Deux histoires du Nil

 


Si, en suivant le Nil, on dépasse Méroé, on arrive au pays des « Déserteurs ». En fait, il s'agit des Asmach, mot égyptien qui signifie « Ceux qui sont à main gauche du roi ». Ce sont donc deux cent quarante mille soldats égyptiens qui désertèrent et partirent chez les Ethiopiens pour la raison suivante : le roi Psammétique avait installé des garnisons à Eléphatine, face aux Ethiopiens ; à Daphni, près de Péluse, face aux Arabes et aux Assyriens, et à Maréa, face à la Libye. Les soldats étaient en garnison depuis trois ans, et personne ne venait les relever. Ils se concertèrent et, à l'unanimité, décidèrent d'abandonner Psammétique et de passer en Ethiopie. Psammétique l'apprit et se mit à leur poursuite. Il les rattrapa, les harangua, leur demanda de ne pas abandonner les dieux, et leur patrie, leurs femmes et leurs enfants. Alors, un des soldats, exhibant ses attributs virils, lui répondit que, tant qu'ils seraient munis de la sorte, ils ne manqueraient ni de femmes ni d'enfants ! Ils arrivèrent donc en Ethiopie et se remirent entre les mains du roi. Ce dernier les récompensa en les invitant à occuper et habiter les terres de quelques tribus rebelles. Les « Déserteurs » s'établirent ainsi dans le pays et y répandirent les coutumes égyptienne, ce qui civilisa quelque peu les Ethiopiens.

Hérodote


Les crues du Nil provenaient bien de la fonte des neiges dans les montagnes de l'Ouganda où le Nil blanc prend naissance, et des pluies torrentielles grossissant le Nil Bleu qui vient d'Abyssinie... Si j'emploie l'imparfait, c'est que, comme chacun sait, les crues ont cessé depuis la mise en service du barrage d'Assouan. Le débit du fleuve est désormais entièrement contrôlé par le barrage. Mais comme ce dernier retient au font du lac Nasser les limons fertilisateurs, il a fallu apprendre aux fellahs l'usage des engrais...

Jacques Lacarrière



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