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Affichage des articles du octobre, 2019
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Griselda Gambaro Née à Buenos Aires en 1928. Est auteure d’une dizaine de romans – dont 3 publiés en France – et d’une vingtaine de pièces de théâtre, toutes créées, et bon nombre dans leur traduction aux USA, au Danemark, en Angleterre, Italie, Allemagne, Pologne, Suisse, France… Des ouvrages sont consacrés à son théâtre, elle est invitée à des symposiums sur l’ensemble de son œuvre au Darmount College, New Hampshire, des Universités… En Argentine, durant les années de répression, d’abord avec la dictature de Juan Carlos Onganía (1966) puis avec celle de Rafael Videla (1976), le théâtre est un espace qui sert d’exutoire. Il est aussi un moyen d’expression qui met en scène les mœurs et les comportements humains. Ce travail propose de montrer que le théâtre de Griselda Gambaro met à la fois l’accent sur les dangers de l’arbitraire exercé par un pouvoir tyrannique et sur le rôle de l’art théâtral comme représentation esthétique de la mémoire. Dans la pièce Atando cabos (19
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Borges avait une soeur De trois ans plus jeune que son frère Jorge Luis Borges, son vrai nom est Leonor Fanny Borges Acevedo (1901-1998) et c'est ce même frère qui la surnomma Norah. Afin de comprendre son œuvre, son art, il faut savoir qu'elle a été élevée dans la bonne société Argentine où, comme le disait son frère, “dans ma famille la religion est l'affaire des femmes” et où les codes d'éducation sont fort strictes. Elle va naviguer entre cette obligation d'être une femme rangée, douce, pieuse...et des moments de liberté si créatifs. L'autre point important, c'est qu'elle a eu, jeune, la chance de beaucoup voyager et de pouvoir profiter des rencontres et relations de Jorge Luis. La littérature et l'art vont exister de pair. Son premier voyage fut pour la Suisse où sa famille se rendit pour soigner les yeux de son père. Elle était adolescente. Une aubaine pour elle car elle y suivit des cours artistiques et y rencontra des graveur
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W. I. EISEN W. I. EISEN est le pseudonyme d'un prolifique auteur de romans policiers, à qui l'on doit de nombreuses nouvelles et plusieurs romans. Il fit aussi des incursions à la télévision et au cinéma avec l'adaptation de son livre « Trois négatifs pour un portrait ». Echec et mat Je l'avais empoisonné. En deux heures j'étais libéré. Je laissais mon oncle Nestor à vingt-deux heures. Je le fis avec joie. Les joues me brûlaient. Les lèvres étaient en feu. Ensuite je me calmai et je fis tranquillement une promenade sur l'avenue en allant vers le port. Je me sentais content. Libéré. Et Guillermo aussi allait en profiter. Pauvre Guillermo ! Si timide, si hypocrite ! Il était évident que je devais penser et agir pour deux. Cela se passait toujours comme ça. Depuis que notre oncle nous avait pris chez lui. Nous étions perdus dans cette grande maison. C'était un endroit sec, sans amour. On n'entendait que le son métallique des pièces de mo
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Alfonsina Storni Née le 22 mai 1892, en Suisse italienne, Alfonsina Storni vint rapidement en Argentine avec ses parents propriétaires d'une brasserie à San Juan. Son père étant mort dépressif et alcoolique, elle s'engagea comme apprentie dans une fabrique de bérets, où elle commença à s'intéresser à l'anarchisme et à la lecture des poèmes de Ruben Dario. Elle trouva même le moyen d'écrire et de faire jouer quelques pièces de théâtre. Sa mère refit sa vie et déménagea à Coronda, où Alfonsina trouva un poste de surveillante au lycée. Il fit aussi la connaissance d'un homme marié dont elle aura un enfant. Délaissée par son amant, critiquée par sa famille, elle résolut d'aller vivre à Buenos Aires pour élever son fils sans avoir à subir toutes les vexations. Cette femme indépendante multiplia les travaux modestes et mena en même temps une carrière d'écrivain et un militantisme féministe.  Atteinte d'un cancer et souffrant énormément
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Leopoldo Marechal Le style de Leopoldo Marechal est unique. Il combine humour, philosophie, poésie et même théâtre, comme en témoigne ce passage du dernier paragraphe de son roman « Adan Buenosayres » : Plus affreux que la peur à minuit. Sérieux comme braguette d'un moine. Plus avenant que chien de riche. Pointu comme couteau de vieux. Plus plissé que tabatière d'immigrant. Merdeux comme espadrille de Basque laitier. Plus rude que bousculade de cochon. Capricieux comme un poney de lavandière. Et surtout solennel comme un pet d'Anglais. … le vieux et illustre Glyptodonte de nos pampas. La vétusté de l'animal était paléontologique : sa carapace, couverte de craquelures et du sel de mille siècles, s'était cristallisée sur lui, formant un deuxième croûte aussi résistante ; de la carapace sortaient quatre pattes gigantesques, achevées en des ongles rongés et sales, et une tête ridicule à force d'insignifiance, que le Glyptodonte dressait avec bea
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Plan Condor Pinochet et Kissinger Dans le dernier numéro de la revue L'Histoire, on peut lire un excellent dossier sur les dictatures en Amérique Latine.  La vérité sur le plan Condor Longtemps le « plan Condor » fut une rumeur, jusqu'à ce qu'en 1992 ne soient découverts, à Asuncion, les documents de la police politique du dictateur paraguayen Alfredo Stroessner. Ces archives de la terreur montrent bien comment les dictatures latino-américaines se sont entendues pour éliminer leurs opposants avec la complicité de la C.I.A. En 1974, une première opération est réalisée : l'assassinat à Buenos Aires du général chilien légaliste Carlos Prats, ancien ministre de l'Intérieur et de la Défense d'Allende, et de son épouse, par des membres de la police politique chilienne, la Dina. Le « plan Condor » avait surtout pour objectif de traquer les militants qui réussissaient à s'exiler de façon à ce qu'ils n'aient jamais aucun endroit où se réfugier e
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Germán Gallo Germán Gallo est né à Parque Patricios, Buenos Aires, Argentina en 1990. Il a terminé ses études de Théorie Littéraire à l'Université. Spécialiste de Borges et de Woody Allen, c'est un poète qui n'est jamais sûr de lui et qui avance masqué...  9 octobre Il y a un carrelage avec sept taches noires disposées en forme de cercle sur Corrientes y Callao , il y a une librairie juste en face avec dis-sept livres d'auteurs qui commencent par la lettre C, précisément en ce moment, il y a un type qui s'est fait tatouer la tête du Che sur l'épaule et le mot révolution écrit en attaché, il y a un couple de fiancés en crise de jalousie qui discutent -lui dit : écoute, je m'en vais maintenant, je te laisse seule et tu vas mourir d'angoisse ; elle se tait et regarde le verre de limonade sur la table (ils sont assis dans un bar à côté de la librairie)-, il y a une voiture verte avec la vitre baissée où s'appuie le bras
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Cristina Escofet Avec plus de vingt pièces jouées, est aujourd'hui une des dramaturges les plus reconnues en Argentine. Elle a commencé néanmoins par des études de philosophie et à 23 ans elle était même professeur de philo. Auteur qualifié de féministe, mais qui a surtout étudié dans son œuvre les rapports entre les hommes et les femmes dans ce début de siècle. "SEÑORITAS EN CONCIERTO" (1993) Las Señoritas en Concierto sont des comédiennes ambulantes. Elles viennent en marchant depuis l'Histoire. Elles sont une et mille. Peu importe d'où elles viennent. Peu importe leur nombre. Elles se rassemblent et se dispersent pour commenter, chanter ou danser les images les plus anciennes d'un genre vieux comme l'humanité. Scène 11 – Les vrais demoiselles Toutes les comédiennes ont revêtu des vêtements des années 20. SEÑORITA - «  Les filles de Flores ont les yeux doux comme des amandes au sucre de la confiserie de Molino et elles portent des r
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Miguel Angel Asturias Claireveillée de printemps est une nouvelle chaude, magique, ajoutées par Miguel Angel Asturias à cette saga du Guatemala qu'il a chanté pendant plus de trente ans, chant auquel l'exil a donné une voix plus forte et plus déchirante. Cette nouvelle fait place, par instant, à la poésie : Je chatouillerai la pierre couleuvrine Je ferai rire la pierre de l'éclipse et de la foudre Et les colibris de safran blessé, le canard lutin tacheté de gris aux plumes bleu ciel ou dorées... Veux-tu couleurs plus variées, ô Chasseur de l'Air ?... ...Copier une image c'est la saisir et il est si aisé de se comprendre avec des images, sans mots, avec la pensée transformée en souffle de couleurs... pour que les arts, nourriture des dieux, demeurent parmi les hommes et que s'emplissent les places de musiciens, de peintres, de sculpteurs, de poètes, de ciseleurs, de plumassiers, de
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Manuel Peyrou Manuel Peyrou (1902-1974) est un écrivain argentin. Grand ami de Borges, comparé à Bioy Casares et à Sabato, il a laissé une œuvre qui transgresse les frontières (par exemple ici celles du policier) et flirte avec le fantastique tout faisant la part belle au burlesque et à l’ironie. Le général Brunelli et sa suite occupaient tout le deuxième étage de l'Hôtel Casinl ; au troisième, dans deux chambres, habitaient Jorge Vane et son secrétaire. Comme à cette époque le pays était neutre, les relations entre le général et Vane se maintenaient dans une atmosphère que l'on qualifierait de paix armé. « Ce n'est pas aussi confortable naturellement qu'une guerre désarmée, mais c'est au moins supportable ». Vane, de temps en temps, lançait avec humour quelques offensives cordiales et le général restait imperturbable. Vane parlait, par exemple, d'un bureau dans le pays d'où venait Brunelli, qui faisait des recherches sur les faits héroïques o
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Carlos Alonso Carlos Alonso, né en 1929 à Tunuyán, province de Mendoza en Argentine, est un peintre et illustrateur argentin. Sa peinture se veut engagée et sociale Carlos Alonso quitte l'école à l'âge de 14 ans pour s'inscrire à l' Académie nationale des beaux-arts de Cuyo . Puis il déménage à Tucumán ayant pour professeur à Lino Enea Spilimbergo . Grâce à Domingo Viau, il obtient les fonds pour pouvoir voyager en France et en Espagne. À son retour, il travaille avec Antonio Berni, Juan Carlos Castagnino et Spilimbergo. El gran tango En 1951, il remporte le premier prix à l'Exposition de peinture de San Rafael (Mendoza) et en 1957 le concours organisé par la rédaction Emecé pour illustrer le Don Quichotte et le Martin Fierro. À partir de 1961, il intègre à son œuvre l'acrylique qu'il découvre lors d'un voyage à Londres. En 1971, il expose régulièrement dans les galeries Giulia de Rome, Eidos de Milan et Bedford de Londres et parta
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La guerre des dinosaures Miguel Prenz appartient à une nouvelle génération de journalistes-écrivains qui incarne la tradition de la Cronica en Amérique latine. Il écrit dans les plus grandes revues du continent. La Guerre des dinosaures est son premier livre traduit en France. Quand, à partir 1990, le président libéral, Carlos Menem, décide de privatiser à tout-va, il commence par l'entreprise pétrolière (qui assurait pourtant un rente importante à l'Etat) et en particulier par Hidronor à El Chocon en Patagonie. « Camarades, la nuit approche », avaient dit les délégués syndicaux, mais les employés d'Hidronor ne les prirent pas au sérieux, «  parce que ce sont tous des fouteurs de merde comme tous les trotskyste s ». Et la nuit leur tomba dessus. Entre 1990 et 1992, près de 30 000 travailleurs se sont retrouvés sans boulot. Le chômage touchait presque tout le monde, on parlait de 80%, voir 90%, en fait tout le monde travaillait avec ou pour Hidronor. Ils fur
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Jorge Luis Borges Voici comment Borges présente en 1923 son recueil intitulé « Ferveur de Buenos Aires » : Si, dans les pages qui suivent, il y a quelque vers réussi, que le lecteur me pardonne l'audace de l'avoir composé avant lui. Nous ne sommes qu'un. De peu diffèrent nos néants, et les circonstances ont tant d'influences sur nos âmes que c'est presque un hasard que tu sois le lecteur de mes vers, et moi, leur rédacteur soupçonneux et fervent. Les rues Les rues de Buenos Aires sont déjà passées dans ma chair. Non les avides rues qu'empêchent la cohue et l'agitation mais les rues de quartier avec leur ennui paresseux, presque invisibles à force d'être habituelles, attendries de pénombre et de couchant et celles-là plus loin privées d'arbres pieux où d'austères maisonnettes à peine se hasardent, écrasées par d'immortelle distances, à se perdre dans cette profonde vision de cie
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Cadavre exquis d'Agustina Bazterrica Voici un roman bien curieux de la lecture duquel on ne sort pas indemne : Cadavre exquis d'Agustina Bazterrica. L'auteur imagine une terre surpeuplée et polluée et dont les animaux sont tous contaminés, ce qui oblige les hommes à créer des élevages d'humains. On les élève comme du bétail, on coupe juste les cordes vocales et on les abat quand ils sont bons à manger. L'eau froide coule dans son dos. Il s'assied par terre dans la douche. Doucement, il fait non de la tête, mais il ne peut s'empêcher de se souvenir. A l'époque, certains avaient déjà commencé à tuer des gens pour les manger clandestinement. La presse avait mentionné le cas de deux Boliviens sans emploi, attaqués, démembrés puis rôtis par leurs voisins. La nouvelle lui avait donné des frissons. Ce fut là le premier scandale public, celui qui introduisit dans la société l'idée que, après tout, la viande reste de la viande, qu'import