dangers que d'opportunités. De la catastrophe, on peut revenir, mais seulement si nous pouvons accepter q

José Luis Borges

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Jardin Fossés, âpres chaînes de montagnes, dunes, assiégés par de haletants départs et par des lieues d'intempérie et de sable qui au fond du désert se ressemblent. Sur une pente ce jardin. Chaque arbuste est une forêt de feuilles. C'est en vain que le harcèlent les stériles coteaux silencieux dont la pénombre avance l'heure de la nuit et là-bas la mer triste aux verdeurs inutiles. Tout le jardin est une lumière paisible qui illumine le soir. Le jardinet est comme un jour de fête dans la pauvreté de la terre. Gisements du Chubut – 1922 traduction de Jean-Pierre Bernès

C.A. Campos

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Depuis le temps qu'on me réclame un poème scatologique, en voici un bien curieux de C.A. Campos, écrivain dominicain né en 1973. Il réside à New York depuis 1984. Il écrit aussi bien en anglais qu'en espagnol. Du verbe et de son importance que tu chies aujourd'hui, ou demain, si tu ne l'as pas encore fait tu te nettoies, ou tu te laves ou tu fais semblant et tu es prêt, colorín colorado, fin de l'histoire et tu retournes alors avec plus ou moins d'envie conjuguer à l'indicatif ou au subjonctif (c'est au choix) le susdit verbe et tu continues ou tu croises les bras : tu pries pour chier plus la prochaine fois (si tu es un enfoiré) ou pour chier moins en ce qui te concerne (si tu penses à l'environnement : ne pas user trop d'eau, de papier-toilette, etc) et tu es prêt, encore une fois : c'est le fameux éternel retour cher à Nietzsche expliqué dans un luxe de

Juan Gelman

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Quand on s'y attend le moins Le jour où le cœur apprendra à lire et à écrire on verra de grandes choses : Dieu balayant le trottoir, des larmes lancées dans l'espace et qui ne reviendront plus, ceux qui souffrent passeront en souriant et les intentions de l'attention feront que fleurissent jasmins et autres illusions de la nature. Ce sera un grand jour, on retrouvera la parole qui s'était perdue provoquant des douleurs par milliers. Voyez ce qu'il se passe : le jour qui est venu et qui est parti sera un grand jour. El menos pensado El día en que el corazón aprenda a leer y a escribir se verán cosas grandes: a Dios barriendo la vereda, lágrimas arrojadas al espacio que nunca volverán, los que sufren pasarán sonriendo y las intenciones de la atención harán que florezcan jazmines y otras ilusiones de la naturaleza. Será un gran día, encontrarán la palabra que se perdió hace millones de dolores. Véase lo que pasa: el día que

Un camp des sens

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Un camp des sens Les rapports, les rats et les ports tout était gris – manque d'envie alors dans la foulée on s'inscrivit l'année était terne – face de mort on voulait retrouver des couleurs éveiller des sens endormis par le train-train et l'auto-autocar enfin ressentir de vraies douleurs  ragaillardis par un bel accueil les caresses du soleil caramel et l'émouvant contact charnel de la fleur de peau qu'on cueille mardi des transports de sens firent une entrée désinhibitrice sous le regard des monitrices pas délit, juste déliquescence mercredi fut consacré au toucher un pour touche, touche pour un on a joué au docteur, au carabin paillard en tablier de boucher puis chacun s'est concentré sur son sexe pour le remettre en état marche en avant grâce aux ébats marche arrière faute à la censure fallait ensuite s'occuper du voisin dont le sexe est une fleur de lotus et non comme