Alejandra Pizarnik


PRESENCIA DE SOMBRA


Alguien habla. Alguien me dice.
Extraordinario silencio el de esta noche.
Alguien proyecta su sombra en la pared de mi cuarto. Alguien me mira con mis ojos que no son los míos.
Ella escribe como una lámpara que se apaga, ella escribe como una lámpara que se enciende. Camina silenciosa. La noche es una mujer vieja con la cabeza llena de flores. La noche no es la hija preferida de la reina loca.
Camina silenciosa hacia la profundidad la hija de los reyes.
De demencia la noche, de no tiempo. De memoria la noche, de siempre sombras.





PRÉSENCE D’OMBRE



 
Quelqu’un parle. Quelqu’un me dit.
Extraordinaire le silence de cette nuit.
Quelqu’un projette son ombre sur le mur de ma chambre.
Quelqu’un me regarde avec mes yeux qui ne sont pas les miens.
Elle écrit comme une lampe qui s’éteint, elle écrit comme une lampe qui s’allume. Elle marche en silence. La nuit est une vieille femme la tête pleine de fleurs. La nuit n’est pas la fille préférée de la reine folle.
Elle marche en silence vers la profondeur la fille des rois.
De démence la nuit, de temps nul. De mémoire la nuit, d’ombres toujours.


Alejandra Pizarnik, L’Autre Rive, III (poèmes écrits entre 1971 et 1972), Éditions Unes, 12 décembre 1983, s.f. (édition originale tirée à 299 exemplaires). Traduit de l’espagnol et préfacé par Jacques Ancet.


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