Le livre en Argentine


Comment se vendent les livres en Argentine ? Dans un premier temps, à part l'immense succès de Martin Fierro, ce ne sont que quelques centaines exemplaires pour les écrivains les plus connus. Sarmiento, à qui l'on demandait combien il gagnait avec la vente de ses livres, répondit : « NADA MÁS NADA, IGUAL A NADA... ME LLEVO NADA... »
« Publier un livre à Buenos Aires — écrivait Miguel Gané en 1877 — c'est comme réciter un sonnet de Pétrarque dans la salle de la Bourse du Commerce...»
Enrique García Velloso : « José Hernández, l'auteur de Martín Fierro, en vers et les œuvres de Eduardo Gutiérrez, en prose, sont les uniques écrivains argentins réellement lus ; aucun autre n'arrive à une telle diffusion...
« Les Contes de l'amour, de la folie et de la mort » d'Horacio Quiroga furent édités en 1917 à 500 exemplaires, et Quiroga était loin à l'époque d'être un inconnu.
Manuel Galvez (en 1935) : « Dans ce pays, vendre mille exemplaires d'un livre est un exploit, et les auteurs plus connus ne réussissent même pas à en vendre la moitié. Les éditions ne dépassent pas en général 500 ou 700 exemplaires, et ils sont rarement épuisés. »
Il ya une sorte de consensus général pour dire que la naissance, non seulement d'une nouvelle étape, mais d'une étape décisive du livre argentin se produit sur trois ans en 1936-1939. Ces dates correspondent à celles de la Guerre d'Espagne et ce n'est pas un hasard. Cet événement, de par ses multiples répercussions, provoqua un boom dans l'industrie du livre. L'Argentine et le Mexique, surtout, devinrent des centres importants, et, dans une bonne mesure, se substituèrent rapidement aux éditions espagnoles mises en faillite par la guerre.
Dans les catalogues, on vit apparaître pour la première fois la rubrique « littérature ».
Il y eut profusion de livres venus d'Espagne et de toute l'Europe, mais cela servit de locomotive aux auteurs argentins. Progressivement l'Espagne allait reprendre en main son industrie du livre, mais il restait une nouvelle habitude.
Bien sûr, il y a toujours des éditions à petits tirages, mais aujourd'hui on tire plus régulièrement entre 5 000 et 10 000 exemplaires ; et Ernesto Sábato est arrivé, pour certains de ses ouvrages, à un tirage de 120 000. En 2014, l'Argentine a été l'invitée du Salon du Livre à Paris.
Néanmoins, comparé à des pays comme les Etats-Unis, la France ou l'Allemagne, le nombre de lecteurs est faible.
Il y a quelques années, trois des écrivains argentins qui vendaient le mieux se plaignaient amèrement :
« L'incapacité et la mauvaise volonté des derniers gouvernements, disait Ernesto Sábato, ont mis le livre dans une situation insoutenable en Argentine. »
« Le livre, expliquait David Viñas, reflète une réalité où tout va mal... »
« Il est question, disait Leopoldo Marechal, d'une crise des valeurs éthiques. Le facteur commercial qui entre en jeu dans la réalisation physique du livre finit par dévorer son origine naturelle qui est l’œuvre d'art et lui enlève sa finalité de véhicule de la culture. "

Pourtant Buenos Aires est la capitale qui compte le plus de librairies par habitant.



Librairie El Ateneo à Buenos Aires

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