Ecrire l'Histoire


Tout ce qu'on sait aujourd'hui c'est que ce sont les vainqueurs qui écrivent l'histoire. Bien sûr, il y aura toujours des chercheurs de civilisations disparues qui feront un excellent travail d'archéologue, mais aujourd'hui le néo-libéralisme a gagné sur l'ensemble de la planète. C'est d'ailleurs ce qu'affirmait le milliardaire Warren Buffet dans le New-York Times en 2006 : There’s class warfare, all right, but it’s my class, the rich class, that’s making war, and we’re winning.
On peut se demander toutefois si la situation est irréversible. Non, semblent dire tous les leaders de la gauche européenne de Tony Blair à François Hollande qui ont pratiqué la même politique que leurs prédécesseurs de droite et qui ont même souvent aggravé la situation des travailleurs. Et si l'on pense que si, il y a une autre politique possible, alors on est tout de suite classé parmi les extrêmes. Dans le monde d'aujourd'hui, ils écrivent même l'histoire avant qu'elle ne soit vraiment terminée dans la mesure où ils possèdent 98% des médias. Certains y ont même mis un point final en 1989, en expliquant qu'on arrivait à la fin de l'Histoire.
Si on s'y intéresse un peu, on remarque tout de même que les « vainqueurs » en Amérique Latine ont tout gagné et qu'il n'est jamais question de redonner ne serait-ce qu'un bout de territoire aux Indiens et aux peuples indigènes dépossédés brutalement et illégalement. C'est fini, on ne reviendra pas là-dessus quelque soit le bon droit des requérants (qui d'ailleurs ne requièrent plus grand chose). On les a aussi dépossédés de leurs langues, de leurs cultures et de leurs arts de vivre. Comme on l'a fait en Afrique et dans une grande partie de l'Asie. On ne rendra pas la Californie et le Texas qu'on a honteusement volés au Mexique et Panama dont on a dépouillé la Colombie. Le droit du plus fort est toujours le meilleur, voilà la morale de la fable.
Dans les siècles précédents, beaucoup de civilisations sont tombés sous les coups d'envahisseurs sanguinaires et barbares. Il est bien tard pour le regretter, et qui aurait pu l'empêcher ? Le problème, de nos jours, c'est que les Etats-Unis n'ont plus besoin de bombarder comme par le passé. Ils le font encore de temps en temps pour entretenir le matériel et le moral des troupes. Il ne faut jamais laisser trop longtemps les militaires sans un os à ronger. Mais aujourd'hui, dans le cadre de la mondialisation, Uncle Sam peut mettre à mal l'économie de n'importe quel pays et il ne s'en prive pas. Alors allons-nous accepter que Trump mette le monde en coupe réglée ? Comment l'écrit Maurice Lemoine : « Les USA refusent qu'un pays s'éloigne de la voie néo-libérale » et ce qu'il se passe actuellement au Venezuela peut être considéré comme un tournant :



Pour comprendre ce qui se passe, il faut en revenir à l’histoire entre les États-Unis et l’Amérique latine. En 1960, quand Fidel Castro arrive au pouvoir, le département d’État sort un mémorandum pour dire qu’il faut affaiblir le soutien du peuple cubain à Castro, il faut affaiblir l’économie, il faut que les gens se révoltent à cause de la faim et du désespoir. Ça nous ramène à 1970 au Chili, où le président Nixon donne l’ordre à son ministre Henri Kissinger de faire crier l’économie chilienne (« make the economy scream »). Ce qui va déboucher sur le coup d’État de Pinochet qui a été rendu possible via une crise économique provoquée de l’extérieur et de l’intérieur, par les classes dominantes. Au Venezuela, on est dans le même processus. Les sanctions actuelles des États-Unis sont de véritables crimes : on est en train de faire mourir de faim les Vénézuéliens pour faire tomber Maduro. L’objectif est que la population se détourne de Maduro. On est en train de couler le navire pour tuer le capitaine.

Le président français, Emmanuel Macron, et le Premier ministre espagnol, Sanchez, ont envoyé un ultimatum à Maduro pour qu’il organise des élections. On en revient au temps des colonies. Malheureusement pour eux, ils tombent sur des Vénézuéliens qui ont de la dignité, le sens de la souveraineté et qui les ont envoyé péter. Ça radicalise les positions.

Ce qui est souvent sous-estimé, c’est la résistance des défenseurs de Maduro. Non qu’ils soient « amoureux » de la politique de Maduro ou qu’ils soient exempts de critiques par rapport au gouvernement. Sous l’impulsion de Chavez, et c’est une politique poursuivie par Maduro, il y a 47 000 conseils communaux qui ont été créés sur le territoire. Il y a donc une base sociale très organisée. Le chavisme est le courant politique qui a le plus de présence, de cohésion. Ce qui n’empêche pas la critique et l’autocritique, par ailleurs.

Maurice Lemoine



Si on veut avoir un jour le choix d'une autre politique, c'est maintenant qu'il faut se mobiliser. Aprés il sera trop tard. Les barbares sont déjà en train d'écrire leur histoire et il faut tout faire pour que ce ne soit pas la nôtre.

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