Roberto Juarroz



Le poème respire avec ses mains
qui ne prennent pas les choses : qui les respirent
comme des poumons de paroles,
comme une rauque chair verbale en proie au monde.
 
Sous ces mains
tout acquiert la forme
d’un noueux dieu vivant,
d’une rencontre de dieux déjà mûrs.
 
Les mains du poème
reconquièrent l’antique pouvoir
de toucher les choses avec les choses.
 
Roberto Juarroz, Poésie verticale, traduit de l’espagnol par Roger Munier

El poema respira por sus manos
El poema respira por sus manos,
que no toman las cosas: las respiran
como pulmones de palabras,
como carne verbal ronca de mundo.
Debajo de esas manos
todo adquiere la forma
de un nudoso Dios vivo,
de un encuentro de Dioses ya maduros.
Las manos del poema
reconquistan la antigua reciedumbre
de tocar a las cosas con las cosas.

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