Alfonsina Storni

Alfonsina Storni est née en 1892 à Sala Capriasca en Suisse et est décédée en 1938 à Mar del Plata en Argentine. Elle vit depuis l’âge de quatre ans en Argentine. Comédienne et auteur, elle publie un premier recueil Écrits pour ne pas mourir... Poétesse du postmodernisme argentin, elle est à la fois institutrice pour enfants attardés, égérie des bibliothèques populaires du Partido Socialista de Buenos Aires, et journaliste sous le pseudonyme de Tao Lao. Dès 1920, elle côtoie Borges, Pirandello, Marinetti et rencontre Federico García Lorca. Parmi ses œuvres, il y a Frente al mar (1919), Un cementerio que mira al mar (1920) et Alta mar (1934). Atteinte d’un cancer en 1938, elle se suicide comme dans ses poèmes. Ce tragique suicide inspira la chanson Alfonsina y el mar, de Ariel Ramírez et Félix Luna, qui est interprétée par de nombreux musiciens et chanteurs de langue espagnole dont notamment Mercedes Sosa, Nana Mouskouri et Miguel Bosé. Les éditions Losada ont réédité à Buenos Aires en 1997, une anthologie poétique qui lui est consacrée.

Alfonsina Storni à Mar del Plata, 22 mars 1924


Soy un alma desnuda / je suis une âme nue

 
Je suis une âme nue dans ces vers
une âme dénudée, qui pleine de peur et seule
laisse tomber ses pétales dispersées
une âme qui ressemble à un coquelicot
ou peut être à un lys, une violette,
un roc, une forêt ou à une vague

Une âme qui comme le vent erre inquiète
crie quand elle se trouve sur la mer
et dort paisiblement dans la fente d'un roc

Une âme qui sur les autels
adore les Dieux, qui ne descendront pas pour l' éblouir
une âme qui ne connaît aucun obstacle

Une âme qu'un seul cœur pourrait dominer
s' il était seulement disposé à se fendre
pour lui offrir son sang chaud

Une âme qui au printemps
demande à l' hiver de rester : reviens,
que ta neige tombe sur les prés

Une âme qui se dissout s'il neige
qui pleine de deuil crie pour les roses
dont le printemps nous entoure

Une âme de laquelle de temps en temps
sautent des papillons aux champs libres,
sans faire attention aux distances
et à qui elle demande de goûter les choses
Une âme qui ne sait rien et qui nie tout
mais en niant le bien elle le fait avancer

puisque c'est en niant qu'elle se dévoue le plus

Une âme qui aime caresser les âmes
dédaigner les vestiges
et sentir dans la main une caresse tendre
Une âme qui, en désaccord avec elle même
erre comme les vents, court et circule
une âme qui saigne et délire sans arrêt
puisqu'elle est un bateau en marche vers les étoiles.




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