Articles

Affichage des articles du mai, 2021

Miguel Dávila

Image
  Miguel Dávila est né le 28 octobre 1926 à La Rioja. Il a participé au mouvement Nueva Figuración dans les années 60, aux côtés de Rómulo Macció, Ernesto Deira, Luis Felipe Noé et Jorge de la Vega. Il a obtenu de nombreux prix lors de salons d'art contemporain. Nous sommes en présence d'un artiste qui a su assumer le risque de changer radicalement, sans faire de concessions, en étant convaincu que le « phénomène occulte de la création reste intact dans la mesure où le créateur sait quoi faire et quoi dire ». Il est mort en 2009.

Sergio Francisci

Image
  Sergio Francisci a impulsé diverses activités culturelles à Buenos Aires et à Rosario, où il est né en 1959. Notamment la Biblioteca Fabularia, el Teatro de Cuentos, Almacén de Ficciones et Compañía de Ánimas (FM AZ). Il dirige aussi un programme hebdomadaire de radio“Casa de Ánimas”, où il présente ses créations. L'ombre du soleil Sa plus grande ambition était de creuser un puits. Le puits le plus profond qu'un homme n'ait jamais réussi à creuser. Il aimait les profondeurs. Il détestait les hauteurs et tout ce qui en découle. Un beau jour il se décide et achète une pelle d'excellente qualité. Il l'enfonce dans le sol. La remplit de terre et la vide à côté de lui. Une, deux, mille, des millions de pelletées vont s'entasser à côté d'un puits qui se perd dans un profond abîme. Alors il découvre l'insupportable vérité : faire un puits implique, irrémédiablement, de faire un monticule. Son plus grand désir engendre l'aberrant paradigme de

Séance de signatures à la Maison de la Presse

Image
  Séance de signatures à la Maison de la Presse de Beauvais J'étais assis avec mes livres sur la petite table en bois et j'attendais. A la Maison de la Presse on ne se pressait pas. Comme je n'avais pas trop de clients, la direction m'apporta gentiment un café. Devant moi s'étalait en grosses lettres la une du journal local : « Il porte plainte contre Léon le paon ». Et en page 3 : « Un habitant veut faire taire Léon ; les propriétaires du paon contre-attaquent. » Certes on comprend l'émotion que peut susciter un tel événement, mais j'étais quand même surpris de constater que le journal se vendait vite, au point qu'il a fallu rapidement réapprovisionner le casier. Un monsieur, me voyant si seul, face à tous ces titres de la presse, vient me voir. C'est vous que vous l'avez écrit ? Oui, enfin celui-là, oui. L'autre, je l'ai traduit. Moi, des livres, j'en ai sur ma table de nuit que je sais plus où mettre ma lampe. Alor

Eduardo Muslip

Image
  Eduardo Muslip  est né en 1965 à Buenos Aires. Il a étudié les lettres à l’Universidad de Buenos Aires (UBA) et à l’Arizona State University. Il est professeur à l’Universidad Nacional de General Sarmiento, province de Buenos Aires. Il a publié les recueils de nouvelles  Phoenix   (Malón, 2009),  Plaza Irlanda   (El Cuenco de plata, 2005 – réédition Club5 éditerons, 2016),   Examen de residencia   (Simurg, 2000) et les romans  Florentina   (Blatt & Ríos, 2017),  Avión   (Blatt & Ríos, 2015),  Fondo negro: los Lugones   (Solaris, 1997) et  Horas de la noche   (Colihue, 1996). Voici un fragment de EXAMEN DE RESIDENCE De même que, comme on dit maintenant, les distances sont réduites, les distanciations ne sont plus aussi radicales. Désormais tout est à portée de main, on peut communiquer par courrier électronique en permanence... Ce qui me répugne un peu, j'ai toujours pensé que si quelqu'un s'en va, il devrait avoir la possibilité de s'abandonner libreme

Laura Forchetti

Image
  Laura Forchetti  est née le 18 septembre 1964 à Coronel Dorrego, dans la province de Buenos Aires. Elle est professeure à l'Institut Supérieur de La Plata. Elle est souvent invitée aux différents festivals consacrés à la poésie, notamment à Rosario. Elle a publié plusieurs recueils de poèmes et le dernier en date, « Libro de horas » en 2017. Adoration la pluie était une tasse blanche un peu transparente nous la portions à la bouche douce et froide y était peint un petit héron bleu perché en haut d'un jonc il surveillait l'ordre des nuages qui défilaient devant nos yeux les remous dans l'obscur méandre nous ne parlions pas de choses humaines nous commencions à nous mouvoir derrière un cheval étoile il cherchait le refuge fragile d'un saule   qui ferait descendre l'eau en pétales mais tout était inatteignable il marchait à notre rythme alors tu m'as montré entre les herbes les yeux d'un renard nous avons pu

L'orage revient de loin

Image
  L'orage revient de loin on ne l'attendait plus mais ouf ! la colère me tient encore vivant ne pas s'habituer à tuer le temps maussade en bougon qui renâcle toujours commencer par dire et redire NON oublier les compromis avec les dieux du moment les petits marquis du coin fermer la bouche en cœur de tous ces gouverneurs de la pensée frigorifiée de tous ces gouvernants qui croient que Dieu exige qu'on privatise la Terre refuser le verre de l'amitié au banquet des faux amis et pas même un sourire aux faux jetons en cravate cracher loin et bien fort ne pas ruminer non plus ne pas conserver pour soi cette hargne fulminante car elle se change en bile ne jamais fermer les yeux ni détourner une flèche qui connaît bien sa cible et mourir en invectivant ce qui empêche de vivre.

Maria Rosa Pfeiffer

Image
  Plutôt morts que vivants de Maria Rosa Pfeiffer Une pièce divertissante et profonde en même temps. Dans un village de province, il y a de moins en moins d'habitants. Les jeunes partent et ne restent que les vieux. Il se crée une commission de retraités pour s'occuper du cimetière et des veillées funèbres. A la fin, tout de même, surgit un espoir et un acte de rébellion. JUSTINO: - Et Jeta? EMERENCIO: - Les mercredis il joue aux boules. JUSTINO: - Changeons de jour. EMERENCIO: - Les lundis et les vendredis il joue aussi. JUSTINO: - Mardi. EMERENCIO: - Il est entré comme membre à la commission de la Bibliothèque. JUSTINO: - Jeudi ? EMERENCIO. - Tu es fou ? Les jeudis, c'est nous qui jouons aux dominos. JUSTINO: - Nous pouvons changer. EMERENCIO: - Tu parles sérieusement ? Nous avons toujours joué les jeudis. Depuis que nous sommes gamins. JUSTINO: - Bon, mais les choses ne sont pas faites pour être éternelles. EMERENCIO: - Tu te rends compte de ce que

La revue Tio Landru

Image
  Dans ce numéro 2 de la revue Tio Landru, du 19 juin 1968, on évoque avec humour la première transplantation cardiaque qui vient d'avoir lieu. Bonjour docteur. Bonjour Monsieur. Vous désirez ? Je viens pour une transplantation. Bien. Dans cette armoire vous avez différents articles. Choisissez, s'il vous plaît. Ils sont ravissants. Notez que j'en ai vu des cœurs dans ma vie, mais comme ceux-là jamais. Que pensez-vous de ce modèle évasé ? Une merveille. Mais je crois que m'irait mieux ce style Courréges. Je ne crois pas. Cela se faisait beaucoup l'an dernier, mais maintenant c'est démodé. Je vous recommande ce cœur de style Palazzo. C'est que je ne sors pas beaucoup le soir. Vous n'auriez pas un modèle un peu plus sport ? Bien sûr, mais c'est dans une autre armoire. Vous voyez, nous avons des cœurs raglan, des cœurs échancrés, de type « turtle neck », « military line » avec martingale. J'aime bien

Quand j'y repense...

Image
  Quand j'y repense... Quand j'y repense... à tous ces pays, paysages à tous ces coins perdus à tous ces livres trouvés Quand je replonge dans les souvenirs sépias où les langues se délient et se relient à l'aube Quand je retrouve le goût du borsch rouge et du jus de bouleau dans un verre en bois Quand m'apparaissent les draps jetés au sol les lits déshabillés et les jambes infinies Quand je me souviens des blagues sur le Conducator des poèmes sur les murs et des fanfares tziganes Quand je me revois dans ces confins changeant devant les postes de douane des monnaies improbables Quand je ferme les yeux et que monte la fièvre des chercheurs d'orient des dénicheurs d'oiseaux Alors je sais que j'ai vécu dans un temps suspendu les yeux suivant au loin une étoile sous la terre.

Conte des Indiens Jivaros

Image
  Au début, il y avait deux parents qui avaient un fils, Etsa, le soleil. Un jour, tandis qu'Etsa dormait, Kumpara, son père, prit une poignée de boue, la plaça sur sa bouche et souffla sur Etsa et de là provint une fille, Nantu, la lune. Nantu fut créée ainsi, pour qu'Etsa pût en faire sa femme ce qui n'aurait pas été possible si elle avait été sa sœur par le sang. Etsa s'éprit de Nantu, mais même quand il lui faisait une cour pressante, Nantu se montrait réservée et s'éloignait de lui. Un jour qu'Etsa se peignait le visage pour se rendre plus attrayant, Nantu disparut en montant au ciel. Au début, Etsa ne trouva pas le moyen de l'atteindre mais il finit par prendre deux perroquets et deux perruches. Il prit un perroquet dans chaque main et se fixa une perruche à chaque genou en disant : « Allons chercher Nantu ! » Les oiseaux volèrent avec lui au plus haut et le conduisirent au ciel où enfin il put rencontrer Nantu avec qui il eut une violente querelle.

Ramiro Dávalos

Image
  Ramiro Dávalos est né à Salta en 1924. Il est décédé en 2000. Ce fut un artiste remarquable, considéré comme le « dernier bohème ». Il ne vivait que pour la peinture, offrant à Salta son amour pour les vallées Calchaquies à travers toute son œuvre. « Dans ce métier, il n'y a ni dogmes ni écoles qui résistent au temps qui passe, lequel, inexorable, se moque par la mort de nos intérêts et de nos vanités » « L'homme, écrivit-il dans quelques uns de ces centaines de brouillons qu'il a remplis au long des années - a dû être heureux, il peut avoir été heureux il y a longtemps... Il n'est pas possible que l'homme soit heureux dans l'esclavage. Si la première condition est d'être libre, alors il ne l'a jamais été. » "Toujours on peint avec un objectif déterminé, la toile n'est pas une improvisation. Mais je ne suis pas non plus partisan des choses planifiées avec une excessive minutie. » "J'ajouterai, pour dire la vérité, que je ne me tue p

Luis Foti

Image
  La machine Je n'arrive pas à comprendre les mécanismes de cette machine. J'ai lu avec attention toutes les instructions. Des ingénieurs m'ont largement conseillé pendant un bon moment. Je ne comprends toujours pas comme elle fonctionne. Ce qui me décourage c'est que ce mécanisme provoque toujours les mêmes effets. Les ingénieurs me l'ont dit – et redit – qu'on ne peut rien demander de plus à une machine. En définitive, une machine efficace est celle qui accomplit correctement les instructions pour lesquelles elle a été programmée. Peut-être que j'exige d'elle quelque chose d'impossible à obtenir ? Et pourtant, en dépit des instructions, des manuels d'utilisation, des conseils des ingénieurs, j'observe seulement que la machine pourrait fort bien réaliser d'autres taches qui - d'une certaine façon – sont implicitement à la portée de son mécanisme. D'ailleurs, quand je la mets en route, la machine réalise maladroitement à peine un

"El vuelo chanfleado"

Image
  En 2001, Eduardo Paganini fit paraître à Mendoza un fanzine qui dénonçait le néolibéralisme : « A vuelo chanfleado » (intéressant ce mot chanfleado, qui fait référence notamment à un tir brossé au football) Il le présentait ainsi : Le siècle s'est terminé, et avec lui l'usante -et usée- décade qui aura porté le néolibéralisme à son outrance. Dans ce contexte, apparaît ce fanzine, évidemment fabriqué sur la base des énergies juvéniles, par conséquent rebelle, ingénieux et créatif. Tout cela comme un cocktail de forces pour dynamiser la résistance contre la globalisation et le néolibéralisme. On y trouve aussi cet article : L'intelligence ne vient pas seulement de l'école Et Lénine, l'homme de science jamais stupide consultant les livres de physique affirma : l'air se raréfie à fur et à mesure que l'on monte il faut couper les ambitions. Luis Luchi Y a-t-il des enfants aussi ou même plus grands que des adultes ? Que la c

José Antonio Cedrón

Image
    José Antonio Cedrón est né à Buenos Aires en 1945. Il a commencé à publier des poèmes dans les années 70. Fuyant la dictature, il a vécu exilé dans différents pays, notamment au Mexique ( à Puebla) et au Venezuela. Dans ses textes, il bouleverse le temps pour faire place à une « nostalgie du présent ». Parfois il donne l'impression d'être exilé de lui-même. C'est en tout cas une des grandes voix de la poésie argentine. MCMLXXXIII/5 Dans cette maison quelqu'un vivait avant, et encore avant. Il a laissé des pointes de clou dans les murs la forme de sa main sur un vieux savon des odeurs de tabac, dans une buanderie sale. Des traces infimes. Vivait-il en attendant qu'un bruit l'appelle dès l'aube ? L'a-t-il simplement imaginé ? A-t-il pleuré ici le front contre la porte ? Qu'a-t-il fait quand le soleil à l'horizon a séché ses larmes ? A-t-il senti la pluie sur la papier peint ? Le ciel de ce toit a-t-il humidifié ses peurs ? A

Adriana Tursi

Image
  L'Etrange fugue de la vieille et de sa servante . Deux femmes, la vieille et sa servante, vivent ensemble depuis leur jeunesse. Elles espèrent, enfermées dans la maison, que la peste ne les emportera pas. Partageant le même espace, les amours, les enfants, le bonheur, la tristesse, les heures qui ont marqué l'histoire du pays, elles ont la peste à leur porte, comme une immense menace. Elles décident de préparer la fuite de la ville, et c'est alors que surviennent les souvenirs qui jusqu'à ce jour les ont maintenues en vie. VIEILLE – Je veux voir mon enfant ! SERVANTE – Non, si Dieu a voulu que ces hommes m'offrent leur charrette pour la matinée. Combien vous nous offrez ? Ils m'ont demandé. Quinze réaux, ai-je dit. Quinze réaux ?! Mais pour cet argent nous passerons le pont et nous irons où vous voudrez... Grâce à Dieu ! C'est juste ce que j'avais dans ma bourse. Quinze réaux, ni plus, ni moins. Je tombai à genoux sur le sol et j'ai béni le n