Mouvement littéraire Nass


Le mouvement Nass réunit un groupe de poètes qui ont en partage une formation universitaire similaire, une fréquentation passionnée de la poésie et des visions intellectuelles et esthétiques très proches. Ils éditerond d'ailleurs un manifeste. En voici le premier temps, extrait du recueil de la poétesse Oumama Ezzaïer intitulé Le monde est une gerbe d'imaginaires (2013), qui résonne comme une déclaration d'insoumission à l'ordre établi :



Nous n'entrerons pas dans le moule...

Nous n'obéirons pas à la voix du réalisateur

au critique qui nous commande et dicte nos pas...

Nous ne nous bousculerons pas ici sur la voie étroite...

où s'amassent les vautours dans l'attente du prochain cadavre...

Nous ne sommes pas des ballons que les vents se renvoient au rythme d'une musique foraine...

Nous jouissons en toute légèreté du plaisir le plus simple, licite ou illicite...

Des jarres d'huile et de miel de la pièce sud sur laquelle veille notre grand-mère...

Nous lui apprendrons la magie des rythmes avec les ampoules lumineuses...

Et voilà que les psalmodies deviennent hurlement obscènes...

Il ne nous suffira pas de regarder furtivement par une lucarne dans le mur...


Le texte est un champ de mines...


Nous nous frayons un chemin dans les métaphores du texte et ses labyrinthes...

Le bruit des pas sur les ombres ne nous effrayera pas...

Nous portons la caméra, nous nous promenons dans galeries du sens...

Nous sommes en quête de ces petits détails négligés...

Car les détails sont hantés par l'oubli... Hantés par le poison de l'usure...

Nous leur offrons une couronne... Les accessoires de beauté et d'apprêt...


Le texte est le démon des détails...

Le texte est une soirée orgiaque...


Nous n'essayerons pas de faire disparaître les traces du crime sur le lit rompu près du bois de l'imaginaire...

Nous les « fous d'écriture » nous mettons le feu au champ de blé pour que le lit soit chaud...


Le texte est la fuite de la forme hors de la forme...

Le texte est un immense tumulte marin...


Nous sommes ceux à qui on a promis l'errance...

Nous recueillons dans nos paniers par brassées les voix des marchands de gros, les bavardages de minuit et les doigts de l'aïeule sur le métier à tisser...

Nous fleurissons des tiges de la nuit...


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