Aphorismes aux confins du confinement

 


Une fois que nous pourrons ôter nos masques, tout le monde aura peur d'un sourire.

Rassemblement : pas plus de six personnes. Les trois personnes divines et les trois mousquetaires ensemble, ce n'est pas possible, car les trois mousquetaires étaient quatre. Pour les sept mercenaires, c'est 135 euros.

  • Je voudrais un masque.

  • Mais vous n'avez pas de masque.

  • Justement, j'en voudrais un.

  • Mais vous ne pouvez pas acheter un masque sans masque enfin !

Le vocabulaire évolue tout le temps. Hippodrome, vélodrome, vaccinodrome, vaccino-drive. Les pilotes de formule 1 se font vacciner dans le temps où on leur change les pneus.

Vaccinodrôme : le vaccin donne droit à un nougat.

Vaccinodrone : les vaccinés sont surveillés par drone.

Vaccinodrôle : par les deux clowns Astra et Zénéca.

Le Johnson et Johnson n'est pas au point ; on attend le Johnson, Johnson et Johnson.

Pour le Spoutnik, il faut la carte du Parti.

Les fleuristes restent ouverts, mais on choisit les fleurs au hasard. Avec le masque on ne sent rien.

Prémices d'une reprise au théâtre : on a désinfecté le trou du souffleur.

Avec le masque, on s'aperçoit que la bouche ne sert qu'à manger, embrasser, et parler. Or une seule de ces trois fonctions est vitale.

Les auto-tests sont comme les autos-tamponneuses, c'est plutôt une distraction.

On espère que lors de la prochaine pandémie, la contamination ne se fera pas par les yeux, ou au moins que le gouvernement mettra moins de temps pour commander bandeaux et cannes blanches.

Distanciation sociale : les joueurs de rugby de l'équipe de France ont dû s'espacer d'un mètre cinquante pour chanter la Marseillaise, puis l'arbitre a ordonné une mêlée.

Le ministre de la Santé aurait bien voulu fêter le cent millième mort, mais à six personnes, cela fait mesquin. Il aurait mieux fallu fêter le sixième mort ; à l'époque on pouvait encore rassembler cent mille personnes.

Une fois vacciné, vous devez garder le masque et vos distances, vous dire que vous êtes tout autant contagieux qu'avant, savoir que le variant brésilien est « plus fort que toi ». C'est à se demander comment les gens vont se souvenir qu'ils ont été vaccinés.

Beaucoup d'écrivains ont écrit « Le journal de mon confinement ». Mais rien ne ressemble plus à un confinement qu'un confinement, alors on ne sait pas quel est le meilleur.

Comme il y a de plus en plus de masques sur les trottoirs, les magasins de chaussures ne sont pas autorisés à ouvrir.

Les infirmiers et infirmières voudraient bien changer de métier, mais à l'heure où ils rentrent chez eux, pôle-emploi est fermé.

Damien Mascret, le médecin de la télé, est épuisé par la pandémie. Pour être sur le plateau de France 3 à 19h30, il doit passer au maquillage à 19h, et ensuite il doit être sur le plateau de France 2 à 20h10, ce qui fait qu'il n'est jamais démaquillé avant 21h. Et en plus il doit réfléchir aux questions qu'on lui pose : je vous remets un peu de fond de teint sur les pommettes ?

L'opposition est formelle : « C'est pas comme ça qu'on gère une crise sanitaire. » Le gouvernement répond : « Je sais bien, mais vous n'auriez pas fait mieux. »

D'après la presse, le Premier Ministre mouille sa chemise, et le Ministre de la Santé mouille, tout simplement, et le Président reste sec.

Tout le personnel politique se demande qu'aurait fait le Général de Gaulle. Et Vercingétorix ?

Les livreurs de pizzas n'en peuvent plus du télétravail : « Avant on apportait tout à la maison mère, maintenant il faut livrer dans cinquante endroits différents et en plus ils veulent que la pizza reste chaude ».

Madame Germaine Noblecourt, 53, rue Gaston Fournival, à Mouy n'avait pas mis son masque sur son nez ce matin à la boulangerie du centre.


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